Le théatre
Nous sommes au balcon d’une immense salle de théâtre, à demi plongée dans l’obscurité. En contrebas, la fosse est recouverte par une plage artificielle. De nombreux objets en tout genre jonchent le sol ainsi que les escaliers et sièges de la salle de spectacle. De majestueux lustres en cristal pendent du plafond. Je m’avance et suis mon guide jusqu’à l’échelle qui descend aux niveaux inférieurs. Je suis très curieux de voir le spectacle qui va se jouer.
Le jeune homme brun prend un peu d’avance, et je m’attarde à inspecter chacun des objets laissés à l’abandon. Des instruments à corde, à vent, des outils de bricolage, des jouets en bois, casse-tête, bâtons, sculpture et toute sortes de chose dont la fonction m’échappe.
J’arrive dans la fosse, sur le tissu bleu marine en plastique qui retient l’eau et le sable que l’on a déposé là. La sensation du sable entre mes doigts de pieds est désagréable. Il colle comme une pate sur ma peau, presque comme de la boue. L’eau est froide, si bien que je ne m’enfonce pas davantage dans la vase et dans cette étrange mer. Juste mes chevilles.
J’observe le garçon qui est dos à moi depuis que l’on est entré dans cette immense salle. Il ne s’est pas arrêté et escalade les montagnes de coussins entassés devant la scène. Il se redresse et se tient face au rideau noir qu’il attrape de ses mains. Je n’ai pas le temps de l’interpeller qu’il passe derrière et quitte mon champ de visions.
Tétanisé, je l’appelle une fois, puis hurle son nom dans le silence pesant, si bien que les immenses lustres au plafond se mettent à trembler. L’écho de ma voix s’éteint et le rideau tombe, dévoilant entièrement la scène.
Il est là accoudé à une rambarde, face à l’immense mer d’or qui s’étend devant nous. Le soleil est à moitié immergé dans les flots à l’horizon. La brise pénètre dans la salle et fait chanter les instruments de la plage artificielle. Des oiseaux de tissu et de bois volettent autour des lustres de cristal. Le temps semble en suspens dans ce décor irréel. Mon ami - car je le connais bien – ne se retourne toujours pas. Je renonce à l’appeler de nouveau, car je sais qu’il doit partir. Ainsi nos chemins se séparèrent.
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