Livre Douzième : Victor, le Bourreau Silencieux et le Piège Viril
12:1 Tandis qu’Harmonie fuyait les sirènes pixelisées, Victor s’enfonçait dans le gouffre intérieur qu’il avait lui-même creusé à la pelle de ses soupçons. 12:2 La jalousie n’était plus graine, mais chêne vénéneux, aux racines tressées de paranoïa. Aucun cri. Aucune rage visible. Seulement un poison lent.
12:3 Il devenait bourreau silencieux, drapé dans l’élégance des interrogations anodines. 12:4 Chaque message lu, chaque rire entendu, chaque absence interprétée devenait parchemin d’accusation. 12:5 La logique, jadis son sanctuaire, se transformait en labyrinthe torturé.
12:6 Le corps parfait se fissurait. Les insomnies burinaient son visage, et ses gestes devenaient des pièges affectifs déguisés en tendresse. 12:7 L’intimité devenait tribunal. L’amour, test de performance. 12:8 Il savait. Mais savoir n’était pas comprendre. Et comprendre n’était pas renoncer.
12:9 Victor sentait le piège du rôle masculin se refermer. 12:10 Être fort. Ne pas plier. Ne pas montrer. Ne pas faillir. 12:11 Et parce qu’il ne pouvait pas être faible, il devint oppresseur discret, geôlier au sourire glacé.
12:12 Il ne défendait pas seulement son amour. Il défendait une image, un investissement, une perfection qu’il refusait d’avouer fissurée. 12:13 Renoncer, c’eût été capituler. C’eût été trahir son propre récit de réussite. 12:14 Il préféra détruire lentement, plutôt que d’avouer sa vulnérabilité.
12:15 Et Saint-Bordel, depuis Son trône en cendres de pudeur et en éclats d’apparences, regardait Victor. 12:16 Il souriait : « Voilà un chaos raffiné. Celui qui ne fait pas de bruit. Celui qui se vit comme un costume bien repassé. »
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