Chapitre 6

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Elles traversèrent de nombreux couloirs, montèrent plusieurs escaliers et prirent même un ascenseur pour finalement arriver devant une petite porte en bois dans une tour du château. Neven n'en pouvait plus, ses jambes et ses poumons étaient en feu après tout ces efforts physique. Larah, elle, se portait comme un charme, légèrement essoufflé par l'effort, mais pas à l'article de la mort comme Neven. Que pouvait-elle bien vouloir lui montrer comme ça ?

Larah ouvrit la petite porte et fit un signe à sa camarade de la suivre. Neven s'exécuta et pénétra dans l'étroite pièce. Elle regarda autour d'elle, tandis que Larah referma derrière elle. L'endroit n'était pas plus grand qu'un placard à balai. Et d'ailleurs, il semblait bel et bien que c'était un placard à balai. Elle et Larah devaient presque se coller l'une à l'autre pour pouvoir tenir dedans. Cela rendait Neven nerveuse, bien plus qu'elle ne l'était en temps normal. Pour se détendre, elle opéra de se concentrer sur sa respiration et de regarder dans une autre direction que celle de Larah. Une autre petite porte attira son attention et la jeune fille se demanda, où diable Larah pouvait-elle l'emmener. Elle espérait au fond d'elle que sa camarade ne lui préparait pas un mauvais coup.

Lorsque Larah ferma la porte par laquelle elles étaient passé, le noir complet ce fit. Neven en fut premièrement surprise puis commença à s'inquiéter par la suite. Elle sentit Larah bouger près d'elle sans pouvoir voir ce qu'elle faisait. Voulant cacher son inquiétude, Neven prit un ton faussement assuré et dit :

— C'est un placard à balai...

— Je sais.

La voix de Larah ce fit entendre dans le noir, un peu plus loin. A quel moment s'était-elle déplacé ? Une lumière vive envahit le placard ainsi qu'un léger vent frais. Larah venait d'ouvrir la seconde porte menant vers l'extérieur. La jeune fille se tourna vers Neven un petit sourire affiché sur le visage.

— Tu viens ?

Neven hésita un instant, puis se mit à suivre Larah. Lorsqu'elle passa le seuil de la porte l'adolescente fut estomaqué par la scène qui se dressait devant elle. Une étendue de verdure à perte de vue avec en prime un début de coucher de soleil dont les couleurs jaunes orangés tapissaient l'immense forêt. Le soleil semblait vouloir éclairer de toute sa puissance une dernière fois avant de laisser place à la noirceur de la nuit. La clarté laissait place au mystère. Tout ceci était digne d'un tableau peint par un grand artiste. Au loin, dans une symphonie harmonieuse, le son des oiseaux chantant se faisait entendre. Quoi de mieux pour les oreilles ? Cela changeait du bruit des rouages et des machines à vapeur. Un léger vent caressa le visage de Neven, la faisant légèrement frissonner.

Debout à côté d'elle sur le petit balcon en bois, Larah, le regard perdu au loin et admirant ce que la nature avait de mieux à leur offrir. Elle semblait tellement apprécier le moment que Neven n'osait pas la déranger. Alors elle resta là, en silence, attendant que sa camarade prenne la parole.

— Qu'est-ce que tu en penses ? lui demanda-t-elle finalement.

— C'est magnifique, répondit Neven sous le charme. Est-ce que c'est ça que tu voulais me montrer ?

— Larah acquiesça. Ses yeux s'étaient détaché du paysage pour se poser sur Neven.

C'est pas tout, ajouta-t-elle.

Larah fouilla dans son sac et en sortit une longue vue en métal cuivré. Elle la déploya et la tendit à Neven qui la prit délicatement par crainte de la faire tomber.

— C'est le point culminant du château. La plus haute tour. D'ici tu peut voir les frontières des différentes régions.

— Sérieusement !

