Vomir
J’ai besoin de vomir.
Que ce soit par tristesse ou par colère,
J’ai un arrière-goût dans la bouche qui demande à être vomi.
Comme un sentiment de trahison qu’un crachat ne suffirait pas à faire partir.
J’ai besoin d’être prise dans des bras qui tiennent à moi,
L’avidité des corps me reviendra, c’est certain,
Mais pas ce soir.
Ce soir, je suis fatiguée,
Ce soir, je suis triste.
Triste d’être abandonnée,
Triste de ne pas être celle qui est choisie,
Triste de connaitre la solitude.
Un rhum ?
Ou plutôt un whisky ?
Pourquoi pas.
Jouir ?
Bah, ça viendra tout à l’heure.
Pour le moment, les larmes se mêlent au whisky.
Ça me ferait rire, si ce n’était pas les miennes.
Je pourrais être compatissante, si ma vue n’était pas brouillée, et que le goût de sel n’était pas dans ma bouche.
J’aurai pu aller au bar.
J’aurais bien trouvé une ou deux âmes compatissantes pour me taper sur l’épaule
Et me payer un coup, ou même deux.
Les aurais-je suivi dans les chiottes pour les laisser m’enfiler ?
Aucune idée.
Tout dépend du réconfort que leur étreinte m’aurait donnée.
En attendant, je vais dégueuler à la face du monde,
Je vais crier ma solitude au vent,
Pour que tout le monde entende,
Que tout le monde sache.
Peut être que quelque part, quelqu’un d’autre s’ennuie.
A deux, on s’ennuiera moins.
Non, je mens.
J’ai déjà fait ça.
Et ça ne marche pas.
Même à deux, on est seul, s’il n’y a pas de symbiose.
Symbiose…
J’arrive encore à prononcer ce mot.
C’est que je n’ai pas assez bu.
Allez, encore une rasade,
Dans le silence de la maison,
Dans la nuit qui m’entoure.
Pas de lumière, pas de son, pas d’image,
Juste l’odeur de l’alcool et mon dégoût qui m’étreint.
Et plus tard, j’irai vomir.
Ça me soulagera peut-être.
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