Nouvelle version du bourreau

14 minutes de lecture

Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais c’est une fois quand je me dis, hop, ce texte est fini, je le publie, que pleins de nouvelles idées débarquent dans ma tête. Oh, là j’aurais pu parler de ça, et puis ici, et puis encore… Bref, je suis à la fois content de voir mon texte publié, et frustré parce que j’aurais pu faire mieux.

Je fais aussi face à l’éternelle question qui n’a pas de réponse : quelle est la bonne longueur d’un texte par rapport au contenu. Vaut-il mieux faire en condensé, ou au contraire en plus léger, plus aéré ?

Je n’en sais rien, et je tente une expérience. J’ai repris mon bourreau de la Révolution, et je l’ai réécrit, en gardant la même structure, mais en mettant beaucoup plus de choses dedans.

Je n’arrive pas à me décider si la seconde version est meilleure que la première, si encore un fois la question a un sens, alors je mets les deux en lignes.

*************************************************************************************

Petite remarque préliminaire : durant cette triste période d’inversion des valeurs, où il ne valait mieux pas provoquer l’ire d’une plèbe excitée à qui les bourgeois qui venaient de proclamer la République avaient enlevé la muselière, les D'Escagasse Coucougnette durent abandonner la particule, un petit "de" qui pouvait couter très cher à son porteur. Le modérateur de l’émission, Henri Louis Charles d’Escagasse Coucougnette était donc devenu le Citoyen Martin de Marseille. L’honneur en prenait un coup, mais la tête restait sur les épaules. Dans la vie, il faut choisir les priorités et ayant bien soupesé les deux alternatives, Henri Louis Charles, pardon Martin, choisit la deuxième solution. Choix qui lui provoqua bien des remous gastriques, mais au moins, comme il l’écrivit dans ses mémoires, ayant gardé sa tête et son système nerveux en état de fonctionner, il pouvait apprécier ces crampes d’estomac.

- Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, bonsoir et soyez toutes et tous les bienvenus pour notre émission « Des métiers et des hommes » où nous explorons les vies professionnelles les plus variées de notre République. Dans le cadre de notre enquête sur les conditions de travail, nous avons invité le représentant d’une profession très ancienne et néanmoins récemment en plein essor. Certains diront que ce n’est pas la profession la plus ancienne, je ne parle pas d’un métier de moralité douteuse, mais je vois d’ici les suppôts de l’ancien régime venir avec leurs balivernes sur Cain et Abel, mais nous sommes maintenant en République. Monsieur Courtetête, bonsoir.

- Bonsoir.

- Monsieur Courtetête, vous êtes notre invité ce soir, quelle est votre profession ?

- Je suis bourreau.

- Et votre outil de travail ?

- Une guillotine, évidemment.

- Évidemment, une profession traditionnelle passée en peu de temps à la pointe du progrès technique et qui place la république Française en première place dans la course technologique. Première question, Monsieur Courtetête : bourreau, métier difficile ?

- Difficile ? Difficile de répondre à votre question par oui ou par non. D’abord, plus que d’un métier, il faudrait parler de passion. Ce boulot-là, faut l’avoir dans le sang. C’est une profession, faut vraiment aimer ce qu’on fait, sinon…

- Si la passion s’en mêle…

- c’est sûr, j’ai la chance de faire un métier que j’aime et qui en plus est au service de mes concitoyens.

- Existe-t-il des écoles spécialisées ?

- Non, malheureusement. On apprend sur le tas, en alternance, avec un maître-bourreau. Moi, j’ai fait mon apprentissage sous l’Ancien régime, sous la tyrannie des Bourbons. La moitié du temps dans un abattoir, au début, pour s’entraîner à la découpe. On commence petit, par couper des têtes de poulets, par exemple, puis on passe aux lapins, puis aux cochons et ainsi de suite. Le maître vous accompagne dans votre formation et c’est lui qui décide quand vous êtes mûr pour votre premier bonhomme.

- comment décida-t-il pour vous ?

- Après avoir saigné mon premier bœuf. Il a vu la maitrise du geste, aucune hésitation, j’ai tranché la gorge du bovin en gardant un calme absolu. Il avait la larme à l’œil, il a mis sa grosse main sur mon épaule et m’a dit : « Pierrot, je suis fier de toi. Demain, tu vas décapiter ton premier bonhomme, et tu vas gagner ton diplôme haut la hache, tu l’as bien mérité ! ». J’étais pas peu fier non plus, vous pouvez me croire.

