Tu me prends et tu me violes, "Pute".

Parce que tu me paies, tu te crois dans ton bon droit. Mais ce n'est pas ça mon métier, pas subir ce que tu me fais. Je ne peux pas résister. Immobilisé. Je ne peux que souffrir.

Je griffe les briques pour m'y raccrocher.

Je ne suis plus femme, plus homme, plus être ; pas même objet. Tu traites mieux les semelles de tes chaussures.

Je mords la terre pour ne pas hurler.

Je pense à ta femme qui croit que tu travailles tard. Femme-trophée. Femme-objet. Je l'imagine classique, souriante, belle à en faire crever de jalousie les mannequins. Ou exotique comme on dit. Différente, pour mieux marquer la tienne. Une femme que tu aimes pour l'image qu'elle renvoi de toi à la société. Une femme dont tu ne crains pas de rougir.

Elle sait ?

Dis, elle sait, ta Clémentine, ton Adélaïde ou ta Mathob, ce que tu me fais ? Ce que tu nous fais, parce que je sens qu'il y en a eu d'autres. Des comme moi, avant. Réduits à l'état de rien.

Exutoires.

Je fixe ton alliance pour rester en vie.

Et tes enfants ? Tu en as fait combien comme ça ? Des pulsions abandonnées. Niées. Mort-nées. Par derrière, par devant, peu importe tant que c'était violent. Tu aimes ça, non ? L'odeur de la douleur. La moiteur du sang qui colle à ton corps tandis que tu ravages le mien.

Mon esprit craque.

Tu jouis.

Voilà, c'était ça que tu voulais. Me briser. Maintenant que tu as réussi, tu t'essuie comme si c'était moi, l'immondice. Tu remets ta veste et t'enfuies dans ta voiture proprette. Honteux déjà. Prêt à mentir.

Tu lui diras quoi, à celle que tu respecte pour tous les autres ? Peu importe. Tu mentiras. Elle te croira.

Parce que, toi, tu n'as rien à te reprocher.