Domenico Scribus et l'histoire du cimetière

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Si vous souhaitez en savoir plus sur Domenico, le premier défi où il apparait, c'est ici : https://www.scribay.com/text/640019500/interview-avec-charles--le-gamin-du-monastere


Après son entretien avec Charles, le gamin du Monastère Domenico Scribus, l’enquêteur romain est retourné dans la charmante auberge où il a pu retrouver la Marie, cette belle femme à la poitrine généreuse et à la croupe accueillante.

Installé dans la salle commune, il attend que l’aubergiste lui ramène sa soupe de navets et topinambours et écoute, comme à son habitude, les discussions autour de lui. Ça parle un peu de tout, mais surtout des excellentes récoltes de cette année. Les voyageurs autour de lui sont pour beaucoup des paysans qui vont à la foire d’Olhain où ils espèrent vendre assez pour avoir les moyens d’affronter l’hiver jusqu’aux prochaines moissons.

Son voisin de tablée, cependant, l’intrigue beaucoup plus. Il reste silencieux, les yeux perdus dans le vide. On a l’impression qu’il n’est pas rassuré. Domenico, toujours curieux, se décide à l’aborder.

« Ave l’ami. Vous voulez que je vous paie une cervoise ? Vous m’avez l’air bien préoccupé, comparé aux autres habitants d’ici… »

L’homme le regarde, étonné qu’on l’aborde, surtout avec ce petit accent étranger, et sort de son mutisme.

« Ce ne serait pas de refus ! Après ce qu’il m’est arrivé tout à l’heure ! Même le curé ne m’a pas cru et m’a dit que c’était juste un mauvais rêve ! »

L’intérêt de l’enquêteur est tout de suite piqué au vif. S’il en a parlé au curé, ça peut intéresser la curie romaine. Il a déjà l’entretien avec le jeune musicien du monastère, mais peut-être qu’il va pouvoir ramener autre chose aussi. Il fait venir deux cervoises et se contente de tremper ses lèvres dans la sienne pendant que son voisin boit sa boisson d’un trait.

« Allez, dites-moi tout, mon ami. Je ne suis pas d’ici, j’ai beaucoup voyagé et je peux peut-être vous éclairer sur ce que vous avez vécu. »

En parlant, il aperçoit la Marie qui lui jette une œillade bien coquine. Elle sait qu’il va venir la retrouver dès la fin du repas qui vient d’être servi et c’est donc l’esprit occupé par cette plantureuse femme qu’il goute à sa soupe en écoutant son voisin.

« Eh bien, vous voyez, ma femme… »

Il s’interrompt, ce qui a le don d’agacer Domenico. Celui-ci n’est en effet pas réputé pour sa patience.

« Non, je ne vois pas… Je ne connais pas votre femme ! Venez-en aux faits ! »

« Eh bien, elle est morte… »

« Oh, toutes mes condoléances ! Mais il n’y a là rien qui sorte de l’ordinaire, si ? »

« Oh ce n’est pas récent ! Cela fait… » L’homme réfléchit. Domenico commence à s’impatienter.

« … 5 ans ! Eh oui, déjà 5 ans… Le temps passe vite… Il me semble que c’était hier encore qu’elle m’embrassait à mon retour des champs… »

« Oui, oui, je vois. Mais alors, pour en revenir à ce que vous avez raconté au curé, il vous est arrivé quoi tout à l’heure ? »

L’homme est plongé dans ses sombres pensées… Domenico se serait bien énervé à nouveau, mais la Marie est venue s’assoir à ses côtés et lui caresse discrètement la cuisse, ce qui l’incite à écouter patiemment, même si ce n’est pas très attentivement…

« Tout à l’heure, j’étais au cimetière. Tous les mois, vous comprenez, je vais me recueillir sur la tombe de mon épouse. Je lui raconte ma vie, vous voyez. Je lui dis tout ce que j’ai fait pendant le mois, personne d’autre qu’elle ne m’écoute comme ça ! Avec autant de patience ! »

« Tu m’étonnes ! » pense tout bas l’Italien qui a passé les mains sous la chemise échancrée de sa voisine pour patienter. Il a quand même le droit à un peu de bon temps en écoutant ce récit qui s’éternise…

« Bref, tout à l’heure, j’étais en train de lui raconter comment j’avais sauvé un agneau de la noyade, quand tout à coup, j’ai vu une ombre se faufiler derrière moi. Je me suis retourné, mais il n’y avait personne… »

Domenico est tout de suite plus intéressé et essaie d’oublier un peu la Marie à ses côtés.

