Acte 1, chapitre 2 - Sally's Store

11 minutes de lecture

Alison se réveille dans un endroit mystérieux. Encore groggy, elle regarde les alentours et se rend compte qu’elle est entourée de végétation et d’arbres plus haut que des gratte-ciels, laissant à peine entrevoir le ciel. Il y fait un froid polaire et elle n’y voit presque rien.

Elle se met à bouger, mais ses mouvements sont restreints par quelque chose de solide. La jeune femme remarque alors qu’elle est enchainée aux poignets et aux chevilles par des lianes, dont elle tente aussitôt de se libérer Mais plus elle se débat, plus les lianes l'enserrent, la faisant hurler de douleur la jeune femme. Alison crie en implorant une quelconque aide, mais personne ne peut l’entendre dans ces bois glacial.

Dans ce cauchemar intimiste, elle ne peut compter que sur elle-même. Alors elle continue de se débattre, tant bien que mal, mais les lianes réagissent au fait qu’elle résiste à tout prix et les plantes se resserrent plus violemment, infligeant à la pauvre jeune femme une douleur brutale et inhumaine. Gravement bléssée, Alison perd beaucoup trop de sang.

Fatiguée de résister, elle se laisse faire, consciente qu’elle est dans un cauchemar et qu’elle finirait par se réveiller. Alison décide alors de fermer les yeux, et prie Dieu de toutes ses forces pour revenir dans le monde normal. Mais soudain, une douleur dans l’abdomen, encore plus vive que tout à l’heure, lui fait rouvrir ses yeux de façon brusque. En face d’elle se tient un monstre difforme, le bras enfoncé à l’intérieur de ses entrailles. Ses traits déformés et déchirés défient toute notion de symétrie et de beauté.

Chaque partie de son corps semble être une composition de diverses abominations. Sa peau est tordue et ridée, semblable à du cuir putride, marquée de cicatrices grotesques. Des plaies béantes et suintantes zèbrent son corps difforme, dévoilant sa chair déchirée et décolorée. Des membres supplémentaires, disproportionnés et contorsionnés, s'étendent de façon anarchique, donnant une apparence déséquilibrée à son corps. Son visage, si on peut l'appeler ainsi, est une fusion de traits monstrueux.

Des yeux exorbités et sans pupilles scrutent l'environnement avec une lueur malveillante. Sa bouche déformée s'ouvre sur une multitude de dents pointues et acérées, prêtes à déchiqueter tout ce qui se trouve sur son chemin. Des tentacules grimaçantes s'étirent depuis ses joues, ajoutant une dimension tentaculaire à son apparence cauchemardesque. Ses grognements aberrants témoignent d’une souffrance à peine cachée. La vue de ce monstre difforme éveille un sentiment primal de répulsion et de peur chez la jeune femme, pétrifiée par son allure.

Son aspect cauchemardesque est un rappel brutal de l'horreur qui réside dans les recoins les plus obscurs de cette forêt. Alison ne peut s’arrêter de hurler à l’agonie, tant la douleur lui monte à la tête. Soudain, l'horreur atteint des proportions inimaginables lorsque le premier monstre difforme est rejoint par une multitude de ses semblables. Ces créatures abominables émergent des ténèbres, semblant surgir d'un cauchemar collectif.

Chacun de ces êtres déformés est unique dans sa laideur. Leurs peaux déchirées et déformées pendent en lambeaux, révélant des muscles noueux et des os saillants. Leurs membres supplémentaires s'entremêlent, créant un enchevêtrement grotesque de bras, de jambes et de tentacules, donnant une impression de mouvement désordonné et chaotique. Leurs yeux noirs injectés de sang, brillent d'une lueur maléfique. Face à ce chaos ambiant, Alison ne peut rien faire, obligé d'en subir les conséquences qui ne vont pas tarder à s'abattre sur elle, comme la foudre atteignant sa cible.

Au milieu de cette horde impressionnante, un jeune homme émerge des ténèbres, arborant une figure singulière. Revêtu d'une robe noire ornée d'une croix blanche brodée, qui ondule autour de lui, il se distingue légèrement des autres abominations qui l'entourent.

