Chapitre 4

4 minutes de lecture

Dix jours plus tard, Sabine poussa la porte du salon de thé et s’installa à une table en attendant que Chloé finisse de servir sa cliente. Lorsqu’elle eût terminé, elle s’approcha de sa sœur, la salua et lui demanda ce qu’elle désirait commander.

«Je suis venue pour te parler Chloé. Tu n’as pas répondu à mes messages. Tu ne vas pas pouvoir m’éviter encore longtemps.

- J’ai été très occupée.

- A d’autres ! Il faut qu’on en discute. Ce n’est qu’un déménagement…

- Dans un autre pays Sabine ! UN AUTRE PAYS !

- S’il te plaît, fais un effort. Tu sais que je ne pourrai pas être pleinement heureuse si tu ne te réjouis pas avec moi. Nous reviendrons souvent avec Ben, et tu pourras venir nous voir. Pete a trouvé un appartement avec deux chambres et un grand bureau. Nous y mettrons un lit d’appoint pour toi. J’ai apporté des photos, tu veux les voir ? »

Elles ne s’étaient pas reparlé depuis l’annonce. Il avait fallu du temps à Chloé pour digérer cette nouvelle et cela devenait tout à coup très réel. L’appartement était effectivement plutôt pas mal. On était loin bien sûr des 250m2 du manoir, mais disposer d’un 80m2 en plein cœur de Londres était un réel luxe ! Les pièces étaient lumineuses et spacieuses, et elles allaient facilement être aménageables. La cuisine était tout équipée et offrait un bel espace de préparation ainsi qu’un plan bar. A vrai dire, elle-même aurait de suite signé ; elle comprenait que sa sœur fût si enthousiaste. On ne pouvait nier non plus que Sabine faisait tous les efforts qu’elle pouvait pour l’intégrer au projet. Chloé n’eût d’autre choix que de capituler.

« Oui… Le bureau est pas mal…

- Et la vue ! Regarde cette vue ! Pete pourrait même aller à pied au bureau, tu te rends compte ! Et il y a un petit parc à côté pour aller se promener.

- Et Ben, vous avez trouvé une garderie ?

- Non, cette partie là est un peu plus compliquée. C’est relativement hors de prix, alors je pense que dans un premier temps nous allons prendre nos marques ensemble et je le garderai le temps d’améliorer mon anglais et de trouver un établissement qui nous convienne sans nous ruiner.

- Et le loyer ?

- Ca aussi c’est le point noir. Il nous faut une rentrée supplémentaire pour pouvoir nous en sortit correctement. Peter être augmenté, bien sûr, mais ça ne va pas être suffisant.

- Tu n’envisages pas de vendre le manoir j’espère ? Il est hors de question que je me sépare de notre maison d ‘enfance ! Et je ne peux pas te racheter ta part si c’est ce que tu souhaites Sabine. Tu sais que j’ai tout investi, je n’en ai pas les moyens…

- Ecoute… Peter n’a rien voulu me dire mais il a une idée et on voudrait que tu viennes ce soir qu’on en discute ensemble. Tu veux bien ?

- Tu m’intrigues… Très bien, je serai là pour l’heure du dîner »

Elles parlèrent encore de choses et d’autres, heureuses d’avoir enfin pu apaiser la situation. La journée passa avec une lenteur exaspérante et Chloé se demandait ce que Peter avait pu trouver comme solution à laquelle elle n’ait pas déjà elle-même songé . Non, vraiment, même si elle commençait à l’accepter doucement, annuler cette décision aurait été la meilleure issue à ce problème. . .

Quand sa voiture se gara dans l’allée du manoir aux Cabanes, elle fut surprise de trouver à sa place habituelle le 4X4 de Daniel. Elle entra et les trouva assis au salon en train de prendre l’apéritif. Benjamin venait de finir son biberon et somnolait dans les bras de la mère. Chloé les embrassa chacun en entrant. Peter lui servit un Loupiac – son vin préféré, pendant que sa femme se levait du canapé .

« Je t’attendais pour le mettre au lit . Tu m’accompagnes ? »

Sabine prit la direction de l’escalier, sa sœur dans ses pas. La chambre de Benjamin se trouvait au 1er étage, à côté de celle de ses parents. C’était une pièce avec un beau volume et qui comportait deux fenêtres. L’une donnait sur des petites vignes autour du domaine et l’autre avait vue sur l’Aude, qui serpentait avant de se jeter dans la mer à peine plus loin. La nuit était tombée et on ne distinguait pas les contours de la rivière, mais lorsqu’on ouvrait les fenêtres pour fermer les volets, on entendait le bruit métallique des cordes cognant contre les mâts des bateaux un peu plus loin sur le port. L’air était frais et Sabine confia Benjamin à sa tante pour qu’elle le change pendant qu’elle-même préparait la turbulette. Le lit de benjamin trônait au milieu de la pièce : un beau meuble à barreaux tout blanc, avec des montants ornés de petits anges. La table à langer avait été installée dans l’angle et était surmontée d’un mobile en papillons que l’enfant prenait plaisir à admirer.

Chloé en profita pour demander à voix basse au sujet de Daniel :

« Qu’est-ce qu’il fait là ? Je croyais que Peter voulait nous parler de son idée concernant la maison.

- Justement. Je ne te l’ai pas dit ce matin pour ne pas t’angoisser inutilement, mais en réalité c’est Daniel qui a eu une idée et voudrait nous la soumettre.

- Comment ça ?

- Je n’en sais pas plus Chloé. Je suis comme toi. Allez, viens couchons le petit et descendons. » dit-elle en déposant un baiser sur le front de son fils avant d’entonner une berceuse.

Annotations

Vous aimez lire JeanGeorgeAuguste ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0