La volonté de renoncer
Il ne restait plus rien. Plus de volonté, plus de force, plus d’attaches. Juste cette attente muette, lourde, tapie dans les ombres du salon.
Il avait tout préparé. Éteint son téléphone. Fermé les rideaux. Il n’avait pas pleuré. Pas cette fois. Il n’y avait plus de larmes, seulement ce vertige sourd, constant, comme si le monde oscillait, sans jamais vraiment tomber.
La passion était morte depuis longtemps. Ce feu qui, jadis, l’avait poussé à écrire, à aimer, à se battre pour les autres… il n’en restait qu’une braise tiède sous la cendre.
Et maintenant, il allait éteindre cette dernière chaleur.
Mais il eut un geste. Un seul. Insignifiant. Il leva les yeux. Et là, sur le mur d’en face, il croisa le regard de celle qui l'avait lâchement abandonné. Sa bien-aimée, sa tendre épouse… partie trop tôt.
Qu’aurait-elle voulu, elle ? Il pourrait la rejoindre. Couler des jours heureux au paradis à ses côtés. Si seulement il allait à ce paradis… mais pas comme ça.
Si cette utopie existait, il ne l’atteindrait pas. Pas de cette façon. Il ne la reverrait jamais.
Et quelque chose, un fragment de lui, refusa de mourir.
Il n’y eut pas de dénouement spectaculaire. Juste un soupir. Et un choix. Le choix de rester.
De renoncer à renoncer.
Car la vérité, c’est qu’il n’était pas encore prêt. Pas tout à fait.
Annotations
Versions