— Ouais. (Elle pointa du doigt un tout petit point noir face à elles). Tu vois ce point noir qui dépasse là-bas.

Neven plissa les yeux. Il ne fallait pas être myope. Elle regarda à travers la longue vue et vit plus clairement ce qu'il s'y trouvait.

— Mais, c'est...

— Une tour de guet. Ça indique la frontière entre ici et l'une des régions.

— Larah changea de côté et indiqua à Neven un endroit où deux tours de guet se trouvaient.

Si on fait le tour de cette tour, on peut voir toute les frontières.

— C'est incroyable !

Larah semblait ravi que ce petit endroit plaise à Neven.

— Ça te plaît ?

— Ouais..., c'est...magique. Je crois que c'est le mot. Magique.

— Je suis contente que tu aimes, lui dit Larah tendrement. C'est mon coin à moi. Quand je ressent le besoin d'être seule, c'est ici que je me rend.

— Personne ne vient ici ?

— Non. Personne n'a l'idée de rentrer dans un placard à balai et encore moins quand on sait que le bureau de la directrice est juste au-dessus.

— Son bureau est dans cette tour ? manqua de s'étrangler Neven.

— Oui, effectivement c'est ce que je viens de dire, répondit Larah amusé.

Le vent était moins fort à présent et le chant des oiseaux commençait à diminuer. L'horizon était orangé et l'heure du dîner n'allait plus tarder. La température baissait au fur et à mesure et cela indiquait à Neven que l'hiver allait bientôt pointer le bout de son nez.

— Ne te moque pas de moi, dit la jeune fille sans oser regarder Larah dans les yeux.

— Je ne me moque pas de toi, lui répondit Larah toujours amusé.

Un petit oiseau passa non loin des deux jeunes filles.

— Et tes amies ? demanda Neven. Elles ne sont pas au courant de cette endroit ?

— Si bien sûr. Mais elles savent que quand je m'y rend c'est pour vouloir être seule et donc de ne pas me déranger.

— Et pourtant tu me le montre ouvertement. Pourquoi ?

Larah haussa les épaules. Elle regarda ses pieds avant de reporter de nouveau ses yeux sur Neven, l’observant à présent.

— Étrangement, je te fais confiance. Je ne sais pas pourquoi. Mais mon instinct me dit que je peux te faire confiance.

Neven ne sut quoi répondre à cela. Elle était flatté et surprise à la fois. Il est vrai qu'elle aussi ressentait cela à l'égard de Larah, mais elle ne voulait certainement pas le lui avouer. C'était trop tôt, elle ne la connaissait que depuis un jour. Neven se contenta donc de sourire et de changer de sujet, sinon elle savait qu'elle finirait par mourir de gêne si elle devait lui dire son ressentit.

— Par contre j'ai remarqué que tu as dit aimer être seule de temps en temps. C'est étrange pour quelqu'un d'extraverti.

Larah leva un sourcil, petit rictus aux lèvres.

— Tu m'as observé ?

— J'ai surtout remarqué que tu était plutôt à l'aise en sociabilité.

— Tu as raison. J'aime être en compagnie des autres, mais ça n'empêche que j'aime aussi avoir des moments pour moi. Et c'est ici que je viens pour ça.

— Froide mais extravertie, lâcha Neven pensive.

— Que veux-tu dire ?

— Eh bien, que je sache les natifs du Chasseur sont supposé être froids, mais toi ça n'a pas l'air d'être le cas. Pas avec moi en tout cas.

Larah eut un petit rire.

— Froids de prime abord. Pas constamment. Et puis quand on apprend à nous connaître on se rend vite compte qu'on est plutôt chaleureux.

Neven se sentit un peu gêner, mais Larah se hâta de la rassurer.

— Par contre si il y a un quelque chose chez moi qui correspond parfaitement à mon signe, c'est bien mon côté studieux et mon appréciation de l'indépendance. J'imagine que tu avais tapé juste pour ça ?