- Haut la hache ? Je n’ai pas compris…

- Notre argot à nous. Vous, vous diriez haut la main.

- d’aaaccord. Vous avez parlé de la moitié du temps…

- L’autre moitié de la formation se déroule à la police, pour apprendre aussi les méthodes d’interrogatoire, « la question », comme on dit officiellement.

- Autrement dit, les méthodes de torture.

- Oui, mais… Nous préférons dire « la question ». Je ne suis pas un fanatique du politiquement correct, mais « question » donne un certain cachet à la conversation. Torture possède un côté un légèrement péjoratif.

- Vous vous entrainiez sur des… comment dire ?

- Sur des suspects de crimes divers, ou quand il n’y en avait pas, ce qui arrivait malheureusement de plus en plus fréquemment, sur des clodos ramassés par la maréchaussée.

- Était-ce légal ?

- Oh là là, je ne me suis jamais posé la question, moi j’étais là pour apprendre, je n’étais pas responsable de l’approvisionnement en cobayes.

- Mais ces personnes ne devaient pas être d’accord pour…

- De toute façon, faut comprendre un truc, jamais personne n’est d’accord pour se faire torturer. Pour nous apprentis, c’était bien. Le jour où vous réussissiez à faire parler un faux criminel sans état d’âme, vous étiez prêt pour les vrais.

- Les méthodes ?

- Que du très classique. Personnellement j’avais un petit faible pour les brodequins, vous savez, on coince les jambes entre des planches de bois et on enfonce progressivement des coins, histoire de broyer les jambes au fur et à mesure, et… Bon, j’arrête, je vois que vous allez tourner de l’œil.

- C’est très aimable à vous, merci. Mais la torture a été aboli par le ro… Le tyran.

- Pfff, une vraie lopette ce Louis XVI. Oui, il a interdit la torture cet abruti. Ce jour-là, ce fut presque un jour de deuil pour nous. On s’est pris une de ces murges pour oublier. N’empêche que, pour ce que ça lui a servi je jouer au bon roi, ho ho ho, je suis un roi moderne, moi, j’interdis de torturer mes sujets, moi… Ce sont des signes qui ne trompent pas. Il était faible. Alors après, faut pas s’étonner de la suite.

- Mais même sans le roi, nous ne torturons plus ?

- Ben, disons qu’aujourd’hui, y’a plus le temps. Dès que quelqu’un est suspect. Zou, on le décapite, alors la torture dans ces conditions n’a plus vraiment d’intérêt.

- Racontez-nous votre examen pour votre diplôme.

- ah, mon diplôme. Je crois que ce fut le plus beau jour de ma vie, mon premier bonhomme à la hache ! Il faut trancher la tête d’un seul coup de hache pour avoir le diplôme avec mention bien. Moi, j’ai eu, je me souviens bien, un petit vieux qui n’arrêtait pas de pleurer, de gémir comme quoi il était innocent, qu’il s’agissait d’une erreur judiciaire, pitié, pitié, noooon , enfin le baratin habituel. C’était hyper stressant. Il m’a foutu les boules ce con. C’était quand même autre chose que pour un bovin. Vraiment pas coopératif le gars. Quand on lui a fait poser la tête sur le billot, il s’est mis à brailler comme un clébard qui se serait coincé les couilles dans une porte. Déjà au début je ne comprenais pas trop ce qu’il racontait, il avait un de ces accents de merde, un peu comme vous d’ailleurs.

- Trop aimable Monsieur Mélanch… Euh pardon, Courtetête.

- Le prenez pas mal, mais c’est gênant. Juste avant que je coupe, il a commencé à beugler dans son patois de m…

- De merde, c’est ce que vous vouliez dire, je pense ?

- euh, oui, donc dans son patois du Sud, alors là, ça m’a énervé, vraiment. Je suis un bon Français moi ! et j’ai coupé. Sliouuuch ! Comme dans du beurre, l’angle idéal. Le jury était aux anges. J’ai eu la mention excellent.

