Une plante, un instant et une sensation magiques

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Nous chevauchons au milieu des arbres de la forêt, tout en discutant des récents événements :

- Je suis contente que le duc et la duchesse aient offert une seconde chance à Fidel, déclare Calista. Je me rendais souvent dans les quartiers défavorisés de ma ville pour y soigner les malades et les blessés. J'ai ainsi pu témoigner du quotidien de ces malheureux. Les enfants comme celui qu'était notre nouvel ami, qu'on appelle couramment des "gamins des rues", sont nombreux et sont sans doute les plus à plaindre. Leur organisme étant encore fragile, ils sont les plus exposés aux maladies et à la mort. J'en faisais toujours mes patients prioritaires, mais je ne pouvais hélas pas sauver tout le monde. . .

- Tu n'as rien à te reprocher, lui dis-je. Tu as fait de ton mieux et tu continues à le faire aujourd'hui pour les villageois. Je suis aussi heureux pour Fidel, mais quelque chose nous a intrigués, Robin et moi. . .

- Qu'est-ce donc ?

- Son oeil gauche est constamment caché sous ses cheveux bruns et il refuse de nous le montrer, comme s'il avait peur de le faire.

- Il souhaite peut-être simplement cacher une blessure qui le complexe. C'est plutôt courant.

- Oui, mais ce n'est qu'une supposition. Il y a peut-être autre chose de bien plus mystérieux et c'est ce qui continue de m'intriguer.

- Traitons-le avec affection et respect et il se peut qu'alors, il nous fasse suffisamment confiance pour nous en parler et dévoiler son mystérieux oeil gauche. Nous avons plus important à faire pour l'instant, de toute façon. Le village est toujours en cours de reconstruction.

- Oui, Robin y est d'ailleurs allé aider les villageois à rebâtir et réparer les maisons qui ont besoin de l'être. J'irai moi-même leur prêter main forte lorsque j'aurai fini de t'escorter dans ta cueillette. D'ailleurs, quelles plantes est-ce que tu cherches ?

- C'est un végétal connu pour ses vertus anxiolytiques et sédatives, qui permettent de soulager les maux de tête, l'angoisse et même l'hyperactivité des enfants. Il peut aussi servir à lutter contre les maladies articulaires inflammatoires dégénératives.

- Je vois. . . fis-je sur un ton peu convaincant.

- Tu n'as rien compris à ce que je viens de raconter, n'est-ce pas ? dit-elle en riant.

- Je t'avoue que je ne suis pas un expert dans ton domaine, même si j'ai tout le respect du monde pour ton travail.

- Ce n'est pas grave, me rassure-t-elle. Tout ce que tu dois retenir, c'est que cette plante peut être utilisée pour soigner les maux de tête, l'angoisse, l'hyperactivité et les maladies poussant l'organisme à s'attaquer à la membrane recouvrant les articulations au lieu de protéger le corps des infections. C'est plus clair, comme ça ?

- Disons que maintenant, je sais ce qu'est une maladie articulinflammadé. . . Enfin. . . La maladie qui s'en prend aux articulations, quoi. . .

La jeune femme éclate de rire, puis arrête sa monture pour pointer du doigt un arbre en s'exclamant :

- Là ! Regarde : la plante que je cherche pousse sur cet arbre !

Elle descend de son cheval et marche jusqu'au tronc, bientôt rejointe par moi. Elle avoue ensuite en grimaçant :

- Le souci, c'est que je ne sais pas grimper aux arbres. J'ai grandi dans une ville, ce n'est pas une activité courante, là-bas.

- Ne t'en fais pas, je vais te la chercher, ta plante, la rassuré-je en ôtant ma cape, que je lui confie, afin qu'elle ne s'accroche pas aux branches de l'arbre pendant que je le grimpe.

J'effectue ensuite un bond pour m'accrocher aux branches les plus basses et me hisse dessus. Je monte ainsi rapidement jusqu'au lieu où pousse le végétal dont notre jeune médecin a besoin et lui demande :

- Combien en veux-tu ?

- J'en veux juste de quoi remplir mon panier !

Je remplis ma sacoche des rameaux aux épaisses feuilles vert-jaunâtre et redescends aussi rapidement que je suis monté. Je vide ensuite le contenu de mon objet en cuir dans le panier tressé de Calista, en commentant simplement :

- C'est du gui.

- Tu l'as reconnu ?

- Évidemment ! C'est une plante extrêmement populaire, car, en plus de lui conférer des vertus médicinales, on lui prête des pouvoirs magiques. Certains l'utilisent même comme porte-bonheur.

- Est-ce que tu crois à toutes ces légendes ? me demande-t-elle.

- Peut-être bien, lui répondé-je avec un sourire mystérieux, mais s'il y a bien une chose en laquelle je crois, c'est la tradition qui l'entoure. . . Est-ce que tu la connais ?

Elle hoche simplement la tête en souriant. Je fais un pas vers elle, franchissant ainsi la distance qui nous séparait encore et l'attrape par la taille pour la serrer contre moi, puis me penche doucement vers elle pour lui offrir son premier baiser, qui, au passage, est aussi le mien. Nous fermons les yeux en choeur pour profiter ensemble de cet instant magique, car comment ne pas qualifier de magique une sensation de chaleur si intense qu'elle vous fait oublier le froid mordant de cette journée d'hiver ?

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