Chapitre 1 - Écume - Partie 5

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 Les bulles scientifiques transpiraient la complexité, mais avaient leur logique propre. Elles et ses habitants semblaient aseptisés, des copies conformes. À cela s’ajoutaient les combinaisons blanches renforçant l’ambiance immaculée. Il n’y avait aucune indication, aucun fil d’Ariane pour s’y retrouver parmi la multitude d’espaces dédiés à l’étude du vivant, humain ou non. Pourtant, Sunita n’eut pas à chercher où aller. Au plus près d’elle, dans son esprit, un guide invisible traçait à intervalle régulier le chemin à emprunter. Elle ne pouvait plus se perdre en chemin. Le trajet était tracé selon la volonté du plan et de son guide numérique. Cependant, à mesure qu’elle approchait du laboratoire, une pression exprimée du fond de son âme l’invitait à rebrousser chemin, à reprendre la main et s’enfuir.

 Comme attendu, devant le rond scientifique abritant le laboratoire, la porte s’ouvrit. Une biologiste l’accueillit chaleureusement.

 « Salutations décurion Ailurus, c’est un grand plaisir de vous rencontrer. Veuillez vous installer dans le box 2B, tout est prêt.

 — Ne tardons pas. J’aimerais être fixée rapidement, répondit sèchement Sunita.

 — Votre début de grossesse se passe correctement ? lui demanda la biologiste sans ménagement devant la froideur de la jeune femme.

 Ce mot lui claqua au visage.

 — Oui. Les signes classiques.

 — Je vais effectuer le prélèvement. Il se peut que vous ressentiez une certaine gêne.

 La biologiste ne prit pas de gants et réalisa l’acte se résumant à un prélèvement sanguin. Sunita ferma les yeux, cherchant à fuir ce moment désagréable.

 — Voilà. J’ai terminé. Les résultats des analyses préliminaires, les phases de mise en culture et l’application de l’humaniformation sur les cellules prélevées prendront trois jours, annonça dans le détail la scientifique.

 — Tant que ça ? J’avais entendu qu’un nouveau protocole raccourcirait la mise en culture des cellules-souches embryonnaires.

 — Il n’est pas encore validé par l’ensemble des centurions biologistes.

 — Je suis sûre que c’est encore ce vieil Inmar qui fait obstruction.

 — Je ne vous le cache pas. Mais, il nous a sauvegardés de plusieurs erreurs ces dernières années.

 — Ça reste encore à prouver, répliqua Sunita.

 — L’examen est terminé. Merci de votre collaboration.

 — Merci, répondit simplement Sunita en refermant sa combinaison. »

 La biologiste raccompagna la jeune femme hors du box et referma la porte, puis l’invita à quitter le bâtiment d’un simple signe de la main en y joignant un sourire conventionnel.

 Sunita marcha machinalement en suivant les indications. Au détour d’un virage, elle s’arrêta et regarda son ventre. Elle poussa un cri plein de rage qui fit se retourner les quelques passants. Elle se sentait, malgré elle, plongée de force dans de quoi troubler son univers si bien construit.

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