Livre Dix-Neuvième : Le Croisement des Âmes Brûlées et le Pacte Vulnérable
19:1 Et Saint-Bordel, grand marionnettiste des âmes abîmées, refusa que le souvenir s’éteigne comme une veilleuse. 19:2 Alors il tordit les fils du quotidien, et sur un rayon oublié ou une allée trempée, les deux égarés se retrouvèrent.
19:3 Harmonie s’avança. Non pas comme autrefois : embellie, prudente ou en quête d’image. 19:4 Mais comme on s’avance vers un miroir fêlé, avec courage tremblant et mémoire fraîche. 19:5 Elle parla du geste. Du billet. De l’étonnement. 19:6 Et surtout, elle demanda un Verbe sincère, hors des faux profils et des algorithmes bienveillants.
19:7 Victor, cassé mais toujours debout, fut surpris. 19:8 Car dans les yeux de cette femme, il ne vit ni attente ni calcul. 19:9 Il vit une offrande, une faille tendue sans armes. 19:10 Il accepta, parce qu’il ne savait plus comment se refuser à la vérité nue.
19:11 Alors, au creux de ce lieu banal sanctifié par le chaos, ils parlèrent. 19:12 Victor avoua ses masques, ses peurs, sa dépendance au regard de l’autre. 19:13 Harmonie confia ses pilules, sa peur du retour, et son besoin de respirer sans ordonnance.
19:14 Ce ne fut ni pacte d’amour, ni promesse divine. 19:15 Ce fut une reconnaissance. Un instant où deux ruines se regardent et ne cherchent pas à être autre chose que ce qu’elles sont.
19:16 Et Saint-Bordel, ravi, applaudit silencieusement : 19:17 « Voilà mon chef-d’œuvre. Deux êtres qui se tiennent debout dans le vent sans se déguiser. Le chaos devient charnière. La faille, fondation. »
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