Les castes en France

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Ca me grattait d’écrire une bafouille sur la société française, d’un point de vue sociologique et en se focalisant sur les classes sociales d’aujourd’hui.

Sociologique et non sociétal ou social hein !
Ne pas confondre, sociétal, ça fait savant et plus intelligent que sociologique, mot devenu ringard, mais sociétal et social ont un autre sens.

A vos dicos fainéants !

Le mouvement des « Gilets Jaunes » y est pour quelque chose dans cette intense démangeaison.

Voici ma vision personnelle, partisane, imparfaite et raccourcie de la société française et de ses classes sociales.

C’est parti, mon kiki !

  1. La France de la classe moyenne qui, majoritairement, vit dans les grandes et moyennes villes, la France des urbains

Cette France des urbains qui correspond peu ou prou à la France dite des classes « moyennes », je déteste ce mot « classe moyenne », ça fait moyen en tout, minable, qui n’y arrive pas, est, sociologiquement, un ensemble très hétérogène et représente environ 50% de la population.

Cette classe moyenne a des sous mais ne fait pas pour autant partie de la France riche. En d’autres termes, la classe moyenne ne se prive pas mais fait attention à son budget.

Cette classe moyenne se situe sur une échelle assez large : cadres moyens et supérieurs, agents de maîtrise, professions libérales qui gagnent bien leur vie sans être riche, une partie des enseignants - ceux qui ont réussi à sortir leur épingle du mamouth : professeurs des universités, maîtres de conférences -; patrons des petites entreprises, ….

C’est ce que je nomme la classe des « bobos ». Bobos écolos, plus ou moins gauchos, centraux-droitiers, gaucho-centraux, développement durable, panneaux solaires, biomasse et tutti quanti.

Classe qui, principalement, exerce dans le secteur tertiaire dit « des services ». En d’autres termes, les cols blancs, en opposition aux cols bleus, le bleu de l’usine.

Une France plus ou moins branchée, « in », qui se veut ouverte d’esprit et affiche sa tolérance vis à vis de la différence : homos, lesbiennes, trans, étrangers de toutes couleurs et de toutes religions, drag queens et autres individus aux attitudes, aux modes de vie et aux looks expérimentaux, bref une France humaniste.

Une France qui, dès sa sortie, achète le dernier Iphone.

Ces urbains/bobos sont plus ou moins cultivés (leur culture étant parfois plus un vernis qu’une réalité), suivent les dernières nouveautés technologiques, culturelles, vestimentaires et fréquentent théâtres, concerts, salles obscures et festival d’Avignon.

Ces urbains/bobos voyagent, à l’étranger, en France pendant leurs congés et/ou pour leur travail et ne manqueraient pour rien au monde la « fashion week », bavant d’acquérir la dernière fringue Gucci à la mode.

Une France à la conscience politico-sociétale plus ou moins développée – sociétal, j’adore ce mot alambiqué qui tourneboule bien des esprits - une France un peu-moyen-beaucoup intello, avec qui il ne faut pas la ramener si on n’est pas certain de ce qu’on affirme et plus ou moins sociétalo-politiquement incorrecte.

Urbains/bobos prompts à manifester pour montrer leur mécontentement si quiconque ose toucher à l’école laïque, à la sécu, au système des retraites, en résumé, aux spécificités françaises qui font envie aux pays qui en sont dépourvus.

Cette France d’urbains/bobos, la « boboisation » des villes étant devenue presque systématique dans les grandes et moyennes villes s’émerveille devant le dernier chien ridicule, aux couleurs criardes, de style kitsch néo-pop – accrochez-vous les potos, je sais qu’il faut prendre son élan pour me lire - de Jeff Koons qui refourguera son toutou à un prix dément.

Toutou nommé THE « Balloon Dog ». Rien qu’ça ! Heureusement que le ridicule ne tue point.

Depuis que cet œuvre d’art existe et qu’elle a été déclinée en différentes couleurs, ça me démange à un point inimaginable de m’en approcher avec une aiguille et PLOF plus de « Balloon Dog » ! Crevé le ballon !

C’est mon côté sale gosse qui ressort, c’est plus fort que moi, et certains esprits tourmentés penseront que je suis méchante alors que je suis douce comme une agnelle.