— Pour l'indépendance j'en savais rien... Mais j'imagine que tu dois aussi être dans la lune par moment ?

— Ouais, c'est vrai, rigola Larah. Et j'adore l'art.

— Une vrai native du Chasseur !

— Je pourrais sûrement dire pareil pour toi.

Neven leva les sourcils, surprise.

— Ah ouais ?

— Ouais ! Tu es anxieuse ça voit. J'ai remarqué les tremblements de ta jambe.

Le choc frappa Neven de plein fouet. Heureusement pour elle, Larah ne savait pas que c'était justement elle qui provoquait cela.

— Et actuellement, continua Larah. Tu joue avec tes doigts discrètement pour pas que je m'en rend compte.

En effet, depuis leur arrivé sur le petit balcon, Neven triturait les doigts de sa main droite avec discrétion. Son anxiété jouait, mais la présence de Larah l'accentuait et pour diminuer cette anxiété, elle s'était mise à tripoter ses doigt fins en veillant à ce que Larah ne s'en rendes pas compte. Il semblerait que la jeune blonde ait été attentive à l'égard de Neven. Elle essaya donc d'arrêter aussitôt que sa camarade lui fit remarquer.

Larah eut un sourire satisfait.

— J'imagine qu'il va falloir que je fasse mes preuves pour acquérir ta confiance. Il paraît que vous ne la donnez pas facilement.

Neven aurait aimer dire oui. En temps normal, elle ne donnait pas sa confiance facilement, elle était très méfiante envers les autres. La preuve est que même si elle s'entendait bien avec Lilly, elle ne lui racontait pas tout par manque de confiance. Elle ne faisait qu'apprendre à la connaître, rien de plus. Mais avec Larah c'était différent. Son instinct la poussait à faire l'inverse de ce qu'il lui disait de faire habituellement. S'en était incompréhensible et déstabilisant. Pour une fille qu'elle ne connaissait que depuis un jour cela faisait peur. Larah devait avoir quelque chose de spécial, mais quoi ?

— Probable... J'espère que tu me le prouvera.

— Tu es vraiment une native du Phénix.

Neven eut une moue faussement agacer, ce qui fit rire Larah de plus belle.

— Je dois admettre que le phénix vous correspond parfaitement bien.

Intrigué, Neven lui demanda :

— Pourquoi ça ?

— Un phénix sa renaît de ses cendre, c'est une forme d'espoir.

— Dans ces cas là il est plutôt un symbole de renaissance, s'enquit de répondre Neven.

— Oui, mais c'est un oiseau de feu et le feu produit de la lumière. Donc on pourrait dire que dans la noirceur de votre négativité la flamme du phénix symbolise l'espoir inarrêtable que vous avez.

Toute cette conversation à la fois taquine et sérieuse remplit de joie le cœur de Neven. Elle se sentit booster par cela et surtout par Larah. Cela lui faisait un bien fou.

Le soleil avait presque disparut à l'horizon, les oiseaux avaient cessé de chanter et l'air était plus froid. Dans un frisson, Neven répondit :

— Vu comme ça... Tu n'as pas tort.

Larah remarqua le petit frissonnement de la jeune fille.

— Tu as froid ?

— Un peu.

— Tiens.

Tout en disant cela, Larah ôta sa veste à la posa sur les épaules de Neven. Celle-ci lui assura qu'elle n'avait pas besoin de faire ça, mais Larah ne l'écouta pas et lui demanda gentiment de porter sa veste jusqu'à ce qu'elles se mettent au chaud dans le château.

Une fois à l'intérieur, Neven sa veste à Larah et toutes deux marchèrent un petit moment ensemble à travers les couloirs, croisant de temps à autre des élèves.

— Ça m'a fait du bien de passer du temps avec toi, dit Larah.

Neven n'osa pas répondre tout de suite, mais se força quand même à le faire timidement.

