La fiancée du roi Éric

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Je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit. Je continue de fixer l'endroit où il était allongé à mes côtés il y a quelques jours seulement. Mon coeur se serre à la simple idée que je ne verrai plus jamais son adorable visage endormi en me réveillant, comme j'en avais pris l'habitude depuis mon arrivée à Forestisle, mais je ne pleure pas. J'ai déjà tant sangloté que je n'ai plus de larmes. Mes yeux rougis et gonflés restent donc secs.

C'est alors que j'entends trois coups fermes contre la porte. Je réponds d'une voix lasse :

- Si ce n'est pas urgent, je ne veux recevoir personne pour le moment.

- Pas même le roi ? me répond la voix du jeune souverain.

Si cet homme si occupé prend la peine de venir me voir, c'est que ce doit être important. . .

- C'est bon, lui accordé-je.

J'entends la porte s'ouvrir et se refermer, puis les pas assurés du monarque sur le tapis recouvrant le sol de la chambre. Il contourne le lit pour me faire face et s'assied sur le rebord. Je me redresse, en m'excusant :

- Je suis désolée pour mon apparence. Je ne suis pas du tout présentable.

En effet, je suis encore en chemise de nuit et mes cheveux blonds sont en désordre. Il me rassure cependant :

- Je comprends, vous êtes en deuil, mais il ne faut pas laisser le chagrin vous détruire. Il faut vous ressaisir rapidement.

- Merci pour le conseil.

- Il était donc si cher à votre coeur ?

- Je l'aime comme je n'ai jamais aimé personne.

- Je vois. . . commente-t-il simplement.

- N'êtes-vous pas venu pour me dire quelque chose d'important ? Vous êtes un homme si occupé. . .

- Ne puis-je donc pas prendre la peine de venir réconforter la femme de mon défunt cadet ? dit-il sur un ton compatissant. Cependant, ajoute-t-il en reprenant sa voix impassible, il est vrai que ce n'est pas la seule raison de ma visite.

- Quelle est l'autre ?

- Maintenant que votre époux n'est plus de ce monde, plus rien ne vous rattache à cette terre, car, pour protéger les biens de notre famille, mais aussi et surtout le royaume, le duché n'est légué à la veuve de son ancien propriétaire que s'il ne lui restait qu'elle comme famille. Or, je suis encore là. Le domaine me revient donc de droit. Cela signifie qu'il vous faudra retourner à Lakisle, soit pour finir votre vie en tant que veuve dans le royaume de vos parents, soit pour vous remarier. Il me semble cependant qu'il y a encore ici des êtres chers qu'il vous serait douloureux de quitter pour toujours, n'est-ce pas ?

Je hoche lentement la tête.

- Voici donc ma proposition : une fois la période du deuil passée, je vous épouse. Ainsi, il ne vous faudra pas quitter ce royaume et vos amis. Qu'en dîtes-vous ?

Mes yeux s'arrondissent d'étonnement. Je ne m'attendais pas à une telle suggestion de la part d'Éric. Je parviens tout de même à lui répondre :

- Je vous remercie pour votre généreuse proposition, mais je ne peux l'accepter. Mathieu est le seul homme que j'ai aimé et que j'aimerai. Je ne peux envisager d'épouser quelqu'un d'autre.

Il lâche un petit rire sombre, qui fait naître un frisson le long de ma colonne vertébrale, puis déclare sur un ton froid, accompagné d'un sourire machiavélique :

- Je crains qu'il vous soit impossible de refuser, car à vrai dire, vous m'êtes promise depuis des années, n'est-ce pas, princesse Jenna. . .

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