A prueba de juegos

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Je me réveille encore fatiguée, la lumière du matin perçant à travers les volets mal fermés de ma chambre. Marta et Lucía dorment toujours profondément, et je prends soin de ne pas faire de bruit en sortant du lit. Aujourd’hui, c’est notre premier vrai jour de préparation pour le film. J’ai le ventre noué d’excitation et d’appréhension. Manuel, notre coach, a prévu une séance d’exercices de théâtre. C’est censé nous aider à briser la glace et à renforcer la cohésion entre nous, les acteurs.

Je descends dans la cuisine pour me préparer un café. Le calme de l’appartement est presque apaisant. Alors que j’attends que le café coule, je repense à la soirée d’hier. Alejandro… Il a quelque chose d’insaisissable. Un mélange de charme et de mystère qui me désarme complètement. Mais je ne peux pas me laisser distraire. Pas maintenant.

Une fois prête, je rejoins le lieu de rendez-vous. L’équipe s’est donné rendez-vous dans un studio de répétition spacieux, aux murs ornés de miroirs et de rideaux noirs. Tout le monde est déjà là quand j’arrive, ou presque. Alejandro est en train de discuter avec Manuel, et je ressens un pincement dans la poitrine en le voyant sourire. Je me ressaisis rapidement et m’avance pour saluer mes collègues.

Manuel tape dans ses mains pour attirer notre attention.

— Bien, tout le monde est là ? Parfait. On va commencer par un petit échauffement. Mettez-vous en cercle, s’il vous plaît.

Je me place entre Luis et Daniela. Nous formons un cercle un peu maladroit, chacun cherchant sa place. Manuel commence à expliquer les exercices, sa voix posée et assurée.

— L’idée, aujourd’hui, est de vous faire sortir de votre zone de confort. Le but est de vous connecter les uns aux autres, d’apprendre à vous faire confiance.

Il commence par un exercice simple : nous devons jeter une balle imaginaire à quelqu’un tout en disant son prénom. Quand c’est à mon tour, je lance la balle à Alejandro. Nos regards se croisent brièvement, et je sens mes joues chauffer. Il attrape la balle imaginaire avec aisance et la renvoie à Daniela sans hésitation. Je me force à me concentrer sur l’exercice, mais c’est plus difficile que je ne veux bien l’admettre.

Au fur et à mesure, les exercices deviennent plus complexes. Manuel nous demande de jouer des émotions exagérées, de réagir spontanément aux propositions des autres. Je me surprends à rire, à me laisser aller. C’est libérateur, presque euphorique.

Puis vient l’exercice le plus intense de la journée.

— Maintenant, je veux que vous formiez des duos. Vous allez improviser une scène où l’un d’entre vous doit avouer un secret à l’autre.

Je sens mon cœur s’accélérer. Avant que je ne puisse réfléchir, Alejandro se tourne vers moi.

— Tu veux qu’on fasse équipe ?

Je hoche la tête, incapable de trouver mes mots. Nous nous éloignons légèrement du groupe pour discuter rapidement de notre scène. Alejandro propose une idée simple, et je l’approuve sans vraiment écouter. Tout ce à quoi je peux penser, c’est à la proximité de sa voix, à la manière dont il me regarde.

Quand vient notre tour, je sens tous les regards braqués sur nous. Alejandro commence, sa voix grave et assurée résonnant dans la pièce. Je réponds instinctivement, mes répliques venant presque naturellement. L’intensité entre nous est palpable, et je perds presque la notion du temps. Quand la scène se termine, un silence plane dans la pièce avant que Manuel ne commence à applaudir.

— Excellent travail, vous deux.

Je croise le regard d’Alejandro, et je sais qu’il a ressenti la même chose que moi. Une connexion étrange, inexplicable, mais indéniable. Je détourne les yeux rapidement, mal à l’aise sous l’intensité de son regard.

