Chapitre 2 - Délivrance - Partie 4

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***

 Nella sursauta en se retournant vers l’entrée de la pièce. La jeune Poisseux s’y tenait debout.

 « Excusez-moi. Je ne voulais pas vous faire peur.

 — Oh non. J’étais si totalement absorbée par ma lecture que je ne t’avais pas vue, répondit Nella en reposant un pupitre sur la table. Comment te sens-tu ce matin ?

 — Nauséeuse. Mais globalement mieux que la veille.

 — Parfait. Viens t’installer, proposa la grande femme en désignant un fauteuil d’un geste de la tête.

 La jeune femme parut hésiter un instant.

 — Pas d’inquiétude. Celui-ci n’a pas les extensions de Necko », ajouta-t-elle.

 Ce parallèle fit apparaître un sourire sur le visage de la jeune femme. Elle s’approcha et s’installa confortablement. Nella lui tendit un gobelet contenant un liquide d’où une légère vapeur s’élevait. Elle approcha pour sentir la boisson. L’odeur était forte, assez pour déclencher une légère grimace sur son visage. Nella observa la réaction de la jeune femme.

 « C’est une de mes recettes à base de gingembre. Ma sœur en raffolait. Elle devrait faire passer cette légère nausée matinale. Tu devrais aussi manger un peu de ceci », lui proposa-t-elle en lui tendant une barre de nourriture.

 La jeune rescapée la remercia d’un signe de la tête en buvant doucement le doux et chaud liquide. La saveur était beaucoup plus subtile que l’odeur.

 « Aucun souvenir ? As-tu rêvé ? lui demanda Nella sans vouloir la brusquer.

 — Non, aucun. Toujours cette impression de vide étrange dès que je me concentre sur le passé.

 — Soyons patientes. Cela resurgira bien à un moment ou un autre. Sinon, Santo et Abi devraient venir te voir aujourd’hui. Si tu t’en sens la force bien évidemment.

 À cette annonce, un nouveau sourire s’afficha sur le visage de la jeune Poisseux.

 — Je savais que ça te ferait plaisir. En revanche, pour les sorties, nous allons attendre un peu. La curiosité te concernant va baisser d’intensité au fil des prochains jours. »

 La jeune femme acquiesça d’un rapide mouvement de la tête.

 Santo mit un soin particulier à ajuster sa veste. D’un tempérament plutôt fougueux, il l’enfilait d’une manière beaucoup plus rapide en temps normal. Il attrapa sa besace et quelques objets qu’il jugeait bon d’emporter avec lui. Une fois prêt, il se dirigea vers la sortie de son petit rond qu’il adorait. Il n’y avait que deux pièces. Mais, elles étaient remplies d’objets divers et variés issus de ses multiples trouvailles. Un nouveau venu aurait été perdu parmi tous ses trésors. Pourtant, Santo savait où se trouvait chaque objet. Il avait simplement organisé le rangement par le domaine d’utilisation de l’objet, sa fonction et son nom. Ainsi, une « valve de respiration » se trouvait dans la pièce d’entrée sur une des dernières étagères dédiée au domaine aquatique.

 À peine sortie de chez lui, Abi l’attrapa au vol.

 « T’en as mis du temps ! »

 Elle le toisa de haut en bas.

 « Ah ! Je comprends mieux. Elle te plaît vraiment », lança-t-elle en riant.

 Les deux jeunes gens prirent la direction du rond de soins de Nella. En chemin, Abi expliqua que son père s’était livré à un véritable interrogatoire concernant le sauvetage de la jeune rescapée. Notamment, Louis Troval fut très intéressé par l’événement qui avait précédé la rencontre. Il fut étonné que la navette des Bas-Niveaux soit totalement désactivée. Ce genre d’appareil était pourtant connu et reconnu pour sa robustesse. En effet, les navettes de la lignée du Markind Fomalhaut avaient hérité des avancées technologiques des toutes premières colonies sur Harriot-a puis celles successives dans le système Fomalhaut. De ces dernières conquêtes sur des exoplanètes aquatiques, les navettes étaient devenues des engins insubmersibles et capables d’atteindre des profondeurs prodigieuses sur de longues durées.

 À ces mots, Santo comprit l’interrogation du centurion. Lui aussi avait été surpris par le parfait état apparent du véhicule et son absence totale d’énergie. Ce souvenir provoqua chez lui un petit rictus sur son visage qu’Abi remarqua aussitôt.

 « Mon père va désigner une décurie pour inspecter l’appareil. Je lui ai suggéré de t’intégrer au groupe.

 — C’est vrai ? réagit aussitôt le jeune homme.

 — Bien sûr que oui. Et, il a accepté. Cependant, tu devras te retenir un peu concernant les trouvailles », lui confirma Abi avec un clin d’œil complice.

 Nella accueillit son fils et son amie dès leur arrivée au rond de soins. Elle les prit un instant à part pour échanger de vive voix sur l’état de santé de la jeune femme. La surprise à l’annonce de la grossesse de la jeune Poisseux se lut immédiatement sur leurs visages. Après quelques recommandations, elle arriva sur le sujet que les deux jeunes devaient avoir réglé.

 « Alors, lui avez-vous trouvé un prénom provisoire ?

 — Eh bien. J’avais pensé à Défine, proposa Abi.

 — Ah non. Je voulais Invenit. On s’était entendus là-dessus, fit-il remarquer aussitôt.

 — Inve… comment ? demanda sa mère.

 — Invenit. Ça vient du latin et ça signifie “trouver”.

 — Je pense que Défine sonne mieux. Tu faisais une référence à l’animal aquatique terrien, je suppose Abi.

 — Oui. Le dauphin, un mammifère marin terrien. Je me suis souvenu de son aisance dans l’eau. Malgré la fatigue, elle nageait contre-courant avec une efficacité impressionnante.

 — Je pense ne pas avoir le choix finalement, se résigna Santo.

 — Désolé mon grand, mais on part sur Défine. Reste à voir la réaction de ce choix sur notre protégée », conclut Nella.

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