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Les toilettes, havre de paix, monument de senteurs.

Vos narines ne peuvent se fermer. Pourtant, elles essayent. Votre truc, à vous, c'est de retenir votre respiration. On dit que seuls les plongeurs et les nageurs peuvent développer ces poumons grands comme des entrepôts de la NAVY. Légendes encore ! Ça aussi la bibliothèque du Miskatonic peut vous l'apporter ! Ah, vous riez de ces mauvais esprits, aux corps gonflés de muscles, prétendant que ce lieu est la perdition des athlètes. Vous êtes la preuve vivante de l'inverse : depuis que vous arpentez ces allées et fréquentez ces waters, votre empan pulmonaire à gonflé comme le libéralisme envahit l'occident. Trois minutes ! Montre en main ! Largement de quoi "déposer" ses affaires et déguerpir sans même percevoir la moindre odeur nocive.

Malheureusement pour vos talents : le stress, Marika, l'agitation, Marika, l'émotion – non négligeable –, Marika, encore, et puis le désarroi, toujours ! Enfin, tout ça, vous bouffe votre belle capacité pulmonaire, pour ne pas dire que ça vous pompe carrément l'air !

L'odeur perce soudain votre âme. L'horreur, vous êtes prêt à vomir ! Contraints, ces doigts, que vous destiniez au saisissement de la main de la belle – et plus si affinités ! –, filent alors vers votre nez, l'embouchant fiévreusement. Pendant que vous vous demandez si vos précieux vêtements ne vont pas fondre, vous voyez la sibérienne s'enfermer dans la cabine de droite, indifférente aux odeurs méphistophéliennes.

Alors que vous vous demandez s'il est possible que le froid de sa nation d'origine puisse lui avoir nécrosé les narines, rendues comateuses par le gel ; la belle vous hèle à travers sa porte close.

— Allez, planquez-vous, vite !

D'une main, vous ouvrez l'infâme cabine de gauche. Là, vous vous dites que si l'enfer possède des toilettes, elles sont sûrement mieux entretenues. Que mangent donc les intellectuels que campent dans ces pupitres pour boucher ainsi d'aussi larges tuyauteries ?

Pourquoi ne pas tirer la chasse ? Mais vous n'y songez pas ! Faire du bruit, alors que déjà midi a sonné, et que les lieux sont désertés par les étudiants mais sûrement pas par les oreilles surnaturelles de la gardienne des lieux, vous semble être une très mauvaise idée.

Pendant une demi-heure, vous patientez, votre voisine et vous, silencieux.

Vous suffoquez. Tel le plongeur de fond, vous méditez pour survivre à l'absence d'air respirable. Vous espérez qu'à côté, Marika vit toujours. On doit vous le dire, votre choix n'est pas le meilleur, vous perdez un point de santé mentale. Non, ce n'est pas injuste, croyez-nous, rester enfermé dans ces relents lucifériens peut faire perdre la raison à n'importe qui !

Ceci étant, le temps, nocif, finit par passer et arrive le moment de sortir, doucement, très doucement, sans attirer l'attention du cerbère.

La ruskov sur les talons, vous cheminez. Vous connaissez bien les lieux et vous savez que pour atteindre l'espace où la collection occultisme s'offre à la vue des privilégiés, il faut passer devant l'accueil. Oui... L'accueil.

Difficile de reculer, mon vieux ! Vous n'avez plus vraiment le choix. Il fallait changer d'avis avant !

Vous cheminez en catimini vers l'épreuve, elle aura lieu au 53

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