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Vos yeux s'ouvrent sur un nombre important de blazers passés de mode, surmontés de visages pour la plupart pourvus de lunettes aux larges montants. Les rats de bibliothèques, vos frères grignoteurs de papier, vous toisent comme une intimidante inquisition. A la manière de cette dernière, ils cherchent à savoir s’ils doivent vous soutenir en tant que bon chrétien ou vous condamner en tant qu'hérétique. Dormir dans les allées livresques est-il un crime ? Enfreignez-vous quelques règles ancestrales cachées dans d'antiques règlementations universitaires ?

Leurs yeux calculateurs soudain s'affolent, la grande inquisitrice perce leurs rangées peureuses pour finalement se dresser devant vous.

Toujours couché lamentablement au sol, vous avez malheureusement une vue imprenable sur ses dessous de jupe. Vous fermez vos paupières, c'en est trop.

— Mais c'est qu'il se rendort en plus ! éclate la bibliothécaire.

— Non, gargl !

C'est à peu près tout ce que vous parvenez à lui rétorquer. Pourtant les mots se bousculent dans votre tête « Je n'y peux rien, je suis tombé », « Les soviets attaquent » ou encore un piètre « J'ai pas dormi cette nuit ». Mais rien de tout cela ne sort. Juste « Non, gargl ».

— Vous croyez que c'est lui, madame ? demande timidement l'un des rats.

— Non, mais il n'empêche qu'il sera soumis à la question !

Voilà, il suffit qu'on parle d'inquisition et déjà ses dérives se pointent. Non non et non !

— Que se passe-t-il ? marmottez-vous, en retrouvant enfin la parole.

— Il se passe que quelqu'un a pénétré la collection occultisme, vitupère-t-elle. Pendant l'heure de table ! Et qu'il s'est sauvé ! Voilà ce qu'il se passe ! Et pour couronner le tout, on vous retrouve à comater dans l'allée 77 ! Vous sentez la culpabilité à plein nez ! Qu'allez-vous dire pour votre défense ?

Oui, madame, bonne question ! Alors ? qu'allez-vous dire pour votre défense ?

Si « Non, gargl » reste votre seul argument, avancez-le en 64

Si vous tentez « J'ai pas dormi cette nuit et comme des soviets m'ont attaqué, je n'y peux rien, je suis tombé » parfois, plus c'est gros, plus ça passe, tentez cela au 65

Si vous suivez cette meute absurde pour être soumis à la question, allez piteusement au 66

Enfin, si vous vous encourrez, tel un lâche, pour retrouver l'air libre, libérez-vous au 67

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