- Le métier a évolué depuis, comme je l’évoquais au début…

- Ah oui, ben, avec la guillotine, ça n’a plus rien à voir. Maintenant, on en abat du boulot, pas croyable. Avant, c’était un peu de l’artisanat, chaque pièce était unique, bon, ça avait son charme aussi, mais aujourd’hui, on produit des séries standardisées, on a des procédures, des normes à respecter. Presque du travail à la chaîne. La République a industrialisé le processus. La Révolution, c’est vraiment le progrès.

- Pourriez-vous nous expliquer ?

- C’est pas compliqué, mais faut être précis. Le client monte sur la plateforme…

- Angoissé ?

- Non, la plupart n’ont déjà plus toute leur tête à ce moment… On adore cette expression. Nous, les bourreaux, nous avons beaucoup d’humour, même si tout le monde ne le comprend pas.

- Je vois, peut-être de l’humour un peu trop fin, et après ?

- On s’y met à deux, un de chaque côté, on attache le client à la planche, on bascule vers l’avant, la tête juste à la bonne place, on cale, on attend un peu, histoire de faire monter un peu la tension dans le public, un peu comme pour les jeux débiles de la télé, on actionne la manette, la lame descend, tchac, la tête tombe dans la corbeille, on détache, on met le reste, on aime bien dire « quand on n’a pas de tête , on a des jambes », elle est bonne celle-là, hein ?

- Excellente, j’aime beaucoup. Mais vous avez interrompu votre phrase…

-Ah oui, on met le reste sur le côté ou directement dans une charrette en contrebas, et on recommence. Quand il y a beaucoup de taf, on réutilise les charrettes qui les ont amenés. On rentabilise l’utilisation des transports, pas de voyage à vide, c’est de la logistique optimisée, qu’y dit le chef.

- Je reviens sur les différentes étapes. Rien que dans la construction spontanée de votre phrase, on ressent la chaîne des automatismes. Beaucoup de travail ?

- Ça n’arrête pas. Au début, c’était un coup de bourre de temps en temps, mais depuis six mois, avec Monsieur Robespierre et ses collègues, les cadences sont devenues infernales, comme les colonnes du général Turreau en Vendée.... OK, pour comprendre, faut suivre l’actualité. Donc, je disais, les trente-cinq heures, on peut oublier, et nous bossons même le week-end. Les vacances… Le dernier qui a voulu poser des congés, il a perdu la tête. Après, faut comprendre aussi, la France a besoin de nous, la patrie en danger, allons z’enfants, le jour de Grégoire est arrivé et tout le tintouin. Faut sauver la République, alors on coupe.

- Le jour de Grégoire ?

- Oh pardon, ça m’a échappé, Grégoire est le prénom de notre chef, un jeu de mot entre nous. Des petites parodies de ce genre, on aime bien, nous les bourreaux.

- Je vois…Le travail est donc devenu pénible ?

- Le travail en lui-même, ça va, mais on fait toujours les mêmes gestes, à longueur de journée. Je le sens déjà dans le dos et dans les épaules. Ça sent la maladie professionnelle à plein nez, la rente d’invalidité dans quelques années à ce rythme-là.

- Pouvez-vous préciser ?

- Le dos, c’est quand vous basculez la planche avec le client, suivant le poids, des fois y’en a des lourds, des gros sacs, vous sentez que ça tire dans le bas du dos. À chaque bascule, on risque la sciatique. Les épaules, c’est à force de remonter la lame. Elle est lourde, putain c’qu’elle est lourde, cette conne. Bon, c’est fait exprès pour que ça coupe bien du premier coup, c’est étudié pour, mais après, faut remonter, et c’est pour bibi. On a demandé un système avec une poulie, pas de budget pour ça, qu’on nous a répondu, mais en attendant, qui c’est qui risque les tendinites à l’épaule ? C’est moi.

- Vous disiez, beaucoup à faire ?

- On est des vrais bourreaux de travail. Sérieux, on sait plus où donner de la tête. Et puis, c’est pas tout de couper les têtes, après, faut encore tout nettoyer. Pas de budget pour les femmes de ménage, qu’ils ont dit les chefs, alors on se tape tout nous-même. Pourtant, ce ne sont pas les branleuses sans-culottes qui manquent à Paris, j’te jure. On les voit toutes ces gueuses dans le public. Elles aiment le spectacle, elles pourraient nous donner un coup de main quand même.

-Un coup de main ?

