Ce n'est qu'un "au revoir", voici notre espoir - partie une

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Je suis allongé dans les jardins du palais, la tête posée sur les genoux de ma belle épouse, qui caresse délicatement mes cheveux châtain clair. Je ferme les yeux pour savourer la sensation de sa douce main dans ma chevelure, quand la voix de Fidel me parvient :

- Monsieur le duc, le roi vous demande dans son bureau.

Je rouvre les yeux et l'interroge :

- Sais-tu pour quelle raison il m'attend ?

- Je l'ignore. L'homme qui m'a fait parvenir cette information m'a juste précisé que c'était urgent.

- Je vais à sa rencontre tout de suite, dans ce cas.

Sur ces mots, je me remets prestement debout et rentre dans le bâtiment pour rejoindre le bureau de mon aîné. Je trouve ce dernier dedans, faisant face à l'une des fenêtres. En m'entendant entrer, il se tourne vers moi et m'annonce, avec son habituel air impassible :

- La situation presse. Je vais donc de ce pas t'expliquer pourquoi je t'ai fait venir. Comme je te l'ai déjà dit, nos troupes ont pris l'avantage de cette guerre et ce n'est plus qu'une question de temps avant qu'on remporte la victoire, mais les soldats sont fatigués et lassés. Ils ne voient pas le bout de ce long affrontement, ce qui les décourage. Il faut que tu te rendes le plus rapidement possible à Fieldisle pour remotiver nos hommes et les guider jusqu'au triomphe. J'aurais voulu le faire moi-même, mais je ne peux pas me permettre de quitter le royaume dans un contexte pareil. Je te fais donc confiance pour assurer ce rôle à ma place.

Mes yeux s'écarquillent à l'entente de ces derniers mots : jamais encore mon frère ne m'avait dit qu'il me faisait confiance. Je reste bouche bée devant lui, ne sachant comment réagir, la surprise me privant de tout mouvement et l'émotion nouant ma gorge. Je sens même les larmes monter en moi, sans que je ne puisse les retenir. Ce sont les paroles d'Éric qui me tirent de cet état second :

- Tu ne vas tout de même pas te mettre à pleurer, ce serait extrêmement embarrassant pour nous deux, me lance-t-il en haussant un sourcil.

- Bien sûr que non ! me défendé-je en essuyant promptement mes yeux humides.

- Bien. Tu vas être accompagné par mes meilleurs hommes.

Je hoche la tête et lui promets :

- Je ne te décevrai pas.

- Je n'en doute pas, affirme-t-il avec un sourire sournois. Prépare-toi à présent. Tu dois partir le plus vite possible.

J'acquiesce et tourne les talons, mais au moment de tourner la poignée, je me retourne pour lui dire :

- Je ne sais pas ce qui te prend ces derniers temps, mais je suis content de constater que j'ai finalement de la valeur à tes yeux. Merci, Éric.

- Ne me remercie pas, me répond-il simplement en se tournant à nouveau vers la fenêtre.

Je quitte le bureau et vais dans la chambre qui nous a été attribuée, à mon épouse et moi. Je la trouve à l'intérieur, en pleine conversation avec les deux autres femmes de notre famille. Je demande aussitôt à Calista :

- Fais venir les garçons, s'il te plait, ma soeur. J'ai une annonce à vous faire.

Elle s'exécute sans poser de questions. Je profite de ce temps d'attente pour commencer à réunir les affaires qui me seront indispensables à ma mission, ce qui n'échappe pas aux yeux d'Aurélie, qui m'interroge :

- Pourquoi faîtes-vous vos bagages, mon duc ?

- Je vous expliquerai tout une fois que les autres seront là. Ainsi, je n'aurai pas à me répéter.

Elle respecte ma décision et garde le silence, mais je lis dans leurs yeux une grande appréhension. La jeune femme aux yeux indigo ne tarde pas à revenir en compagnie de mes hommes. Je prends une grande inspiration et leur annonce :

- Le roi m'a chargé de me rendre à Fieldisle pour remotiver les troupes et les guider jusqu'à la victoire. Il compte sur moi, je ne peux pas me permettre de trahir sa confiance. Je pars donc aujourd'hui.

- Nous venons avec vous ! s'exclament les jumeaux en choeur.

- Je refuse, rétorqué-je aussitôt.

- Pourquoi ? ! s'indigne Robin.

- C'est dangereux. Je ne veux pas qu'il vous arrive malheur. Je ne me le pardonnerai pas. Je ne vous l'ai jamais dit, mais. . . Vous êtes comme des frères pour moi. Je ne supporterai pas de vous perdre.

- Ce sentiment fraternel est réciproque, m'avoue Robert, et c'est pour cette raison que nous tenons à vous accompagner. Nous serons plus forts à trois. Nous aurons bien plus de chances de survivre.

- Mon frangin a raison. Il ne faut pas s'inquiéter pour nous. Le danger nous connaît bien. Nous avons réussi à survivre seuls pendant des années, nous le ferons encore bien mieux à trois.

- Merci, les gars, leur dis-je d'une voix émue.

- Je viens aussi, déclare le jeune brun. Je vous dois bien ça.

- Non, Fidel. Tu dois rester ici pour veiller sur ces dames. Je serai plus tranquille en les sachant entre de bonnes mains comme les tiennes.

- Je les protégerai au péril de ma vie, je vous le jure !

- Je sais bien. Merci, ajouté-je en lui administrant une tape fraternelle sur l'épaule.

- Je vais vous préparer des provisions pour le voyage, dit Aurélie en se levant prestement pour quitter précipitemment la chambre.

Je comprends tout de suite à sa précipitation et à sa voix tremblottante qu'elle est partie rapidement pour cacher son chagrin. Je décide donc :

- Je vais lui parler.

Je la rejoins dans le couloir et la retiens par la main. Elle se retourne en sursaut et c'est alors que je découvre son visage baigné de larmes. J'essuie l'une d'entre elles de mon pouce en lui disant d'une voix douce :

- Ne pleure pas, ma bonne Aurélie. Nous serons bientôt de retour, sains et saufs. Nous ferons tout pour.

- Vous êtes comme des fils pour moi, lâche-t-elle entre deux sanglots, surtout vous, dont je m'occupe depuis votre naissance. J'ai déjà perdu un mari, je ne veux pas perdre mes enfants en plus.

- Nous ferons en sorte que tu ne les perdes pas, c'est promis. Ne sois pas triste, je n'aime pas te voir dans cet état.

Elle sort un mouchoir de la poche de son tablier pour essuyer son visage. Je me penche sur elle et dépose sur son front un baiser filial, puis la rassure d'un sourire :

- Tout ira bien.

Ce n'est pas une promesse, car je ne peux rien garantir de côté-là, mais c'est l'espoir que je nourris pour me donner le courage d'aller de l'avant.

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