Introduction

3 minutes de lecture

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Bonjour chers lecteurs ou lectrices, je vous écris ce petit mot d'abord pour vous remercier de commencer à lire cette histoire, mais également pour vous proposer une autre version du chant présent dans ce passage afin d'agrandir votre culture musicale (liens en commentaire) !

Bonne lecture à vous !

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Alors que l’évêque finit sa lecture et se rassoit, le chœur entame Ave Maria. En ce jour de l’Assomption, le chant résonne plus fort, plus pur, ou peut-être que c’est juste moi qui ai l’impression que tout le monde y met plus de cœur. Mais honnêtement ? J’en ai un peu rien à faire. La religion, ces derniers temps, c’est plus vraiment mon truc. Si je suis là, c’est parce que toute la famille y est. Et je n’ai pas envie de me taper un long discours moralisateur sur l’importance de la foi, la tradition, “les vraies valeurs" pendant le repas de famille qui suit. De temps en temps, j’arrive à l'esquiver avec un faux mal de ventre ou autre, mais là, pas moyen.

Je ne chante pas vraiment. Je regarde autour de moi, histoire de tuer le temps, et je remarque un gars que je n’ai jamais vu parmi les choristes. Un peu plus grand que les autres, blond clair, yeux bleu turquin. Il me fixe. Puis me fait soudainement un sourire accompagné d’un clin d’œil. "Qu’est-ce qu’il me veut, lui ?", pense la petite voix dans ma tête, pas hyper ravie.

Je détourne les yeux et me replonge dans les rituels interminables : lectures, homélie, Credo, corps du Christ et compagnie. J’écoute à peine. Mais plusieurs fois, je me surprend à le chercher du regard. Ce garçon. C’est plus fort que moi. Et à un moment, pendant une de ces phrases scandées en chœur — à laquelle je répond machinalement sans réelle conviction —, je le vois, lui ne dit rien. Il se contente de regarder. C’est intriguant, Les choristes, en général, c’est les plus pratiquants, les plus fervents. Enfin, je crois.

Monseigneur Blaquart annonce enfin ma partie préférée de la messe : la fin, avec un “Allez dans la paix du Christ” qui fait presque l’effet d’un miracle à mes oreilles. Tout le monde se lève, se signe, s’étire en silence. Ma mère, mes tantes et ma grand-mère maternelle foncent vers l’autel pour féliciter les prêtres et répéter à l’évêque que “le sermon était particulièrement inspirant cette fois-ci”. Routine bien huilée.

Nous autres, mon père, les cousins et moi, on se laisse porter par le flot de fidèles qui quittent lentement la cathédrale Sainte-Croix. Dix minutes plus tard, le reste de la famille nous rejoint à l’extérieur, toujours en train de s’extasier sur “les moments forts”.

Direction la maison. Direction la maison. Le traditionnel repas du 15 août nous attend. Un grand classique. Une fois arrivé chez nous, mon père me demande d’aller chercher Mamie Paulette, sa mère, qui “se repose” à l’étage. Traduction : elle a évité la messe, comme une pro. Faut dire que, comme moi, la religion et elle, ça fait deux. Elle a prétexté une fatigue ce matin, et on lui a proposé de rester à la maison. Enfin, on… c’est surtout mon père et moi. Mon autre grand-mère, elle, même en coma, faudrait l’emmener à l’église tous les dimanches. Question de principe. Je monte donc. Je toque doucement à sa porte.

— Mamie ?

— Oui, Marius ?

Elle est assise sur son lit, peignoir sur les épaules, télé allumée sur un vieux jeu de culture générale. Elle me sourit.

— Fatiguée, hein.

— Ah bah, que veux-tu, mon petit. Une excuse qui marche est une bonne excuse, dit-elle avec un clin d’œil.

On éclate de rire. C’est ça que j’aime avec Mamie Paulette : je peux être moi-même. Vraiment. Pour la petite histoire : elle a divorcé de mon grand-père à soixante-dix ans. Motif ? “J’ai pas envie de m’emmerder dans une vie de retraitée monotone.” Mon grand-père passait ses journées devant la télé, elle a dit basta, et s’est mise à sortir avec ses potes, aller au bar… Bref, revivre.

On descend tous les deux, et l’apéro commence. Enfin, ma mère, mes tantes et ma grand-mère arrêtent de parler de la messe. Victoire temporaire, mais savoureuse. L’apéritif est rapide, tout le monde a faim après cette interminable messe. On se met à table pour le fameux repas du 15 août, qui comme chaque année s’annonce des plus merveilleux.

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