-Pour nettoyer la machine, bien sûr. N’allez pas imaginer des choses… que… non… enfin si… Enfin… Et puis, faut bien nettoyer, surtout les parties mécaniques. Avec le sang qui gicle et sèche, ça peut vite coincer. Faut aussi bien huiler la lame pour qu’elle ne rouille pas. C’est vraiment le stress.

- Combien d’exécutions par jour ?

- Oh, ça dépend. Si les juges sont en forme ou de mauvaise humeur, on peut traiter une centaine de clients en une journée. Faut les voir, les mecs du tribunal révolutionnaire, avec leurs grands chapeaux noirs et les plumes bleu blanc rouge. Des fois, je suis sûr, maman a pas voulu faire une gâterie révolutionnaire la veille au soir, alors ils passent leurs nerfs sur les suspects. Mais j’ai rien fait, moi ! Rien fait ? Coupable ! Suivant ! Je suis innocent ! Coupable ! Suivant ! Juge révolutionnaire, c’est stressant comme métier aussi. Pas compliqué, comme tout le monde est coupable, mais pour les nerfs, c’est une sacrée épreuve. Mais eux aussi, ils aiment leur métier. Peut-être qu’ils sont payés au rendement, je sais pas.

- Et vous devez suivre la cadence ?

- Ben, disons que c’est plutôt conseillé. Le bourreau, à la base, c’est quelqu’un de pragmatique, qui a bien la tête sur les épaules, alors on s’adapte. Nous, on est en bout de chaîne. On ne contrôle pas le débit. D’un autre côté, quand y’a beaucoup de taf, y’a des avantages aussi.

- Par exemple ?

- L’hygiène surtout. Si le condamné vient de passer trois mois en prison, sur de la paille pourrie, celle qui sent la pisse de rat, ben, il pue comme la paille. Quand vous découpez le haut de la chemise, pour dégager la zone de travail, des fois j’ai failli vomir. Pire que des clodos. Même des nobles, des m’sieurs ou des dames bien. Ça, comme condition de travail, c’est limite. Faut vraiment aimer son job. Maintenant, c’est à peine arrêté, jugé, exécuté. C’est beaucoup plus propre. Y’a même des madames qui sont encore parfumées du matin. Une petite bouffée de rose, ça met un peu de poésie dans le boulot.

- Est-ce un métier satisfaisant, moralement satisfaisant, je veux dire ?

- Si on a le sens du service public, oui.

- Et, question peut-être gênante, n’avez-vous jamais été sollicité pour … Épargner certains clients, contre espèces sonnantes et…

- Et trébuchantes ? Comme les têtes des condamnés ?

-Si vous voulez, bien que la comparaison…

-Si, bien sûr, mais le bourreau, c’est un mec avec une conscience professionnelle, une éthique, comme dit le chef. Et puis, les exécutions sont publiques, alors ce serait difficile. Après, le soir, on peut se faire un peu de blé en revendant des morceaux, des bouts de vêtement, des mouchoirs, des mèches de cheveux. J’ai vu des mecs nous donner une bourse pleine de pièces d’or pour une mèche de cheveux de leur femme ou de leur fille, par exemple.

- Et cela est autorisé ?

- Pas vraiment, mais on est des êtres humains aussi, pas des monstres, on peut comprendre un peu ce sentimentalisme un peu naïf. Un sac de pièces d’or pour une mèche de cheveux, ridicule.

- N’y a-t-il pas une sorte de compétition entre les bourreaux ?

- Là vous touchez la corde sensible.

-C’est-à-dire ?

-Ben, sans vouloir médire des collègues qui font tous un excellent travail, tous des vaillants patriotes, il est vrai que certains tirent un peu trop la couverture médiatique sur eux.

-Par exemple ?

-Ben… Ben… Samson, par exemple. Y’en a que pour lui, parce que Môôôsieur a eu la chance d’écourter le tyran, faut voir comme y s’la pète depuis, môôôsieur Samson. Et puis, quand ils font leurs sauteries, les grands pontes de la Révolution, c’est à celui qui aura la plus grande gueule. « Moi, je décapite cent contre-révolutionnaires par jour ! » « Et moi, je peux noyer trois-cents suspects d’un coup dans la Loire ! » « Petit joueur, moi je peux brûler un village entier de Vendéens tous ensemble dans l’église ! ».

-un peu macabre, vous voulez dire ?

