Vous êtes devant le bureau du professeur Henry Armitage.

Le trac. Ce n’est quand même pas n'importe qui !

Franchement, vous avez juste envie de vous débiner. Mais Marika est derrière vous, elle vous pousse presque.

— Allez, il faut y aller !

Tremblotant, votre poing s'avance vers le bois vernis. Puis il se rétracte. Non, c'est trop effrayant. Et si vous faisiez mauvaise impression ? Et s'il se fâchait ? Et s'il rigolait de vous ? Franchement, s'il le faisait vous iriez directement vous enterrer, en creusant vous-même le trou !

Soudain, une poigne solide vous attrape la main et l'envoi percuter la lourde porte. Toc ! (Ou plutôt "plaoum" vu la frappe approximative)

— Bon sang ! Marika ! lancez-vous à la russe sans peur.

— Entrez ! tonne une voix de baryton.

Plus moyen de reculer, zut ! Vous êtes forcé de rentrer. Vous poussez la large porte et rentrez dans un bureau gigantesque, où le bois est omniprésent et où les livres sont légion. En plus de la collection habituelle, Mr Armitage se garde certains trésors.

— Bonjour, Monsieur... ?

— Robobo... Robert Smith, Monsieur.

— Que voulez-vous, monsieur Smith ?

Comme un enfant tourmenté obligé de se rendre au tableau pour résoudre un problème facile dont il ne connait pas la solution, vous vous précipitez au-devant du large bureau de chêne. Vous déposez vite fait le télégramme de votre père en ajoutant à l'arraché :

— J'aimerais... co...con... consulter un.... un... ouvrage ! Monsieur le directeur, Armitage !

— Je vois, fait-il en considérant calmement le petit papier. De Vermis Mysteriis. Un ouvrage bien particulier, monsieur Smith. Que voulez-vous y trouver ?

— Pour... pour mes... mes... recherches sur Ludvig Prinn. Monsieur.

— Je vois... déclare-t-il, se levant pour s'avancer vers la fenêtre. Un livre très demandé en ce moment. Ce De Vermis Mysteriis...

— Pa... pardon, monsieur ?

— Je ne l'ai pas, monsieur Smith, tranche-t-il, froidement. Un des professeurs m'a demandé, lui aussi, l'accès à ce livre et il semblerait qu'il se soit "autorisé" à l'emporter à son domicile. Je ne puis donc vous aider.

— Co... comment ? Mais qui ?

— Je n'ai pas à vous répondre monsieur Smith.

— Ah...

— Néanmoins... Par respect pour votre père, sa fonction. Il me serait possible de vous le divulguer. Si...

— Bien sûr ! Tout ce que vous voulez monsieur Ami... Armitage ! vous emportez vous, comme si vous étiez votre propre père.

— Il y a certaines acquisitions qui nous importent, monsieur Smith. Des ouvrages très importants pour nos... hm... recherches. Ainsi, si quelques mécènes peuvent nous y aider, ce serait merveilleux.

— Co... considérez cela comme fait ! monsieur le directeur !

Euh... Vraiment ? Vous êtes vraiment occupé à vous laisser soudoyer au nom de votre père ? L'éthique vous connaissez ? Non ? Bon...

— Et bien, c'est une très bonne nouvelle, monsieur Smith, éclate-t-il. Excellente ! Et a vrai dire ça m'arrange bien que vous retrouviez ce livre, justement. Pour me le ramener, bien entendu ! Celui qui l'a "emprunté" s'appelle Alistair Beck.

Bien sûr, Alistair Beck, le croquemort de l'université. Le vautour du campus, le spectre des couloirs. Il a tant de surnoms. Il vous évoque la peste depuis qu'il a tenté de vous faire rater votre dernière année. Un monstre.

Le directeur vous tend un bristol avec écrit « Albion street, 93 ».

— Voici son adresse. Mon bon monsieur Smith. Je vous remercie grandement et vous souhaite une excellente journée. Maintenant, si vous permettez, j'ai à faire.

Vous refermez la porte. Un sourire s'épanouit sur vos joues. Marika comprend tout de suite.

Rendez visite à l'infâme Alistair Beck en vous rendant au 94