32

2 minutes de lecture

Vous vous égosillez, rameutant la serveuse, le cuistot, les clients, même l'ensemble des étudiants, voire les profs, s’il le faut, jusqu'au recteur, soit dieu le père en cette portion de Terre. N'importe qui, du moment qu'on vous sauve de cette folie.

Mrs Tingle vous regarde, l'air errante. Pourtant présente, son esprit est ailleurs.

L'armée américaine débarque en la personne de la serveuse.

— Mrs Tingle ! gronde-t-elle, comme si elle s'adressait à une gamine turbulente. On vous a déjà dis de ne pas importuner les clients, sinon, plus de café, mrs Tingle ! Vous connaissez la règle !

— Pitié ! Pas plus de café ! Je ne faisais que parler, boire un ver ! verser, converser ! Je veux être sa co-Prinn !

Oui, vous avez bien entendu. Ce n'est pas une erreur de prononciation. La Tingle est timbrée, certes, mais elle sait parler. Elle aurait même pu être actrice ou poète, dans une autre vie, avec une autre tête. Elle a bien dit « co-Prinn » et votre échelle du louche crève les plafonds. Sortant de votre retrait poli, vous lui prenez le bras.

— Qu'avez-vous dis ?

— Le café c'est la vie, qu'a fait la fille ? Miss ver termine l'iris. L'iris vert t'irise !

— Bon sang ! Cessez vos salmigondis, et répétez !

— Sale ? Mes bigoudis ? Vermisseau !

— Allons, miss Tingle, veuillez sortir, intervint la serveuse, désolée pour vous.

— Pas plus de café, s'il vous plait, pas plus !

— Sortez, tenez-vous bien calme et vous aurez encore du café, sinon...

Le sinon est une arme puissante, surtout quand il laisse planer le doute sur ce qui le suit.

Sinon on vous bannira, sinon on vous punira, sinon on vous estourbira, sinon on vous mangera ! Pour Mrs Tingle, toutes ces menaces non proférées n'étaient semble-t-il rien comparé au "sinon plus de café !".

Vous la voyez disparaitre en se fondant dans la brume opaque. Sans réponse à votre question.

Que faites-vous ? Parce que, c'est bien joli de rester comme deux ronds de flan, mais en attendant rien ne se passe, alors ?

Auriez-vous l'audace de la suivre, enquêter sur ses répétitions sémantiques d'allure arbitraires autour du vert, dans ce cas, sortez votre manuel d'homophonie et suivez-la au 40

Si, franchement, vous trouvez tout cela navrant, que le monde va mal, la crise, tout ça ; et qu'en plus, il y a trop de fous qui trainent (souvent dans les ruelles sombres). Alors, installez-vous, mon vieux, sirotez ce café minable en révisant votre thèse, pendant que la serveuse se confond en excuses que vous n'écouterez de toute façon pas. Cette paix retrouvée se situe en 41

Si tout le stress de cette situation vous a coupé l'appétit (pour les livres) et l'envie de vous noyer dans le plat breuvage (du savoir), sortez donc, aérez-vous l'esprit. Faites l'impensable. Allez au parc du campus. Ses vertes allées et ses arbres bourgeonnants sont au 34

Annotations

Vous aimez lire L'Olivier Inversé ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0