Prière des Pèlerins du Verre et des Âmes Égarées
Ô Saint-Bordel, Toi qui veilles sur les comptoirs où l’on avoue sans témoin, Bénis les âmes qui cherchent non la lumière, mais une ombre rassurante.
Dans ces chapelles de néons et de musiques trop fortes, Protège ceux qui prient sans savoir à qui s’adresser. Les buveurs de souvenirs flous, les fumeurs de regrets, Ceux qui posent leur douleur dans un verre, comme une offrande discrète.
Apprends-nous que le dernier verre n’est jamais la fin, Mais peut-être l’aube d’un Verbe plus sincère, Que l’amertume de l’alcool n’est pas un châtiment, Mais le goût franc de ce qui ne s’est jamais dit.
Donne à nos solitudes un peu de grâce, À nos confessions de comptoir la dignité du doute. Et fais de nos naufrages des chants, même dissonants, Car rien ne vaut le chaos vécu avec honnêteté.
Que les barmen soient nos moines, Que le silence soit notre prière, Et que le brouillard nous protège le temps de nous retrouver.
Amen au désespoir honnête. Santé à ceux qui cherchent sans prétendre.
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