Alison, dont la vision est troublée par l'énorme trou béant dans son abdomen, peine à discerner clairement les détails de son visage et de ses traits distinctifs. Son allure énigmatique semble se fondre dans l'obscurité environnante, créant une aura de mystère qui éclipse son identité réelle.

Le jeune homme se tient droit et immobile, comme s'il possédait une certaine maîtrise ou influence sur les infâmies qui l'entourent. Son regard, bien que difficile à discerner, semble briller d'une lueur déterminée.

Malgré la terreur qui règne dans cet environnement cauchemardesque, il émane de lui une présence étrange et presque rassurante.

Alison ressent une étrange ambivalence envers ce jeune homme. Elle ne sait pas si sa présence représente un espoir face à aux horreurs qui l'entoure, ce qui ferait de lui une figure de salut dans sa situation désespérée. Ou que son rôle ou ses intentions doivent susciter une certaine méfiance et une appréhension supplémentaires. Soudain, il s'avance en sa direction en s’adressant à la jeune femme en lui disant :

— Pourquoi es-tu ici ? Non... dans cette forêt je veux dire, pourquoi es-tu là ? Es-tu ici pour chercher quelqu'un qui est cher à tes yeux ? Non... je pense que tu as atterri à Death Pines pour être puni.

— Quoi ? Qui est-ce qui parle ?! Il y a quelqu’un ? Venez m’aider, s’il vous plaît ! Aidez-moi ! Hurle Alison à l'agonie.

— C'est bien, j'aime ça. Tu sais quoi, je pense qu'elle a eu raison. Je veux dire, tu as fait des choses si horribles dans ta vie qu'elle a fini par t'attirer dans ses filets. Oui car, une fois que tu pénètres dans cette maudite forêt, tu n'en sors plus. Tu t'es empressé de venir à Death Pines, pensant pouvoir te faire pardonner et passer enfin à autre chose, dit-il en se faufilant à travers la horde de monstre.

— Mais putain, qui est-ce qui parle ?! Venez m'aider ! Ils sont en train de me dévorer !

— Tu cherches juste la reconnaissance, tu veux juste t'acquitter de ta dette envers ceux à qui tu as faits du mal et reprendre un semblant de vie normale. Mais tu resteras coincé ici, dans ces bois, à être jugés par ces... choses. Mais pour toi, je pense que c'est bien plus que ça. Je pense que tu es ici pour une raison bien plus sombre encore. Et je ne veux pas être près de toi quand tu le découvriras, Alison Baker, dit-il en arrivant face à Alison.

Alors qu'elle est sur le point d'avoir une vision claire du jeune homme qui se tient face à elle, Alison se réveille brusquement de son cauchemar, ses yeux s'ouvrant avec hâte.

— Seigneur ! C'était quoi ça ?!

Elle prend quelques instants pour reprendre son souffle, se rendant compte peu à peu que tout cela n'était qu'un rêve terrifiant qui avait pris possession de son esprit. En voyant que les rayons du soleil n'éclairait plus la totalité de son appart, elle se demande alors combien de temps elle a dormi.

— Oh putain, quelle heure il est ?

Lorsqu'elle tourne son regard vers l'horloge de sa table basse boisé, la réalité de son retard pour son travail la frappe de plein fouet : il est dix-huit heures quarante-cinq.

La jeune femme devait y être depuis dix minutes maintenant. Elle se redresse précipitamment, réalisant l'urgence de ne pas arriver davantage en retard.

Son travail en tant qu'employée en rayon parfumerie au Sally's Store, le supermarché de Southfall, est tout ce qui lui reste pour vivre et payer son appartement. Elle ne peut pas se permettre de se faire virer.

Elle se précipite pour se préparer, enfile rapidement ses vêtements de travail, se passe un peu d'eau sur le visage pour se rafraîchir, ses pensées encore embrumées par le cauchemar qui l'a tourmentée pendant des heures.

Elle se dépêche de récupérer son sac, attrapant ses clés et son téléphone avant de quitter son appartement en hâte.

