Et d'la bière nom de dieu !

On raconte que tout a commencé ainsi. Au temps où la Russie s’appelait l’URSS et que son Poutine de l’époque, Staline, cherchait à carotter des terres avec, déjà, la nostalgie de l’empire tsariste. En 1942, La Finlande est contrainte de répondre aux hostilités de son ogre de voisin. Bien qu’aidée par l’armée teutonne, elle est vite à la peine. Alors, dit-on, pour se tenir chaud et ne pas perdre courage, les fantassins se passèrent le litron. Si l’effet fut bénéfique pour le moral du troufion, il s’avéra fatal pour ajuster la mitraille. Face à la bérézina, le gouvernement finois lança une campagne joliment baptisée tipaton tammikuu, autrement dit janvier sans une goutte. Propagande relayée massivement par l’incitation à boire « comme un athlète », référence au coureur de fond Paavo Nurmi (dit le Finlandais volant), fierté nationale avec ses 12 médailles olympiques… Fin de l’histoire. Relancée des années plus tard par nos voisons british qui lancèrent le Dry January. Ou comment, un mois durant, baisser le coude et interroger son rapport à la bibine. Plutôt qu’un simple défi, la pratique de ce jeûne semble être une tendance sociétale qui enregistre chaque année un fort développement. L’an passé, une étude annonçait que la participation était plus forte chez les 18 – 34 ans (29 %) que chez leurs aînés (15 %). Voilà pour le verre à moitié-plein. Quant à celui à moitié-vide, il est dans nombre de villages qui voient le retour de la cérémonie des conscrits avec brouettes, gibus, klaxons et bien évidemment, beuveries de soiffards. L’exception culturelle a de beaux restes, tu sais ! Ceci explique-t-il cela ? seuls les ministres de la santé disent qu’ils font le Dry January… à titre personnel.

Singulier pluriel. Ce mois de la sobriété, salutaire pour le foie, le sommeil, le porte-monnaie ou encore l’estime de soi, nous arrive donc d’Outre-Manche et pas d’Outre-Atlantique. Voilà qui nous change… Du Père Noël à Halloween, des fast-foods à la gay pride et chewing-gum, de Tinder au speed-dating, des sectes aux théories du complot - sans oublier la queue du Mickey, nous n’avons eu de cesse d’ingurgiter le pire et le meilleur de là-bas, le boire et le manger, la frime, le remplissage de nos frigos et de nos cerveaux. Paradoxalement, notre américanisation est allée de pair avec un antiaméricanisme gaulois, parfois primaire et bas de plafond. Conscients et attristés de la chose, attablés au café du commerce, nous hochons du ciboulot en déclarant, résignés, que s’il y a cela à Vegas ou à New-York, c’est sûr que ça va nous arriver, porté par les vents de galerne ou de noroît. L’OMC qui fête son trentième anniversaire discourt sur les droits de douane. Afin de réguler le marché conquérant des richesses. Soit, pour les bagnoles, le cognac et le sent-bon de chez Dior… Mais quid de nos valeurs ? Nos envies, nos façons d’aimer, nos regards, nos conversations avec les anges ou les démons qui vagabondent en nous ? Toutes ces choses qui font fi des décrets : nos singuliers qui sont le pluriel des mondes.

Mark, Elon et consorts. Longtemps, on s’est couché… avec la même idée, celle qu’avait eue nos pères et les pères de nos pères : un bonhomme, ça ne chiale pas, ça sait montrer les poings, ça porte la culotte et ça ne fait pas des manières de fiotte. Et ça boit de la bière, nom de dieu ! Pas bien sûr qu’on ait évolué en regardant Dallas et Rocky, en maniant la Nintendo ou en glissant un bulletin dans l’urne. Pourtant, avec le temps, les hommes se sont laissés aller à baisser la garde, à laisser tomber l’armure et à sangloter sans honte. Trop peu ? Sans doute. Mais lentement et sûrement. Sauf que cette année commence avec une bande de gus qui tempêtent à tout va, comme pour mieux complaire au nouveau magnat du monde. L’un deux se lance : l’énergie masculine est bonne. La société en est remplie, mais l’entreprise essaie de s’en détourner. Toutes ces formes d’énergie sont positives, mais une culture qui fait un peu plus la part belle à l’agressivité a ses mérites. Aucune modération à la liberté d’expression, ajoutent en chœur les pachas de la Silicon Valley. Un coup d’œil à l’agenda nous apprend que le dicton du jour dit que les 12 premiers jours de janvier annoncent le temps qu’il fera les 12 mois de l’année. Nous voilà prévenus....

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