Luis me rejoint alors que nous faisons une pause. Il semble préoccupé, ses yeux suivant Pablo, qui discute avec Daniela.

— Ça va ? je lui demande.

Il hésite avant de répondre.

— Oui, oui, ça va. Juste un peu fatigué.

Je sais qu’il ment, mais je décide de ne pas insister. Tout le monde semble porter ses propres secrets aujourd’hui.

La journée continue avec d’autres exercices, mais je ne peux m’empêcher de repenser à ce moment partagé avec Alejandro. Quelque chose a changé, et je ne sais pas encore si c’est pour le meilleur ou pour le pire.

*****

C’est tard le soir, après une journée épuisante mais fascinante que, une fois dans mon lit, je me mets à scroller distraitement sur mon téléphone, encore éblouie par l’énergie qui a régné sur le plateau aujourd’hui. Une notification m’arrache à mes pensées : un message d’Alejandro.

Tu dors déjà, Lina ?

Un sourire s’étire sur mes lèvres. Ce surnom, qui n'est autre que le prénom du personnage que je vais incarner à l'écran, m'a été attribué sans que je m'y attende.

Pas encore. Pourquoi ?

Sa réponse ne tarde pas.

Juste pour savoir. Tu t'en es remise,

de notre journée mouvementée ?

Ça va, même si j’ai l'impression d'avoir

couru un marathon. Tu appelles ça

"mouvementée" ? Moi je dirais "intense".

Jajaja, c'est vrai. Mais tu t'es bien débrouillée.

C'est même impressionnant, pour quelqu'un qui

disait ne pas aimer ce genre d'exercice.

Je n'aime toujours pas, mais

merci. Et toi, pas trop épuisé ?

Un peu. Mais discuter avec toi m'aide à

oublier ma fatigue.

Je reste immobile quelques secondes, relisant son message. Mon cœur fait un bond. Qu'est-ce qu'il cherche à dire, exactement ?

Si c’est ta manière de me flatter,

il va falloir travailler encore un peu. ;)

Pourtant, mes joues s'embrasent.

J’ai juste été honnête, Lina. Mais je peux

faire un effort, si tu veux.

Dis-moi, qu’est-ce qui t’a le plus marqué

aujourd’hui ?

Je prends un moment pour y réfléchir.

Peut-être ce moment où Manuel nous a

fait fermer les yeux et juste ressentir

ce qu’il y avait autour. C’était… intense.

Oui, c’était puissant. Et ça se voyait sur

ton visage. Comme si tu vivais vraiment

quelque chose.

Son message me touche plus que je ne l’aurais cru.

Donc tu avais les yeux ouverts ?!

Euh... Possible.

Une courte pause s’installe. Puis il relance, d’un ton plus léger.

Alors, qu’est-ce que Lina prévoit

pour demain ?

Essayer de ne pas tomber pendant

les exercices, pour commencer. Et toi ?

Peut-être te rattraper si tu

tombes. Qui sait ?

Je ris, amusée par sa réponse.

Tu comptes toujours avoir le dernier

mot, hein ?

Toujours. Bonne nuit, Lina.

Bonne nuit, Alejandro.

Je repose mon téléphone sur ma table de chevet, le sourire aux lèvres. Cette conversation, bien qu’anodine, me laisse une sensation douce et agréable. Alejandro a cette façon de rendre les échanges naturels, fluides, presque… évidents. Une pensée me traverse l’esprit : et si, après tout, cette aventure était plus que ce que j’avais imaginé ?

*****

Le lendemain matin, le studio de répétition baigne dans une lumière douce, qui entre par les grandes baies vitrées. Les murs sont tapissés de miroirs et l’air est chargé de l’excitation nerveuse propre aux débuts de tournages. Manuel, le metteur en scène, se tient au centre de la pièce, les bras croisés, un sourire mystérieux aux lèvres.

— Aujourd'hui, on va travailler la confiance et la spontanéité, annonce-t-il d'une voix ferme. Formez des duos.