-Non, mais on peut pas comparer. Brûler toute la population d’un village dans l’église, c’est trop facile après pour faire le fier avec les stats, nous, on est obligé de les traiter un par un. Après les mecs qui reviennent de provinces, ils se pavanent et nous regardent de haut, mais c’est pas juste. Nous nous sommes les vrais forçats de la Révolution. J’aimerais bien aussi pouvoir en couper cent d’un coup !

-Mais pour un village entier, il y a les enfants aussi…

-Ah oui, pour eux, la guillotine n’est pas pratique, faudrait faire fabriquer un modèle plus petit.

- Ce n’étais pas comme cela que je l’entendais, mais n’insistons pas. Les exécutions en place publique… Beaucoup de spectateurs ?

- Y’a toujours la foule, de tous les âges. Ils ne s’en lassent pas. À force, on reconnaît même les habitués. J’adore cette ambiance, elle est un peu magique. Avec les citoyens Robespierre, Saint-Just, Marat, c’est noël tous les jours. Vous savez, les révolutionnaires, en fait, sont de grands enfants.

- Des enfants qui jouent avec des jouets qui coupent, quand même. Et si un jour il n’y avait plus d’exécution ?

- Alors là, ma tête à couper que c’est pas demain la veille. Mais bon, à la rigueur, en imaginant le truc, je suppose qu’ils iraient tous en vacances en Espagne pour voir des corridas. Le sang, c’est incroyable comme ça excite le public. Les Espagnols, ils ont ça dans le sang. C’est un peu bête qu’on soit en guerre avec toute l’Europe, parce que je suis sûr que ça en ferait venir des touristes. C’est un des inconvénients de la Révolution.

- Monsieur, je vous remercie pour ce beau témoignage d’un homme dévoué à son métier et à son pays, malgré les risques pour sa santé, et je vous souhaite bonne chance pour la suite de votre carrière.

- Je ne me fais pas de souci, du boulot, y’en aura toujours.

- Le stock de nobles n’est pas inépuisable tout de même ?

- On trouvera autre chose, ne vous inquiétez pas, avec la Révolution, c’est l’imagination au pouvoir. Des contre-révolutionnaires à éliminer pour faire le bonheur du peuple, y’en aura toujours, faudra juste améliorer la recherche. D’abord les nobles, les vrais, ensuite les nobles dans la tête…

- Comment les reconnaissez-vous ceux-là ?

- Oh, moi je suis juste en bout de chaine, mais les messieurs du tribunal révolutionnaire, ils savent, ils ont l’œil.

- Merci Monsieur Courtetête pour ce beau témoignage. Chers téléspectateurs, je vous donne rendez-vous jeudi prochain pour un nouveau numéro de « Des métiers et des hommes ». Nous ferons connaissance avec une nouvelle profession, en plein essor elle aussi, grâce aux vertus civiques et républicaines qui se diffusent dans la population de notre beau pays : le dénonciateur anonyme. Un métier sûrement promis à un bel avenir. Pour ceux d’entre vous qui voudraient en savoir plus sur le sujet d’aujourd’hui, où conseilleriez-vous à nos téléspectateurs d’aller, Monsieur Courtetête

- Place de la révolution ou place du Trône-Renversé. Tous les jours, à partir de neuf heures. L’heure de clôture est variable. On peut manger et boire sur place aussi. Je recommande les merguez de la Révolution, elles valent le détour.

- Le spectacle est gratuit ?

- en théorie oui, mais si vous voulez vous assurer d’avoir une bonne place, avec la vue imprenable sur la découpe des ennemis de la Révolution, une petite participation pour la fête de fin d’année du syndicat des bourreaux serait assez bien vue.

- Merci. Vous pouvez également vous procurer en kiosque le dernier numéro de la revue « Sciences et Techniques », un numéro spécial sur la guillotine, avec une maquette de la machine avec laquelle vos enfants pourront jouer à décapiter des poupées par exemple. L'idéal pour apprendre à devenir des bons citoyens.

- Elle est super la maquette, mes gosses se régalent avec, ils décapitent toutes les souris que ramène Robespierre.

- Robespierre ?

- C’est le nom de notre chat. Il attrape tout ce qui bouge, même s’il n’a pas faim, il gnaque tout.

- Le nom est bien choisi, alors. À la semaine prochaine, bonsoir.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Xavier Escagasse ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0