Connell Waldron
Connell, dans Normal People, est un personnage qui me touche, notamment parce que sa délicatesse personnelle se déploie dans un contexte social qui le contraint et le façonne.
Ce qui me parle, c’est cette double vie qu’il mène, à la fois dans le monde modeste qu’il habite avec sa mère, femme de ménage, et dans celui plus privilégié où évolue Marianne, fille de sa patronne. Cette réalité sociale crée en lui un tiraillement qui colore tout ce qu’il est et fait.
Cette différence de milieu n’est jamais explicitement criée, mais elle pèse dans ses silences et dans ses hésitations. Connell sent qu’il appartient à un univers qui ne lui donne pas automatiquement la légitimité ou la confiance dont disposent d’autres jeunes de son âge, et cette conscience de classe creuse chez lui une forme d’insécurité, qu’il masque souvent derrière une apparence calme. Sa relation avec Marianne est aussi traversée par ce fossé social : elle évolue dans un monde de privilèges, tandis que lui, malgré ses qualités, doit composer avec son origine modeste.
Cette tension sociale rend ses questionnements intérieurs encore plus touchants. Connell ne cherche pas seulement à comprendre ses émotions, mais aussi à trouver sa place dans un monde où les appartenances comptent beaucoup. Un monde où sa mère, par son travail invisible mais essentiel, incarne une réalité souvent ignorée ou méprisée. Il porte en lui ce poids des différences sociales avec une pudeur désarmante, ce qui le rend profondément humain.
Pour moi, Connell est le reflet d’une jeunesse qui, loin des clichés, est prise dans les contradictions de nos sociétés contemporaines : celle qui aspire à dépasser ses origines sans renier ce qu’elle est, qui navigue dans les rapports de classes avec fierté et parfois honte, et qui révèle à travers ses failles la complexité de l’identité réelle. C’est cette dimension sociologique, mêlée à sa fragilité intime, qui le rend si vivant.
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