***

La pluie persistante de la journée a laissé des flaques d'eau sur les trottoirs, ajoutant une ambiance sombre en cette soirée d'automne. Alison se hâte dans les rues de Southfall, essayant de rattraper le temps perdu.

L'angoisse résiduelle du cauchemar persiste, mais Alison se concentre sur son objectif.

La jeune femme traverse les rues de la ville en courant, les feuilles mortes crissant sous ses pas. Les réverbères diffusent une lueur douce et tamisée, créant une atmosphère oppressante.

Elle resserre son manteau autour d'elle pour se protéger du froid qui s'infiltre peu à peu.

La ville de Southfall est calme à cette heure tardive, avec seulement quelques âmes errantes qui se déplacent dans les rues.

Les devantures des magasins sont illuminées laisse entrevoir des éclats de couleurs et d'activité à l'intérieur. Alison avance d'un pas déterminé, pressée d'arriver à son travail à temps.

Au fur et à mesure qu'elle se rapproche de Sally's Store, le bruit de la circulation et les murmures des passants se font plus présents.

L'enseigne lumineuse du supermarché brille de mille feux, attirant son regard.

Elle peut voir à travers les vitres les rayons bien agencés, les étalages de produits et les employés s'affairant.

Alison franchit les portes automatiques et est immédiatement enveloppée par l'atmosphère familière du supermarché.

Les senteurs des produits parfumés flottent dans l'air, mêlées à l'odeur caractéristique des produits d'entretien. Les allées sont éclairées de manière vive, créant une atmosphère énergique et accueillante.

Mais à peine arrivée, elle est confrontée à son boss, M. Johnson, qui l'observe d'un regard sévère. Son visage affiche de l'irritation et de la frustration, traduisant son mécontentement face aux retards répété de son employée.

— Et merde, se dit-elle pour elle-même, priant intérieurement pour ne pas se faire licencier.

M. Johnson s'approche d'elle d'un pas décidé, croisant les bras sur sa poitrine. Il entame la conversation :

— Madame Baker, j'en ai plus qu'assez de vos retards à répétitions ! Vous n'avez commencé que depuis deux semaines, et vous en êtes déjà à neuf retards ! Hurle-t-il d'un ton cinglant devant les clients et les autres employés

— Je suis vraiment désolé, M. Johnson ! S'il vous plaît, ne faites pas ça ! Je vais m'améliorer, promis ! J'ai besoin de ce job pour payer mon loyer, s'il vous plaît !

— C'est bien parce que le Dr Daniels vous a recommandée ! Je vous laisse une dernière chance, Madame Baker ! Ne perdez pas de temps, allez vous mettre en tenue pour commencer à travailler !

— Oui, M. Johnson, répond Alison, tête baissée.

Alison se sent submergée par un mélange d'émotions. Elle ressent de la honte et de la culpabilité face aux remontrances de son boss devant tout le monde.

La jeune femme évite les regards indiscrets et se dirige rapidement vers le vestiaire du personnel pour y déposer ses affaires. Elle enlève son manteau pour enfiler son uniforme de vendeuse.

— Salut les filles, dit Alison timidement.

— Encore en retard, Alison ? Tu joues avec le feu ma grande, dit l'une d'entre elles en elevant son uniforme rouge du Sally's Store.

— Je sais, mais je ne dors pas bien en ce moment.

— C'est encore cette maudite forêt de Death Pines, c'est ça ? L'endroit où tu as abandonnée ton frère, Joshua ?

Alison est prise au dépourvu lorsque l'une de ses collègues évoque soudainement la forêt Death Pines et son frère Joshua, des sujets auxquels elle n'a jamais partagé d'informations avec elle. Un frisson d'appréhension parcourt son échine, et une hystérie inattendue s'empare d'Alison.

— Quoi ? Répète un peu ce que tu as dit ?! demande Alison, en attrapant sa collègue par le col. Comment est-ce que... je ne t'ai jamais parlé de mon frère ou de cette forêt ! D'où tu sors ça ?!

— DEATH PINES T'APPELLE. TU DOIS Y RETOURNER, ALISON, dit sa collègue, les yeux subitement injectés de sang.

