Préparation

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J'ouvre les yeux pour découvrir le visage de la déesse Diane sur le ciel de lit, mais la représentation reste quelque peu différente de celle brodée dans notre chambre du château de Westforest. La divinité de Forestisle est représentée sur le ciel de lit de tous ceux qui en ont les moyens afin qu'elle veille sur le sommeil des dormeurs. C'est une sorte de porte-bonheur.

Je me tourne sur le côté pour faire face à mon époux et le secoue doucement en l'appelant :

- Mathieu. Mathieu. Il est l'heure de se réveiller.

Il ouvre un oeil, puis l'autre et me sourit en m'adressant ces mots :

- Bonjour.

- Bonjour, mon amour. Bien dormi ?

- Je vous avoue que quelques heures de sommeil en plus ne seraient pas de refus, mais il est hors de question pour moi de rater une célébration aussi importante.

Je ris et lui enjoins :

- Alors, debout !

Il repousse les draps et s'assied dans le lit pour s'étirer, tandis que je sors de ce dernier et enfile ma robe de chambre. Le printemps est certes de retour, mais les matinées restent faîches. C'est alors qu'on toque à la porte menant à la salle de bain adjacente. Mathieu prend la parole :

- Qui est-ce ?

- C'est Aurélie !

- Entre, Aurélie ! l'invite-t-il, tandis que son visage s'illumine.

La servante apparaît sur le seuil et s'enquiert d'abord :

- Bonjour. Comment allez-vous ?

- Nous allons parfaitement bien, Aurélie, lui répondé-je. Qu'en est-il de vous ?

- Je suis en pleine santé, Diane merci ! Je suis venue vous informer que l'eau du bain est prête.

- Merci, ma bonne Aurélie, lui dit Mathieu en quittant le lit pour se diriger vers la salle de bain.

M'étant déjà baignée la veille, je marche jusqu'à la penderie où nos affaires ont été rangées afin de chercher de quoi m'habiller. Notre dévouée domestique le remarque et me propose :

- Et si je vous habillais, aujourd'hui ?

- C'est gentil, mais ce n'est pas la peine, rétorqué-je. Vous ne vous en êtes jamais occupée et je me débrouille bien toute seule.

- J'admets que vos tenues sont toujours élégantes, mais elles sont bien trop simples pour la cérémonie du Renouveau en pleine cathédrale de Dianapolis en compagnie de la famille royale et des plus hauts dignitaires du royaume.

- J'aime les robes simples car elles permettent une plus grande liberté de mouvement. Elles sont pratiques.

- C'est vrai, mais aujourd'hui, il ne vous faudra pas galoper dans la forêt pour aller prêter main forte aux villageois. Ce n'est donc pas un souci.

- Bon, d'accord. Je veux bien me replonger dans les vêtements luxueux d'apparat, pour une fois.

- Je m'occupe de tout, m'assure-t-elle en allant fouiller dans la penderie.

J'en profite pour me débarbouiller le visage et me brosser les dents. Quand je me tourne à nouveau vers elle, je la vois étendre une robe sur le lit. Elle me fait signe d'approcher et m'aide à ôter ma robe de chambre et ma chemise de nuit, puis couvre mes jambes de longs bas blancs et m'habille d'une chemise claire. Elle emprisonne ensuite mon buste dans un corset, qu'elle lace en veillant à ne pas trop le serrer. Le jupon est la touche finale des sous-vêtements. Il permet de donner de l'ampleur à la robe.

Celle choisie par Aurélie est argentée. Le décolleté est orné de dentelle et d'un noeud de ruban, sur le coeur duquel est cousue une fleur de narcisse en soie. Les manches, s'arrêtent aux coudes dans un tourbillon de dentelle. Enfin, des roses blanches sont brodées sur toute la surface du tissu argenté.

Une fois la robe bien ajustée, la vieille femme m'invite à m'asseoir devant la coiffeuse et entrprend de démêler mes cheveux dorés. Elle les coiffe ensuite en une épaisse tresse, qu'elle maintient à l'aide d'un ruban blanc. Il ne lui reste plus qu'à piquer de petites fleurs aux pétales en soie claire sur ma tête pour achever ma coiffure.

- Passons à la touche finale, commente-t-elle simplement en ouvrant le tiroir pour en sortir le coffret à bijoux que m'a offert la reine Jasmine.

Elle attache un collier de perles au pendantif en diamant autour de mon cou, fait pendre deux boucles d'oreilles en argent se finissant par une perle à mes lobes et orne mes poignets de bracelets, puis mes doigts de bagues assorties.

Elle s'agenouille ensuite devant moi pour mettre à mes pieds des souliers argentés incrustés de perles.

- Vous voilà enfin prête !

Je me regarde dans le miroir et c'est à peine si je me reconnais. J'ai l'impression d'avoir sous les yeux la jeune fille que j'étais autrefois.

Je suis tirée de ma contemplation par le son que fait la porte de la salle de bain en s'ouvrant. Je me retourne et quitte ma chaise pour aller à la rencontre de mon mari, qui entre dans la chambre tout habillé, mais les cheveux encore humides. Il se fige aussitôt que son regard tombe sur moi. Il me dévisage de haut en bas, tandis que ses joues deviennent de plus en plus rouges.

Je lui demande avec un sourire timide :

- C'est Aurélie qui m'a habillée, ce matin. Comment suis-je ?

- Vous êtes magnifique, lâche-t-il dans un souffle.

Je sens mes propres joues s'empouprer. La femme aux doigts de fée nous observe avec un sourire attendri. Nous serions peut-être restés ainsi pour l'éternité, à nous fixer intensément du regard, si elle ne nous avait pas rappelés à l'ordre :

- Je vous rappelle qu'une cérémonie nous attend.

Mon mari écarquille les yeux, regarde autour de lui comme s'il était perdu, puis se ressaisit et admet :

- Oui, tu as raison. Allons-y, ajoute-t-il en me présentant sa main.

Je la prends et nous quittons la chambre aux côtés de notre Aurélie bien-aimée.

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