Écrire ou raconter ?
Ma petite Louise, tu me permetras cette familiarité même si nous ne nous connaissons pas.
Comment j'écris ? Vaste question. Cela peut paraitre banal mais j'écris assis. Oui, assis derrière mon clavier d'ordinateur dans mon petit bureau, porte fermée pour être à l'abri de toute gêne éventuelle. En présence de quelqu'un, je ne peux pas écrire, c'est trop dérangeant. Peut-être parce que je considère que ce qui s'aligne sur mon écran n'appartient qu'à moi, tant que ce n'est pas terminé. je ne fais pas de plan, en général, tout part d'une simple idée formulée au fihn fond de mon cerveau dérangé.
Souvent, l'idée me vient au moment où je m'allonge dans mon lit, cet instant fugace dans lequel je me retrouve seul avec moi-même, dans le noir. Peut-être est-ce pour ne pas être confronté à d'existentielles angoisses. Comme tout le monde, je me demande ce qu'il y a après la mort, enfin, comme tous ceux qui ne croient pas en un paradis céleste. Alors, pour ne pas y penser, mon cerveau entre en mode imaginaire. Mon petit monde à moi. il est vaste, c'est même un multivers où se croisent, pêle-mêle, des chevaliers, des mondes apocalyptiques, des flics désabusés et de nombreux personnages.
Lorsque je pose mes doigts sur mon clavier, je laisse les phrases venir. Parfois, mais rarement, il m'arrive d'avoir déjà une tournure. Lorsque c'est le cas, je la note quelque part et je la réécris telle quelle plus tard, l'améliorant si besoin. En général, les mots défilent sans trop de difficulté.
Détail important, j'écris presque toujours avec de la musique dans les oreilles. Le style dépend de ce que j'écris. Si j'écris sur un monde dystopique ou futuriste, j'écoute plutôt des sons électros. Si j'écris sur mon roman de fantasy, je vais me tourner vers des bandes sons de films ou de jeux vidéos. Je laisse défiler les morceaux et quand il y en a un qui m'inspire, je le remets en boucle.
Ensuite, je relis ma production. Si j'aime le style, si je le trouve percutant, je le conserve sinon, je le retravaille jusqu'à ce qu'il me convienne.
La partie la plus incohérente et la plus complexe reste celle de la publication. Je n'ai, pour l'heure, publié qu'une partie d'une nouvelle que j'écris. Le reste est soigneusement confiné dans mon disque dur. Pourquoi ? Parce que c'est ainsi. Je n'en suis pas satisfait. Je pourrais très bien publier les chapitres déjà écrits mais je sais, au fond de moi, que mon histoire est bancale. Des détails me déplaisent. J'attends de trouver l'idée qui fera mouche, celle qui viendra imbriquer parfaitement les chapitres les uns dans les autres. Et seulement après, je pourrais en faire profiter les autres.
Au final, l'écriture pour moi, c'est la transmission. C'est raconter quelque chose qui vaille la peine d'être lu. C'est une histoire, des personnages. Lorsque j'écris mon récit de fantasy, je ne décris pas un monde sur des dizaines de pages pour le présenter au lecteur. Si je te dis cela, c'est pour te dire l'importance que j'accorde aux personnages et à leurs histoires. C'est à travers mes personnages et ce qui leur arrive que le monde se dévoile. Des flash-backs, des allers-retours entre leur présent et leur passé. Au fil des dialogues et des péripéties, le monde se dessine. Oh, bien sûr, je l'ai en tête, je ne l'improvise pas, au moins dans les grandes lignes. Mais encore une fois, le point central, c'est ce que je veux raconter, pas là où se déroule l'histoire.
Pour conclure, je dirai que l'écriture, c'est ce qui me permet de m'évader de l'absurdité de notre condition, de cette forme d'arrogance dans laquelle l'humanité se complait. Au final, quelle différence entre l'homme et l'animal ? La culture, les sciences, le savoir. Mais pour le reste, nous avons beau nous placer tout en haut du règne animal, nous finissons tous de la même manière. La vie est une longue tragédie faite de souvenirs heureux, de tragédies maccabres et d'une sombre fin.
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