Mon cœur se serre une seconde. Mes yeux cherchent instinctivement Alejandro. Comme si de rien n'était, il s'avance vers moi, un sourire en coin.

— On fait équipe, Lina ? souffle-t-il discrètement.

Je lève les yeux au ciel mais je ne peux pas m’empêcher de sourire.

— C’est Sofía, je te rappelle.

— Pas dans mes contacts, réplique-t-il malicieusement.

Manuel claque des mains, nous ramenant à l’ordre.

— Exercice simple : vous allez devoir vous rapprocher, établir une connexion sans parler. Laissez vos gestes s'exprimer pour vous.

Je déglutis difficilement. Alejandro me fixe, s'approche lentement. Nos regards s'accrochent, hésitants. Sa main frôle mon bras, douce, presque imperceptible. Je sens mon souffle s’accélérer sans parvenir à le contrôler. Pourtant, je reste immobile.

Il penche légèrement la tête, ses yeux plongés dans les miens. Mon corps réagit avant mon esprit. Mes doigts effleurent sa joue dans un geste hésitant, comme si ce n’était pas moi qui agissais. Ses lèvres esquissent un sourire, minuscule, mais suffisant pour faire battre mon cœur plus vite.

— Plus proche, encourage Manuel. Osez.

Alejandro avance encore, réduit la distance qui nous sépare à quelques centimètres. Mon souffle caresse sa peau. Je suis incapable de détourner les yeux. Puis, il ferme les paupières une seconde avant de les rouvrir lentement. Ce geste me trouble.

Soudain, il effleure mes cheveux, glissant une mèche derrière mon oreille. Un frisson me parcourt. Je n’arrive pas à savoir si c’est encore du jeu ou… autre chose.

— Très bien, souffle Manuel. On s’arrête là.

Alejandro s’écarte à regret. Je cligne des yeux, comme tirée d’un rêve. Les murmures des autres me ramènent à la réalité. Je croise brièvement le regard de Daniela, qui me fixe avec un sourire en coin.

— Tu joues dangereusement, murmure-t-elle en passant près de moi.

Je détourne les yeux, un peu trop vite.

Mais Alejandro, lui, continue de me fixer. Et je ne sais plus si c’est du théâtre… ou pas.

— Bien. À présent, on passe à un exercice de confiance, reprend Manuel en s'approchant de notre duo. Alejandro, tu vas guider Sofía les yeux fermés.

Je me fige un instant. Alejandro s'avance, son regard accroche le mien.

— T'inquiète, Lina, je vais pas te laisser tomber, murmure-t-il avec un sourire en coin qui commence à m'être familier.

Je serre les dents pour masquer mon trouble. Manuel m'invite à fermer les yeux. J'entends les pas d'Alejandro s'approcher, puis je sens sa main frôler mon avant-bras.

— Prête ?

Je hoche la tête. Lentement, il me guide à travers la salle. Chaque mouvement est mesuré, précis. Mais je ressens surtout la chaleur de sa main près de la mienne, sans jamais me toucher vraiment. Une distance minime, mais électrisante.

— Fais-moi confiance, souffle-t-il.

Sa voix grave résonne en moi. J'obéis, avançant à tâtons. Soudain, il m'arrête.

— Maintenant, imagine que tu es sur le bord d'un précipice. Qu'est-ce que tu ressens ?

Je déglutis. Son souffle effleure ma tempe.

— De la peur, mais aussi... un frisson d'excitation.

Un silence. Puis, doucement :

— Saute.

Je rouvre les yeux brusquement. Alejandro est là, tout proche, son regard ancré dans le mien. Je réalise que tout le monde nous observe, mais plus rien n'existe autour.

Manuel applaudit, brisant le moment.

— Parfait ! Voilà ce que je veux voir !

Je recule d'un pas, troublée. Alejandro, lui, esquisse un sourire satisfait.

— Bien joué, Lina.

Je détourne les yeux, le cœur battant.

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