Questions

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J'ouvre les yeux et entends aussitôt la voix de Robin annoncer :

- Elle se réveille !

Les visages des serviteurs du château apparaissent bientôt au-dessus du mien. Aurélie me demande :

- Comment vous sentez-vous, madame ?

- Je vais bien, les rassuré-je en me redressant, mais mon épaule me lance immédiatement et je me laisse retomber sur le matelas en gémissant de douleur :

- Aïe ! Enfin, presque. . .

- Il ne faut pas vous agiter, me recommande notre médecin. Votre blessure n'est pas bien grave, mais il faut laisser le temps à votre corps de vous rétablir, sans quoi des complications pourraient survenir.

- Merci, Calista, lui adressé-je avec un franc sourire, mais dîtes-moi : comment vont les villageois ?

- Ils vont bien, me rassure Robert. Nous ne comptons pour le moment qu'un seul blessé, mais il a déjà été soigné par notre fabuleuse médecin.

La concernée rougit sous le compliment du jeune homme.

- Je sais que bon nombre de maisons ont été détruites, mais nous pourrons les reconstruire avant la fin de l'hiver. En revanche, si les champs ont été touchés. . .

- Ils ne l'ont pas été, déclare une voix que je reconnais bien.

Nous tournons tous notre tête en direction de la porte pour voir entrer le duc de Westforest. Ce dernier poursuit :

- Ils ont été épargnés grâce à votre bonne idée de les installer un peu à l'écart des habitations. En clair, les seuls dommages matériels sont ceux causés aux maisons. En attendant qu'elles soient reconstruites, leurs propriétaires pourront se loger chez leurs amis, voisins et même dans l'église s'il n'y a plus d'autre place.

Je pousse un soupir de soulagement, puis m'enquiert :

- Est-ce qu'il y a des survivants parmi nos adversaires ?

- Un seul, me répond mon époux.

- Où est-il ?

- Nous l'avons enfermé dans les cachots en attendant de décider de son sort, mais j'ai plus urgent à régler pour le moment. . .

Il se tourne vers ses serviteurs pour leur dire, du même air impassible qu'il arbore depuis qu'il est entré ici :

- J'aimerai rester seul avec mon épouse. . .

- Oui, bien sûr ! Nous comprenons, dit Aurélie en s'exécutant.

Tous les autres la suivent en silence. Une fois la porte de la chambre refermée, Mathieu franchit la distance qui nous sépare à grands pas et place son visage aux sourcils froncés juste devant le mien, puis me demande, avec un regard grave que je ne lui connaissais pas jusque là :

- Qui êtes-vous ?

Mes yeux s'écarquillent de surprise et le seul son qui peut sortir de ma bouche à ce moment est :

- Hein ?

- Ne faîtes pas l'innocente. Je sais que vous n'êtes pas la princesse Linaë. Quelle princesse sait manier l'épée aussi bien qu'un chevalier et est capable de tuer de sang-froid des êtres humains, aussi monstrueux soient-ils ?

- Et pourtant, j'en suis bien une, lui affirmé-je calmement.

- Comment expliquer ce que j'ai vu dans le village, dans ce cas ?

- Cela n'a rien à voir avec mon rang, quel qu'il soit. Je ne reculerai devant rien pour protéger ceux qui me sont chers. Si c'est pour sauver votre vie, je suis prête à éliminer toute une armée !

Je vois ses yeux s'écarquiller et ses joues s'empouprer, mais il retrouve rapidement son air sérieux et poursuit :

- Soit, mais ce talent au maniement des armes ne peut pas être aussi naturel et instinctif que votre courage et votre altruisme.

- J'ai été entraînée par les meilleurs soldats de Lakisle. Ce sont eux qui m'ont enseigné tout ce que je sais au sujet du maniement des armes. C'est aussi à leurs côtés que j'ai appris le tir à l'arc.

- Pourquoi avoir reçu cette éducation si différente de celle des autres princesses ?

- C'est à cause de la guerre. J'ai pris conscience qu'il était primordial que je me forme à ces disciplines pour pouvoir être capable de me protéger et de défendre tous ceux qui comptent sur moi. Il faut tout prévoir, par ces temps incertains.

- Vous ne vous êtes pas trompée, en tout cas. Ces compétences vous ont été utiles et le seront sans doute encore, même si je ne vous le souhaite pas. Je suis désolé de ne pas être arrivé à temps pour vous éviter cette blessure, ajoute-t-il en posant délicatement sa main sur la partie concernée de mon corps.

- Vous êtes arrivé à temps pour nous sauver la vie et c'est tout ce qui importe, rétorqué-je en posant ma main sur la sienne.

En disant ces mots, je plonge mes grands yeux bleus dans les siens. Je sens mon coeur battre plus fort que jamais et le rouge me monter aux joues, mais je constate que mon visage n'est pas le seul à s'empourprer.

Mathieu se rapproche encore plus de moi. Je peux sentir son souffle chaud sur ma peau. Il dépose un léger baiser sur ma bouche, qui ne dure qu'une seule seconde, puis s'écarte un peu, comme pour guetter ma réaction. Je lui offre alors le plus beau de mes sourires et ce consentement silencieux à sa question suffit pour qu'il m'offre un nouveau baiser, plus long et intense que le précédent. Je ferme les yeux pour le savourer et passe mes bras autour de son cou, malgré la douleur que me suscite mon épaule à chaque fois que je la bouge. Elle est la sensation la moins dominante de cet instant merveilleux.

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