Urbain/bobo qui tirerait une fierté sans nom d’avoir ce morceau de plastique tout pourri dans son salon, qui gonflerait la poitrine chaque fois qu’un invité verrait qu’il a eu les moyens d’acheter le meilleur pote de l’homme version plastifiée et qui jouirait de montrer qu’il y a de l’art chez lui.

On jouit comme on peut ! « De l’art vous avez dit de l’art ! D’art d’art ! ».

Pour ceux qui ne connaissent pas cet artiste, le plus cher au monde, que dis-je, ce créateur incontournable, et HOP une recherche sur Google.

Ce même urbain/bobo, en visite chez vous et en examinant un de vos meubles prodiguera le conseil suivant : « tu devrais customiser ton meuble, ce serait plus vintage ».

Ceux qui n’ont jamais entendu une telle sornette auront l’impression, en lisant cette injonction, de lire une phrase dans une langue étrangère, genre esperanto que certains farfelus aimeraient que la terre entière apprenne, naïfs qu’ils sont de croire que cette langue puisse détrôner, dans un improbable futur, la langue de Dickens !

Are you kidding ? Is it a joke or what ?

Langue faut-il le rappeler, créée artificiellement, l’espéranto pas celle de Dickens, vous suivez ?.

En France, pays où on est d’une nullité crasse dans l’apprentissage des langues étrangères notamment parce que les Français n’ont pas d’oreille à cause de la langue française qui est atonale, il n’y a aucune chance pour que l’espéranto trouve preneur.

Mais je m’égare …

Le « tu devrais customiser … blic blic blic », c’est du vécu, je le jure sur la tête de mon Papa.

Des années après qu’une bobo du 11ème arrondissement, ait proclamé cela, au cours d’un dîner, mon époux et moi rions encore, gorge béante, de cette sortie lumineuse, que dis-je époustouflante, et qui, pour nos oreilles, n’a aucun sens.

Ces bobos, planqués derrière leur humanisme propret, bien-pensant et bon teint, lorsqu’ils se sentent en confiance dans un dîner en ville, clameront haut et fort que : « … quand même, tous ces gilets jaunes sont bas de plafond et si une femme de ménage est femme de ménage c’est parce qu’elle est incapable de faire autre chose … ».

Ca c’est fait, j’ai désormais tous les bobos à dos !

2. La France de la classe aisée, la France des riches, des nantis, des ultra-riches, appelons cela comme vous voulez, une France majoritairement urbaine également

C’est la France minoritaire en nombre mais qui représente environ 20% de la population et qui capte la majorité de la richesse du pays.

Les riches fonctionnent en circuit fermé, la richesse générant la richesse.
Les banques ne prêtent qu’aux riches, c’est bien connu.

Les riches ont leur propres pratiques, us et coutumes. Ainsi en va-t-il de l’endogamie, en d’autres termes, ils se marient et se reproduisent entre eux, - « on ne va tout de même pas se mêler à la fange » - ai-je entendu au cours d’une soirée où je n’avais pas du tout ma place. Ainsi en va-t-il de la cooptation, du népotisme, de la corruption pour servir leurs intérêts propres, du lobbying à fond les « Balloon Dogs ». Les riches font partie de la franc-maçonnerie pour un grand nombre, sortent des grandes écoles et avant cela, des lycées « pouet pouet prout prout ».

Les riches détiennent non seulement les richesses mais le pouvoir, l’un n’allant pas sans l’autre.

Ces riches sont obsédés par l’argent et cherchent, avec une avidité sans borne, à gagner toujours plus. On se demande alors quel est le sens profond, si sens il y a, de gagner toujours plus et de cumuler tant de richesses mobilières et immobilières, - bijoux, tableaux, yacht, montre Rolex, stock-options, maisons luxueuses et appartements, placements juteux et autre « parapluie » qui protègent les riches et leur descendance, à jamais, de la pauvreté. Ces riches s’agrippent à leur oseille comme le tic qui transmet la maladie de Lyme et sont convaincus de participer bien assez comme cela à l’effort national.

A quoi cela peut-il bien servir de cumuler ainsi ? Quelle en est la finalité ?

Questions philosophico-fondamentales auxquelles il est impossible d’apporter une réponse rationnelle.

