L'imposteur

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Je porte ma femme dans mes bras et cours en direction de l'église, où je frappe à la porte en bois en appelant :

- Calista ! C'est moi, ma soeur ! Ouvre-moi !

Quelques secondes plus tard, l'un des battants s'entrouvre et l'oeil indigo de la jeune femme apparaît dans l'entrebailement de la porte, puis, en me reconnaissant, elle l'ouvre en grand pour m'accueillir en s'exclamant :

- Vous voilà enfin, mon frère ! Nous étions si inquiets ! Oh ! Diane ! Qu'est-il arrivé à madame ?

- Elle s'est battue aux côtés de Robert pour défendre le village, mais elle ne s'en est hélas pas sortie indemne. Peux-tu la soigner, s'il te plait ?

- Oui, bien sûr ! accepte-t-elle en s'écartant pour me céder le passage.

J'entre et allonge mon épouse sur une paillasse. La jeune femme aux longs cheveux noirs s'agenouille aussitôt à côté d'elle pour examiner sa blessure. Pendant ce temps, je me dirige vers un blessé assis non loin de là et constate :

- Ta blessure est encore récente. Ce sont ces monstres qui te l'ont infligée, n'est-ce pas ?

Il acquiesce :

- Oui, mais grâce à Calista, je suis hors de danger, maintenant.

- Je te reconnais. Tu fais partie des hommes chargés de vendre les meubles et autres objets en bois fabriqués au village. Peux-tu me raconter ce qui s'est passé ?

- Nous étions partis depuis queques minutes seulement, lorsque ces bandits nous sont tombés dessus ! Ils ont jailli des arbres et des buissons environnants et nous ont menacés avec leurs armes, en nous ordonnant de tout leur laisser sans résistance si nous voulions rester en vie. J'ai d'abord tenté de répliquer en brandissant l'arme que je prends toujours avec moi pour me protéger, au cas où, mais ils ont été plus rapides que moi. . . Face à la dangerosité de la situation, mon ami, qui tenait les rênes, a coupé le cuir reliant les chevaux au chariot, m'a pris sur son dos et a pris la fuite sur l'une des montures, en invitant notre compagnon à en faire de même. Il l'a imité et nous sommes revenus au galop pour prévenir madame, qui était encore sur place, de la situation. Elle a ensuite pris les choses en main avec honneur et bravoure. Nous sommes vraiment fiers et reconnaissants d'avoir une dame comme elle pour veiller sur nous.

- C'est à moi de féliciter votre courage et votre excellent réflexe d'être revenus aussi vite que possible pour nous prévenir. Merci infiniment.

- Je vous en prie, monsieur ! Nous n'avons fait que notre devoir. Nous voulions à tout prix protéger nos familles et nos amis, c'était notre unique motivation.

- Voilà qui nous fait au moins une chose en commun, commenté-je simplement. Si je comprends bien, ajouté-je en attrapant mon menton entre le pouce et l'index, ces malandrins voulaient voler nos marchandises et piller le village afin de s'enrichir, quitte à tuer tous ceux qui tenteraient de les en empêcher. La guerre pousse décidément les Hommes aux pires folies. . . Enfin, nous en sauront un peu plus lorsque nous aurons interrogé notre prisonnier.

- J'en ai fini avec madame, mon frère, intervient Calista. J'ai désinfecté, recousu et bandé la blessure. Si aucune complication ne survient, elle est sauvée.

- Merci, ma soeur, dis-je en posant mes mains sur ses épaules et en la gratifiant d'un sourire.

Elle se contente de me le rendre. Je me dirige ensuite vers mon épouse, qui est toujours inconsciente, et prends sa main, sur laquelle je dépose un baiser, en priant :

"Ô, Diane ! Faîtes qu'elle se réveille bientôt et qu'elle reste en bonne santé. Je ne supporterai pas de la perdre. . ."

Je me remémore ensuite les derniers mots de Linaë :

"Je vous aime."

Ainsi, mes sentiments pour elle sont réciproques. Je ne m'attendais tellement pas à une telle déclaration à un moment pareil que j'ai encore du mal à y croire. Est-ce qu'elle avait seulement conscience de ce qu'elle disait ? Il est possible de dire des choses que l'on ne pense pas réellement sous l'effet de la fatigue, de la douleur ou de l'émotion. Et si c'était son cas ? Je pousse un soupir. Pourquoi est-ce que la seule chose dont je doute est celle dont je rêve depuis des mois ?

Je prends mon épouse dans mes bras et lance simplement à Calista :

- Rentrons.

- Je compte sur vous pour prendre bien soin des villageois jusqu'à notre retour, dit-elle à un prêtre.

- Nous nous occuperons bien d'eux, lui promet-il. Nous allons d'ailleurs de ce pas distriubuer des boissons chaudes à tout le monde pour les aider à se remettre de leurs émotions.

Rassurée par les paroles du religieux, elle m'emboîte le pas et nous rejoignons Robert, qui nous attend toujours au même endroit, le seul survivant du camp adverse ligoté devant lui. Je m'adresse à mon compagnon en ces termes :

- Robert ! Tu disais que la plupart des villageois étaient dans l'église, mais où sont les autres ?

- Ils sont allés se réfugier dans la forêt sous mes ordres. Ils ne tarderont pas à rentrer en constatant que les choses se sont calmées.

- Cela signifie que tous les cadavres présents ici sont ceux de nos ennemis. . .

- Oui, la duchesse est extrêmement talentueuse, elle m'a surpris au plus haut point ! Elle en a tué un grand nombre à elle toute seule, sans l'ombre d'une hésitation. Comment va-t-elle, d'ailleurs ? me demande-t-il en constatant qu'elle est dans mes bras.

- Elle devrait s'en sortir, le rassuré-je. Prends cette homme avec toi et rentrons au château. Aurélie et Robin doivent être fous d'inquiétude !

- Nous devrons reconstruire et réparer toutes les maisons qui ont été brûlées ou endommagées.

- Nous le ferons, mais il y a plus important pour l'instant, déclaré-je en posant mes yeux sur la princesse Linaë, ou plutôt celle qui prétend l'être, car je ne parviens plus à croire qu'elle soit la fille du roi Doris et de la reine Jasmine. Quelle princesse aurait pu manier l'épée avec autant de maîtrise et tuer de sang-froid des êtres humains, aussi cruels soient-ils ?

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