Le Premier médecin du duché de Westforest

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Nous arrêtons nos montures et descendons de leurs dos. Les villageois viennent nous accueillir, comme à leur habitude et je constate avec joie et soulagement qu'ils ont meilleur mine chaque jour. Je m'approche d'eux et commence par les saluer :

- Bonjour, mes amis ! Comment allez-vous ?

- Nous allons bien, madame et c'est grâce à vous. Merci !

- Je vous en prie ! C'est un réel plaisir que de pouvoir vous aider. Je vous présente Calandra, votre nouvelle médecin.

Les habitants la dévisagent avec étonnement, puis discutent entre eux :

- Une femme pour médecin ?

- Je n'avais encore jamais rien vu de tel !

- Oui, mais ça ne veut pas dire que c'est impossible. . .

- Si la duchesse l'a choisie, c'est qu'elle doit être compétente. Elle ne nous a jamais déçus jusque là alors faisons lui confiance.

- Nous n'avons pas de temps à perdre en bavardages, les interrompé-je. Allons voir les malades.

Nous nous dirigeons tous ensemble vers le bâtiment où sont logés ces malheureux. En chemin, un homme me désigne l'un des potagers en déclarant :

- Les légumes ont bien poussé et nous pouvons déjà commencer à nous alimenter de façon autonome.

- Quand les champs et les vergers seront prêts pour la moisson et la récolte, nous pourrons enfin manger à notre faim sans plus dépendre de qui que soit et nous serons définitivement sauvés ! s'enthousiaste celle qui semble être son épouse.

- Il faut rester vigilants et prévoyants, les avertissé-je, de mauvaises récoltes peuvent survenir et vous imposer des périodes difficiles, mais si le temps ne nous trahit pas, tout ira en effet pour le mieux. Nous continuerons à vous offrir de la viande de temps à autre comme la chasse vous est interdite.

- Merci, madame ! Votre générosité n'a pas d'égal !

- Je suis convaincue qu'il est du devoir de chacun d'aider ses semblables autant qu'il le peut, lui expliqué-je simplement.

C'est à ce moment que nous atteignons le bâtiment dédié aux malades et je m'engouffre dedans avec Calandra, suivie de mon époux et de Robert, tandis que les villageois nous observent depuis l'extérieur.

- C'est à vous de jouer, Calandra, dis-je en lui désignant les personnes allongées sur les paillasses.

Elle s'approche aussitôt du plus jeune enfant présent dans la salle et je constate ainsi qu'elle a un honorable ordre des priorités. Elle commence par prendre son pouls, puis observe l'intérieur de sa bouche, ses yeux et ses oreilles. Elle sort ensuite de la sacoche qu'elle tient à la main un thermomètre et s'en sert pour mesurer la température du petit. Il s'agit d'un appareil coûteux que seuls les individus fortunés peuvent s'approprier ! Je lui demande donc :

- Cet appareil appartenait à votre père ?

- Oui, j'ai emporté son matériel avec moi.

- Il devait être fort aisé. . .

- Il était médecin alors il gagnait bien sa vie.

- Oui, c'est logique. . . Et votre mère ? Que faisait-elle dans la vie ?

- Je l'ignore. . . Je ne l'ai jamais connue et les rares fois où je posais des questions sur elle à mon paternel, il détournait le regard et son expression s'assombrissait. Je n'insistais pas car je craignais d'avoir réveiller en lui des souvenirs douloureux. Ce qui est étrange, c'est que sur les murs de notre maison se trouvent de nombreux portraits de membres de notre famille, mais il n'y en a pas un seul d'elle. Peut-être ne voulait-elle pas être peinte ou bien peut-être est-elle morte avant d'en avoir le temps. Il est fort probable qu'elle soit décédée en me mettant au monde. . .

Je crois que l'explication est toute autre, mais je n'en souffle pas un mot à la jeune femme. Je ne veux pas lui donner de faux espoirs. Je dois d'abord certifier mes doutes.

Calandra profite de ce silence pour s'adresser au prêtre qui soigne les malades :

- Je vous prie de m'excuser, mais est-ce que cet enfant a souvent besoin d'aller aux latrines ?

- Oui. . . Comment l'avez-vous deviné ?

- C'est bien ce que je pensais. Il faut veiller à le réhydrater souvent et il a besoin d'un régime alimentaire spécial : aucun aliment cru, mais il lui faut des bouillons et des compotes de pommes. Boire une tisane au thym lui fera aussi le plus grand bien. Il faut également veiller à se laver les mains avant et à après tout contact avec lui pour éviter la contagion, affirme-t-elle d'une voix assurée.

Elle a l'air si à l'aise dans ses gestes et ses paroles ! Il est évident qu'elle est une experte dans ce domaine ! Je me tourne vers le rouquin pour lui dire :

- Je te félicite, Robert ! Tu as fait un excellent choix !

- Merci, madame !

- Oui, confirme mon mari. Calandra nous a prouvé qu'elle est une excellente médecin et que la santé des villageois est entre de bonnes mains avec elle. Voilà pourquoi je la nomme officiellement Premier médecin du duché de Westforest, ajoute-t-il en offrant un sourire à la jeune femme aux cheveux noirs.

Ses yeux bleu violacé s'embuent de larmes, tandis qu'elle murmure dans un doux sourire :

- Merci.

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