Retour au duché de Westforest

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Je sors dans la rue et glisse deux doigts dans ma bouche pour faire résonner un long sifflement. Quelques minutes plus tard, mon cheval arrive au galope et s'arrête juste devant moi. Je passe mes bras autour de son encolure en lui disant :

- Je suis si heureux de te revoir, mon beau ! Et t'as l'air en pleine forme !

L'animal m'adresse un hennissement. Je ris et lui réponds :

- Oui, nous allons rentrer et tu auras droit à des friandises en récompense pour ton obéissance et ta loyauté.

Sur ces mots, je monte en selle en réprimant une grimace causée par la douleur que me provoquent toujours mes blessures, puis tends ma main à Calandra. Elle me présente sa main libre, l'autre étant occupée à porter un sac contenant ses effets personnels, et je la hisse devant moi, où elle s'installe en amazone.

Je lance ensuite ma monture au trot et attends que nous soyons sortis de la ville pour passer au galop. Mon absence a déjà duré plusieurs jours. Les habitants du château sont sûrement tous inquiets à l'heure qu'il est. Je dois me dépêcher de rentrer pour les rassurer à mon sujet et leur apporter le médecin tant attendu.

*

Le château en pierre nous apparait lorsque nous quittons la forêt et je peux apercevoir le visage de mon jumeau en haut des rempart. Il nous remarque aussi car son visage s'illumine d'un grand sourire et il quitte son poste en s'exclamant :

- Il est de retour !

Les portes s'ouvrent pour nous et nous entrons dans la cour, où j'arrête mon cheval, avant de descendre du dos de ce dernier pour me jeter dans les bras de mon frère en riant avec lui aux éclats.

- Nous étions si inquiets ! m'informe-t-il en s'écartant de moi. Ton absence a été plus longue que prévu. . .

- Oui, j'ai rencontré quelques difficultés en route, mais je suis de retour en un morceau, comme promis, ha ha ha !

- Ha ha ha ! Sacré chenapan ! Tu t'es volontairement fourré dans les ennuis pour qu'on se fasse du mauvais sang pour toi, hein ?

- Ha ha ha !

Ce n'est qu'alors que le rouquin reporte son attention sur la nouvelle venue et il me lance aussitôt sur un ton de reproche :

- Sérieusement, Robert ? On t'a demandé de nous apporter un médecin et tu nous as amené une femme ?

- Cette femme est justement le médecin dont nous avons besoin. Sans elle, je serai mort à l'heure actuelle. C'est une preuve suffisante de ses capacités pour moi.

- Comment ça, tu serais mort ? ! Qu'est-ce qui s'est passé ?

- Je te raconterai tout plus tard. En attendant, il faut la présenter à nos maîtres.

Sur ces mots, je me dirige vers Calandra et lui tends mes bras pour l'aider à descendre de cheval. Elle s'y laisse glisser et je la dépose au sol, en lui disant :

- Allons voir monsieur le duc et son épouse.

- C'est inutile, m'interrompt une voix féminine. Nous sommes déjà là.

Nous tournons la tête pour voir s'approcher la duchesse de Westforest, vêtue d'une longue robe rose au col et aux manches ornés de dentelle. Un ruban blanc décore son buste et un autre, rose quant à lui, est attaché dans ses courts cheveux blonds. Elle est accompagnée de son mari, habillé d'un costume bleu marine et d'Aurélie, qui porte ses habituels tablier et bonnet blancs sur une robe sombre.

- J'ai cru comprendre que tu étais blessé, commence la vieille servante en s'approchant de moi. Montre-moi où.

- J'ai été touché à la jambe et sur le côté, mais je vais déjà mieux. Il est inutile de s'inquiéter.

- Le fait que tu es blessé prouve qu'on avait bien raison de s'inquiéter pour toi, rétorque-t-elle. J'examinerai tout ça plus attentivement une fois que tu auras mangé. Tu dois être affamé.

- Ça, oui ! avoué-je en riant.

Elle esquisse un sourire, tandis que le duc dit :

- Voilà donc le médecin que tu nous as amené.

- Oui, c'est bien elle. Comme je l'expliquais à Robin, c'est elle qui m'a sauvé de la mort. Je n'ai donc aucun doute quant au fait que nos malades se rétabliront rapidement grâce à elle.

Le jeune homme aux cheveux châtain la scrute de haut en bas, avant de lui demander :

- Quel est ton nom ?

- Je m'appelle Calandra, répond-elle en faisant la révérence.

- Tu penses pouvoir soigner nos malades comme il se doit ?

- Oui. Je n'ai jamais été diplômée à cause de ma condition féminine, mais j'ai été formée par un bon médecin. Il m'a enseigné tout ce qu'il savait. Je pense donc être en mesure d'accomplir ce que l'on attend de moi.

- As-tu déjà soigné des gens avant Robert ?

- Oui, bien sûr ! J'aidais mon père à soigner ses patients lorsqu'il était encore en vie. J'ai continué ensuite en apportant mon savoir-faire aux plus démunis, qui étaient les seuls, faute de moyens, à accepter mes soins.

- Nous verrons ce que tu vaux demain, lorsque nous irons rendre visite aux villageois. En attendant, dis-moi : combient demandes-tu en échange de tes services ?

Elle semble hésiter, comme si on ne lui avait jamais proposé un payement, puis réponds :

- Je ne vous demanderai que de me fournir tout ce dont j'ai besoin, à commencer par le gîte et le couvert.

"Elle est intelligente !" pensé-je.

- C'est d'accord. Aurélie va te préparer une chambre.

Ce n'est qu'alors que je reporte mon attention sur la vieille domestique et remarque qu'elle fixe la jeune femme aux cheveux noirs avec un drôle de regard. . .

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