Au cours d’un dîner, chez nous, un ami avait suggéré que chaque héritage soit partagé entre tous.
Il avait proposé, d’une manière rapide qu’il convenait d’affiner, comment effectuer ce partage : la somme de tous les héritages des personnes décédées sur une année civile serait calculée à chaque fin d’année civile et chaque citoyen percevrait sa part annuellement à condition qu’il soit vivant au moment du versement. Il y aurait des exclus : prisonniers, ....

Que n’avait-il pas proféré ? Il a été traité par les autres convives d’anarchiste, de fou, d’homme dangereux. L’idée est loin d’être farfelue, stupide car elle rétablirait une égalité entre tous, au bout d’un certain nombre d’années, et nous pourrions vivre dans une société un peu plus égalitaire, société qui est devenue, ces dernières années, extrêmement inégalitaire.

Les riches sont convaincus que tout s’achète, le pire étant que ce n’est pas faux.

Le statut de riche protège les riches des vicissitudes de la vie et, de plus, c’est comme s’il y avait une auto censure de la société vis à vis des riches, société qui ose à peine envoyer le riche en prison pour détournement d’argent ou je ne sais quel crime financier alors que le pauvre, qui vole une orange à l’étalage, y séjournera illico presto.

Il suffit d’observer les peines infligées aux riches quand peine il y a, ce qui est fort rare, et le traitement, en prison, si toutefois, miracle, le riche se retrouve encabané, aucune commune mesure avec ce que le pauvre subira en prison.

C’est la France des grandes entreprises, de type LVMH et de son patron B.A. qui est la vedette, « à l’insu de son plein gré », de l’inoubliable documentaire « Merci Patron » de Fakir/François Ruffin (Merci François, ce documentaire est génial). Si vous n’avez pas vu ce documentaire, lors de sa sortie au cinéma, je vous encourage vivement à acheter le DVD, c’est inénarrable.

C’est la France de certains politicards qui se bâfrent de homards géants (la photo publiée des bestioles en question m’a mis - grave - l’eau à la bouche), s’enrichissent sur le dos du contribuable à coup de malversations, de magouilles, de pots de vin, de détournement de l’argent public, de comptes planqués en Suisse ou dans les îles trucmuche ou encore de montages financiers tels qu’il faut des années pour en comprendre le mécanisme.

C’est la France des très hauts fonctionnaires ; la France des sociétés telles Amazon, Google, Apple qui se débrouillent pour ne surtout pas payer l’impôt en France ou un montant qui ne correspond en rien aux formidables profits que ces sociétés font; la Frnace de certains artistes richissimes qui s’émeuvent à la vue d’un « Gilet Jaune », ont la larme à l’oeil et la voix tremblotante et crient au scandale devant tant d’injustice sociale. Ces riches artistes ne seraient pas disposés pour autant à partager leur richesse.

Une France qui se débrouille parfaitement bien pour ne pas payer d’impôt ou si peu, au regard de leur richesse.

Ces riches méprisent à peu près tout le monde, ils sont hautains, arrogants et condescendants vis-à-vis de ceux qu’ils font trimer.

Ces riches se voient intouchables et indétrônables et sont convaincus que le pays ne fonctionnerait pas sans eux. Ils oublient constamment et volontairement que, sans les « petites mains », le pays ne fonctionnerait plus et serait bloqué.

Ces riches sont contraints de côtoyer ces « salauds de pauvres » dont ils ont besoin pour occuper les boulots de merde qui leur saliraient les mains et qu’ils seraient bien incapables d’exercer n’ayant ni les compétences, ni l’appétence pour un travail qui ne serait pas digne d’eux en raison de sa pénibilité, de sa saleté, de sa dangerosité, de son absence d’intérêt.

Ces riches nomment les pauvres : les « sans dents », j’ajouterai les « sans lunettes », la France idiote et transparente, raciste, ignare, inculte, la France des assistés sociaux paresseux qui coûtent un « pognon de dingue » et qui, de plus, refusent de travailler.

Ca c’est fait, j’ai désormais tous les riches à dos !