« Personne, mais vous êtes sûr que vous avez vu une ombre ? »

« Oui, une ombre… Et même plusieurs… Je ne pouvais les voir que du coin de l’œil… Mais dès que je regardais directement, tout disparaissait… On aurait dit des esprits un peu étranges… »

« Vous savez, les fantômes ne sont pas les seuls à errer dans les cimetières… »

L’homme le regarde et lui demande :

« Qu’est ce qui pourrait trainer dans les cimetières ? »

« Je ne sais pas moi, des veufs, tiens ! ou des jolies veuves ! »

Domenico a l’esprit qui divague un peu car la Marie a passé ses mains dans ses braies sous la table et cela le déconcentre énormément, pour le plus grand plaisir de sa voisine.

« Mais ce n’était pas des formes humaines ! D’ailleurs… Non, je ne peux pas le dire… »

« Mais, si dites-le moi, on n’est plus à ça près ! »

L’homme a l’air de nouveau apeuré et Domenico le voit qui regarde en coin, une fois à gauche, une fois à droite…

« Eh bien, parlez-donc ! »

« Il y a des ombres ici aussi, je vous jure ! Je les vois ! »

Domenico vérifie et ne voit rien qui sort de l’ordinaire. A part le décolleté vertigineux de la Marie, décolleté qui est une invitation à la luxure. Il détache son regard à regret et revient vers l’homme du cimetière qui continue son manège avec ses regards en coin. Tout à coup, l’enquêteur romain éclate de rire.

« Ne vous inquiétez-plus ! J’ai trouvé !!! Je sais ce qu’il se passe ! »

Et il continue à rire de plus belle, déclenchant les regards réprobateurs des autres pensionnaires de l’auberge. La Marie, qui veut rester discrète, s’éloigne un peu du romain hilare mais, curieuse, reste à proximité pour entendre ce qui le met en joie.

« Mais dites-moi alors ! Je veux savoir ! J’ai besoin de savoir ! Le curé aussi sûrement ! »

Domenico s’arrête de rire, puis demande à l’aubergiste de lui ramener un bassin d’eau.

« Je vais vous exorciser. Vous allez voir… Je vais vous débarrasser de toutes ces ombres ! »

Il prend alors un torchon, et le trempe dans le bassin, puis il demande à l’homme de fermer les yeux. Il passe le linge sur ses yeux fermés et enlève toutes les saletés déposées depuis le dernier bain du messire qui doit remonter à une éternité. Pour rajouter un peu à sa mascarade, il raconte, en italien, tout ce qu’il a envie de faire à la Marie ce soir. Il conclut, le sourire aux lèvre :

« Tada ! Vous voilà guéri !! Finies les visions d’ombres ! Ouvrez-les yeux ! »

L’homme, ouvre précautionneusement les yeux et regarde du coin de l’œil… Et ne voit plus rien…

« Un miracle ! Merci !!! Je vais aller raconter ça au curé ! Avec vous qui m’avez sauvé, il sera obligé de me croire ! »

Et l’homme sort en courant vers l’église, ce qui fait à nouveau éclater de rire l’Italien qui se lève à son tour et part rejoindre la Marie dans sa chambre. Il a bien mérité sa récompense avec cette demoiselle peu farouche ! Domenico Scribus a encore résolu un mystère !

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Si ça vous a plu, un autre défi avec Domenico Scribus est disponible ici : https://www.scribay.com/text/886408909/domenico-et-le-masque-dore

Bonne lecture !

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