— Moi aussi...

— On pourra remettre ça si tu veux ?

Un léger mouvement de la tête, suivit un d'un petit sourire fut la seule réponse de Neven. Elles partirent ensuite, en direction du réfectoire. L'heure était venu pour tout les élèves du château de venir manger. Lorsqu'elles y arrivèrent, les deux jeunes filles se servirent leur plat et finirent par se séparer pour rejoindre leurs amis respectifs, étonné de les voir ensemble. Larah fit un signe de tête à Neven en signe d'au revoir auquel sa camarade répondit vivement.

Le repas fut pour le moins intéressant. Andrew et Lilly questionnèrent Neven du pourquoi et du comment s'était-elle retrouvé en compagnie de Larah et la taquinèrent lorsqu'elle finit par leur expliquer. Ils durent la harceler un bon moment avant qu'elle cède. Pendant tout le long du repas, la jeune fille ne cessait de jeter des coups d’œil dans la direction de Larah, blaguant avec ses amis. Elle était assise à l'opposer de la pièce et celle-ci faisait la même chose que Neven. Cela menait à certains moments où leur regards se croisaient avec quelques échanges de sourires et parfois une gêne de la part de Neven, se sentant honteuse d'avoir été prise en pleine admiration. Elle passa aussi certains moments dans les nuages avec affiché sur elle un sourire bête.

Lorsque fut venu le moment du couvre-feux. Tout le monde se rendit dans son dortoir respectif. Neven auparavant avait donné un coup de main à Lilly, mais surtout Andrew pour la leçon de mécanique dans le salon commun. A présent couché confortablement dans son lit, elle songea à sa première journée de cours. Celle-ci fut agréable et changeait de ce qu'elle avait connut depuis sa tendre enfance. Cela baissait un peu son anxiété habituelle et le côté douillet de son lit lui procurait un bien-être jamais connut auparavant. Elle s'enfonça d'avantage dedans et s'emmitoufla dans ses couvertures. Un jour ses frères et sœurs connaîtront la même chose. Neven espérait qu'ils s'en sortaient bien sans elle et que leur mère ne posait pas trop de problèmes. Et Astrée ? Comment allait-elle ? Sa santé fragile inquiétait Neven. Sans s'en rendre compte, la jeune fille avait commencé à remuer l'une de ses jambe, son anxiété revenait de plus bel.

« Non, ils vont bien ! Si il leur étaient arrivé quelque chose, le lycée m'aurait prévenu ! », se dit-elle.

Sa fratrie s'en sortait bien et s'en tireront très bien pendant sa longue absence. Elle n'avait pas à s'en faire. Les jumeaux veillaient aux grains.

Neven tenta de s'apaiser, mais cela ne fut pas chose facile.

« Et si des personnes malveillantes s'en prenait à ma famille ? Ils ne pourraient pas se défendre !» « Non ! » « Ils ne leur arrivera rien. Ils iront bien ».

Elle essaya de penser à autre chose et de chasser de sa tête ces mauvaises pensées. Sans trop savoir comment, Neven se mit à penser à Larah et de ce moment passer avec elle, sur la plus haute tour du château. Larah sembla ravit de lui montrer son lieu secret et de la beauté et la tranquillité qui s'y trouvait. Les yeux bleus, illuminés, de la jeune fille en témoignaient grandement, ainsi que de son sourire lumineux que Neven n'arrivait pas à oublier. Celle-ci se surprit même à sourire à son tour. Elle se sentit apaisé et s'arrangea de nouveaux dans son lit afin d'y trouver le sommeil.

Elle s'endormit avec se nouveau souvenir dans la tête. Un souvenir radieux d'une personne radieuse qu'elle connaissait à peine, mais ayant égayé sa vie un rien de temps. Pour la première fois, son anxiété disparue complètement et Neven lâcha un soupir de satisfaction et de soulagement avant de complètement sombrer.

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