3; La France de la classe populaire et pauvre des périphéries urbaines, c’est-à-dire la périphérie des moyennes et grandes villes, la France ruralo-agricole, la France des hameaux, des villages et des minus villes

C’est la France invisible, la classe dite « populaire et des pauvres », classe sociale chère à feu Georges Marchais et à pas feu ma copine Arlette qui, aux dernières nouvelles, est toujours vivante, et la France de la « petite » classe moyenne, c’est-à-dire la frange basse de la classe moyenne.

Cette classe populaire et pauvre représente environ 30% de la population dont 14% de pauvres.

30%, un chiffre ENORME !

L’écart entre cette France et les deux classes précédentes est immense. C’est le grand écart et pour exécuter un si grand écart, z’avez intérêt à être souple et bien entraîné.

Cette France est composée d’individus qui travaillent pour les bobos, les riches et les entreprises.

C’est la France plus ou moins smicarde, quand elle a la chance d’être à temps plein, souvent à temps partiel et qui doit parfois cumuler plusieurs boulots, tous aussi pénibles les uns que les autres, pour survivre, un France peu ou pas diplômée.

C’est la France des immigrés qui triment dur ; des femmes de ménage – zut, il faut dire agent de propreté ou agent de nettoyage - ; des « petits employés » dans divers secteurs et métiers - je déteste ce terme de « petit employé » utilisé par les sociologues, avec-vous remarqué que dès qu’on évoque cette classe sociale, tout est petit : « petites mains », « petite classe moyenne », « petit retraité », … ?; des nounous ; des aides-soignantes; des brancardiers ; des ramasseurs des ordures ; des caissières ; des boulangers, des manutentionnaires ; des livreurs ; des ouvriers et bien que l’ouvrier soit devenu une denrée rare, seulement 23% environ (les usines ont, en grande partie, fermé); des petits artisans et commerçants qui s’en sortent tout juste, leur affaire ou leur commerce vivotant ; des agriculteurs grâce à qui nous becquetons chaque jour et qui se suicident faute de pouvoir vivre de leurs exploitations avec une surmortalité, dans cette activité, confirmée par la sécurité sociale.

La France qui bosse en plein cagnard ou dans le froid sur les chantiers où on entend parler pakistanais, turc, roumain, polonais ou moldave, toutes langues qui ont détrôné l’italien, le portugais et l’espagnol, ces Européens ne travaillant plus sur les chantiers de Bouygues, Vinci & Co.

Quant aux « Gaulois », il y a belle lurette qu’ils ont cessé d’exercer dans les métiers du bâtiment.

La France dont ces individus sont considérés par bobos, riches et entreprises comme interchangeables, à la merci d’un licenciement pour une peccadille et du jour au lendemain, qu’on embauche et qu’on jette, comme le quignon de pain rassis, et qu’on exploite jusqu’à la rupture : rupture nerveuse/psychologique/mentale, rupture physique avec son cortège de douleurs et de maladies.

Des individus qui sont souvent humiliés, jamais ou peu encouragés et encore moins récompensés, bobos et riches considérant comme normal le dur labeur effectué dans des conditions de merde pour un salaire de merde.

Pas de 13ème mois, pas de mutuelle payée par l’employeur, pas de subvention employeur pour déjeuner, pas de remboursement systématique des transports en commun, pas de comité d’entreprise qui propose des voyages à 500€ tout compris pendant 1 semaine à l’autre bout du monde, pas d’intéressement, ni de participation et encore moins de primes qu’elle qu’en soit la nature pour cette France-là.

Parlons picaillons : c’est la France qui compte chaque euro, comment faire autrement avec 1 000€ net par mois ? c’est la France qui part peu ou pas du tout en vacances, qui fait attention aux dépenses de Noël, de la rentrée des classes, de vêtements, de chauffage, qui vit éloignée des services de l’Etat et qui voit petites villes, villages et hameaux se désertifier.

La France qui ne peut payer implants dentaires et lunettes avec verres progressifs sans reflet et amincis.

Et c’est également la France des célébrissimes « Gilets Jaunes ».

AH ! Nous y voilà ! Il était temps ! ENFIN !

Attention ! PIF-PAF-POUF ! Terrain glissant et donc casse-nez, sujet hautement délicat pour lequel peser ses mots est capital si on ne veut pas se faire incendier, insulter ou menacer de mort ! Chaque mot pouvant être interprété sans fin et alors que de telles interprétations n’ont pas lieu d’exister. De plus, on cherchera à savoir si vous défendez ou pas ce mouvement, si vous êtes pour ou contre et comme s’il fallait absolument être enfermé dans un sac hermétique idéologico-sociologico-socialo-sociétal.

