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LES ATROCITES ALLEMANDES

Deux des plus importantes revues de Paris ont publié, dans leur numéro de janvier, des documents irréfutables établissant les atrocités commises par les Allemands lorsque, violant les traités les plus sacrés, traités signés d’ailleurs par leur Gouvernement, ils ont envahi et occupé contre tout droit le sol de la Belgique.

La REVUE DES DEUX-MONDES a puisé ses renseignements dans la collection des rapports rédigés par la Commission d’enquête sur la violation des règlements du droit des gens, des lois et des coutumes de la guerre, créée le 8 août dernier par un arrêté de M. Carton de Wiart, ministre de la Justice de Belgique. Toutes les violations, tous les attentats, l’Allemagne les a commis; on le savait par les récits des réfugiés, mais, d’être ainsi rassemblés, classés avec la rigueur d’une instruction criminelle, ils apparaissent vraiment ce qu’ils furent: « la méconnaissance systématique et ordonnée des lois de l’humanité et de l’honneur.

Quelques exemples au hasard:

A Tamines, un officier supérieur français a été amené près d’un arbre, lié au tronc: on a attelé un cheval à chacune de ses jambes; au signe donné, on a fouetté les chevaux! C’est l’écartèlement dans toute sa cruauté! « J’ai vu, dit le témoin, tremblant encore, j’ai vu le pantalon se déchirer, le corps s’ouvrir. »

« Quel est le chemin de Gand? » demande le chef d’une patrouille à un gamin de Ternath. Le petit ignore l’allemand. « Je ne comprends pas », répond-il. Pour le punir, on lui coupe les deux mains; le sang coule si fort qu’il succombe.

Au Pin, près d’Izel, deux jeunes garçons regardent arriver les uhlans; ceux-ci les prennent au passage et les font courir, les bras liés, entre leurs chevaux galopants. Leurs cadavres furent trouvés une heure après dans un fossé; ils avaient les genoux « littéralement usés », selon l’expression d’un témoin; l’un avait lagorge coupée et la poitrine ouverte, chacun du plomb dans la tête.

A Schaffen, un adolescent est attaché sur un volet, arrosé de pétrole, brûlé vif. Les soldats qui marchent sur Anvers s’emparent, à Sempst, du couteau du boucher: ils saisissent un petit domestique, lui découpent les jambes, puis la tête, et le rôtissent dans une maison qui flambe.

La REVUE DE PARIS, au lieu de puiser ses sources d’information dans les plaintes des victimes, si touchantes, si sincères soient-elles, a tenu à se documenter chez l’ennemi même. C’est avec ses aveux réitérés, conscients ou inconscients, qu’elle a établi son formidable réquisitoire. Nous en extrayons un seul passage, établissant à quel point il est usuel, dans l’armée allemande, de mutiler des blessés:

12 août 1914. En Belgique. – On se fait une idée de l’état de fureur de nos soldats quand on voit les villages détruits. Plus une maison intacte. Tout ce qui peut se manger est réquisitionné par des soldats non commandés. On a vu plusieurs monceaux d’hommes et de femmes exécutés après jugement. De petits porcs couraient à l’entour, cherchant leur mère. Des chiens à la chaîne n’avaient rien à manger ni à boire, et les maisons brûlaient au-dessus d’eux. Mais auprès de la juste colère de nos soldats grandit aussi un pur vandalisme. En des villages déjà absolument vides, ils dressent à leur plaisir l’incendie (le coq rouge) sur les maisons. Les habitants me font peine. S’ils emploient des armes déloyales, ils ne font après tout que défendre leur patrie. Les atrocités que ces bourgeois ont commises ou commettent sont en tout cas bien vengées. Les mutilations de blessés sont à l’ordre du jour.

A la lecture de ces documents, bien des Français se sont exclamés: « C’est exagéré ». Loin qu’il en soit ainsi, les documents recueillis sont au dessous de la vérité. Témoin cette déclaration faite au journal TELEGRAAF, d’Amsterdam, par le soldat-déserteur allemand Karl-Johannès Kallenschner:

J’ai vu des enfants pleurant, s’accrochant aux robes de leurs mères sans défense, sortir d’une meule de paille dans laquelle elles avaient cherché un abri, et j’ai vu comment ces mères et leurs enfants furent tués lâchement et froidement. Bien que nous fussions obligés d’obéir, sous peine de mort, à tous les ordres de nos officiers, j’ai vu de mes compagnons qui accomplissaient avec joie leur lugubre travail de massacre. A un certain moment, je fus moi-même obligé de fusiller deux garçons âgés respectivement de quinze et de douze ans, dont le père avait déjà été tué. Je ne m’en sentis pas le courage et déjà j’avais mis l’arme bas, attendant d’être exécuté moi-même, quand un de mes camarades, se moquant de ma sentimentalité, me sauva en me jetantsur le côté et en tirant lui-même sur les deux gosses. L’aîné tomba raide mort et le second, qui reçut une balle dans le dos, fut achevé d’un coup de revolver.

Personne désormais ne songera à demander que l’on traite avec ces barbares avant leur complet anéantissement. Les crimes des Allemands et des Autrichiens crient vengeance. La guerre, cause de tant de crimes, nous a été imposée. Nous ne l’avons pas voulue, mais puisque, malgré nous, il nous faut la subir, nous la mènerons jusqu’au bout, non seulement pour la défense et pour l’honneur de notre patrie injustement attaquée, mais aussi pour le salut de la civilisation, de la liberté, que l’ignoble Teuton prétend noyer dans des torrents de sang. Une fois de plus, la paix conclue, le monde célébrera sa délivrance de ce cri de nos pères: Gesta Dei per Franco.

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