La respiration d'Alison s'accélère, et ses mains tremblent de manière incontrôlable. Elle sent une boule d'angoisse se former dans sa gorge, l'empêchant de prononcer un mot.

Les souvenirs douloureux et les émotions refoulées liés à Joshua et à la forêt Death Pines se bousculent dans son esprit tourmenté.

Lorsque soudain, Alison observe avec horreur la transformation de sa collègue en un monstre difforme.

Ses yeux s'écarquillent d'effroi alors qu'elle réalise que le cauchemar qui l'a tourmentée précédemment se matérialise devant ses yeux, dans la réalité du Sally's Store.

La végétation s'infiltre dans les coins du vestiaire des filles la transporte de nouveau dans la sinistre forêt de Death Pines.

Des branches tordues et des feuilles mortes se déploient autour d'elle, comme si elles prenaient vie et s'entrelaçaient dans une danse macabre.

Les autres employées du magasin, prises de court par cette scène surréaliste, reculent instinctivement, témoins de la détresse d'Alison. Elles ne comprennent pas ce qui se passe et cherchent à s'assurer mutuellement qu'elles voient bien la même chose.

— Tu vois ce que je vois, Diana ?

— Oui ! C'est cette tarée qui fait ça ? demande-t-elle en parlant d'Alison. Vite, appelle la police !

Alison lutte pour démêler la réalité de son esprit troublé. Elle se pince le bras, espérant se réveiller de ce cauchemar éveillé, mais la douleur lui confirme que ce qu'elle vit est bien réel.

Les battements de son cœur résonnent violemment dans ses oreilles, amplifiant son sentiment d'horreur et d'oppression.

Elle est envahie de pensées confuses et terrifiantes. Les voix monstrueuses résonnent à nouveau dans sa tête, comme une symphonie lugubre.

Alison est submergée par la peur, laissant son imagination sombrer dans les profondeurs les plus sombres de son esprit.

La situation devient intenable pour Alison. Prise de panique, elle se met à courir à travers le magasin, cherchant désespérément une issue pour échapper à cette vision cauchemardesque.

Les allées se transforment devant ses yeux, les produits se distordent et les rayonnages se brisent, ajoutant une atmosphère de chaos à sa détresse.

Les autres employées, dépassées par la situation, tentent de la rattraper, appelant à l'aide et cherchant à la rassurer.

Mais pour Alison, leur voix se mêle au brouhaha des murmures monstrueux, et elle ne parvient plus à distinguer la réalité de l'illusion.

Finalement, épuisée et déboussolée, Alison s'effondre au sol, s'accrochant à la réalité fragile qui lui reste.

Les larmes coulent sur son visage alors qu'elle supplie que tout cela prenne fin, que la normalité reprenne le dessus.

"Il n'y a qu'un seul moyen pour toi de trouver la paix : revenir là où tout à commencé. DEATH PINES."

Tout à coup, le Sally's Store retrouve peu à peu son apparence habituelle, les monstres difformes et la végétation se dissipant comme une illusion.

Les collègues d'Alison l'entourent, essayant de la réconforter et de la ramener à la réalité.

— Tout va bien, Alison ? Tu es toute pâle ! Tu veux que j'appelle...

— Non !!! Ne me touchez pas ! Laissez-moi tranquille !

Ce moment cauchemardesque a profondément marqué la jeune femme, réalisant que ses démons intérieurs ne sont pas aussi facilement écartés.

Mais en y réfléchissant bien, et après avoir vécu l'horreur dans la réalité, Alison pense qu'elle n'a désormais plus le choix : elle doit affronter ses peurs si elle veut retrouver une vie normale, même si cela signifie...

— J'ai compris maintenant. Finir de fuir, je dois y retourner.

Alison, bien décidée à affronter son passé et à mettre un terme à ses tourments, quitte le Sally's Store avec une nouvelle détermination.

Elle se dirige rapidement vers son appartement, où elle sait qu'elle doit faire ses valises avant de partir pour Alderton, sa ville natale... et berceau de Death Pines.


Annotations

Versions

Ce chapitre compte 7 versions.

Vous aimez lire Alph Tsonga ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0