Si je m‘en tiens aux très nombreuses études sociologiques effectuées, depuis novembre 2018, par des sociologues tout ce qu’il y a de plus sérieux, les « Gilets Jaunes » ont petito-modo le profil suivant : Des individus relativement disparates qui revendiquent un large apolitisme mais dont 42% sont de gauche, 15% d’extrême-gauche, 5% d’extrême droite, quant à la droite, j’ai oublié le pourcentage et on s’en tamponne le coquillard :

  • Majoritairement des employés, des artisans, des commerçants, des patrons d’entreprises de moins de 10 salariés, beaucoup d’inactifs dont essentiellement des retraités, 14% d’ouvriers seulement, très peu de cadres et très peu d’immigrés
  • Moyenne d‘âge : 45 ans
  • Beaucoup de femmes célibataires qui élèvent, seules, leurs enfants et qui, le 10 du mois, n’ont déjà plus une roupie pour subvenir aux besoins indispensables
  • Peu de diplômés (CAP/BEP pour les plus diplômés) et des individus globalement moins diplômés que la moyenne nationale qui a le baccalauréat
  • Provenance : milieu rural, péri-urbain et petites villes

C’est la France oubliée par les urbains/bobos et les riches qui ne fréquentent cette classe pop et pauvre qu’en qualité d’employeur, et oubliée des entreprises qui ne les utilisent que pour leur besoin de main d’oeuvre bon marché, pour faire les « sales » boulots et les exploitent autant que faire se peut. Heureusement qu’il subsiste encore quelques textes réglementaires favorables aux travailleurs sinon l’esclavage, dans ce pays, aurait déjà été rétabli pour le plus grand plaisir du patronat, des riches et des entreprises qui n’aspirent qu’à cela.

L’humanisme politiquement correct des urbains/bobos de la classe moyenne fait que, quand même, ils n’osent pas rêver de faire des classes pop et pauvres des esclaves. Mais la frontière est mince, ne vous y trompez-pas.

C’est la France totalement exclue du partage des richesses et d’un ascenseur social en panne depuis longtemps.

C’est la France qui rêve de consommer jusqu’à plus soif et qui, parfois, cède aux sirènes de cette consommation généralisée, se privant de satisfaire des besoins de base pour acheter le dernier Samsung Galaxy S je ne sais même pas à quel nombre nous en sommes.

C’est la France qui aimerait posséder tout ce qui se fait de mieux technologiquement, en fringue, en godasse, en bagnole, en décoration. Si on est lucide, on se rend compte que les pauvres ne demandent, à juste titre, que leur part du marbré au chocolat.

Au final, tout ce petit monde vit dans le même pays, cohabite plus ou moins - il suffit parfois d’une rue, d’une route pour passer d’un monde à l’autre - se côtoie mais n’échange pas, chaque composante de ce petit monde détestant la composante d’à côté.

C’est la pauvreté qui fait peur, comme le cancer qui, quand on annonce à quelqu’un qu’on a cette maladie, fait tout pour éviter le sujet.

Peur d’être contaminé.

C’est une peur tribale et ancienne, peut-être inscrite dans nos gênes, qui nous renvoie à notre passé lointain, du temps où il fallait que l’homme préhistorique se batte pour manger, se chauffer et survivre dans un monde très hostile.

Il ne faut pas se méprendre, le bobo et le riche ont peur un jour de devenir pauvre, par un concours de circonstances désastreux : maladie, accident grave, divorce catastrophique qui entraînent le chômage qui entraîne la pauvreté.

Le pauvre, qui est déjà pauvre, a peur de perdre le peu qui lui reste, conscient qu’il n’a pas, pour le moment, touché le fond mais que cela pourrait arriver.

La peur de la pauvreté est d’autant plus grande que, dans les pays occidentaux riches, nous vivons dans une société de surconsommation permanente avec la création incessante de besoins pour des possessions toutes plus inutiles les unes que les autres.

Mes hommages « aux Gilets Jaunes » que je salue bien bas.

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