Chapitre 2

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Le lendemain matin, je me réveillai en sursaut, tirée d'un sommeil profond par des bruits indistincts autour de moi.

L'endroit ne me disait rien. Une odeur de bois sec flottait dans l'air, les murs étaient faits de planches brutes. Une cabane ?Oui, j'étais dans une cabane entièrement construite en bois. Mais... comment étais-je arrivée là ?

Je me souvenais seulement m'être endormie près du feu. Et maintenant... ça ?Un frisson d'angoisse me parcourut. Une panique sourde monta en moi.

Dans quoi je m'étais encore embarquée ?Je me redressai d'un bond. J'étais allongée sur ce qui ressemblait à un lit... ou un banc très moelleux ? Non, c'était bien un lit. Douillet, même. Trop douillet pour être fait pour une simple invitée de passage, non ?

Où étais-je ? Et surtout... où était Calywen ?

Était-il... un sociopathe bien élevé ? Un métamorphe aux bonnes manières ?

Je m'approchai de la porte et l'ouvris avec prudence. Une bouffée d'air tiède me caressa le visage. Il ne faisait plus aussi froid que la veille. L'air était presque doux, printanier.

Une lumière tranquille baignait la forêt dans laquelle la cabane était nichée.Je restai un instant figée sur le seuil, déconcertée. Le calme ambiant tranchait tellement avec la panique en moi.

Alors, où étaient les bruits que j'avais entendus à mon réveil ? Je fis quelques pas dehors.Je tournai sur moi-même lentement, comme pour vérifier que tout cela était bien réel. Les arbres dansaient sous une légère brise, des oiseaux chantaient. Rien de menaçant.Juste... paisible. Presque trop, à vrai dire.

Et s'il m'avait abandonnée ici ? Ou kidnappée ? Non... il aurait verrouillé la porte, non ? À moins qu'il ne soit un psychopathe confiant.

Rien ne me disait où je me trouvais. Pas un panneau, pas un chemin clair. Juste une mer d'arbres. Un instant, je craignis que Calywen m'ait abandonnée là. Ce qui serait franchement bizarre, après m'avoir sauvé.

Non, ça n'avait pas de sens.Mais alors... où était-il ? Et pourquoi ce silence me mettait-il autant mal à l'aise ?

Je décidai de marcher un peu. À ma grande surprise, rien ne paraissait plus magique qu'autour de chez moi. En même temps, je m'attendais à quoi ? Des fées ? Des papillons ? Des elfes ? Franchement, Kara, on n'est pas dans un conte. Ressaisis-toi.Mais... quand il m'a dit "bonne nuit", ça voulait dire "au revoir" ? "À jamais" ? "Je te laisse vivre ton dernier jour" ?

Soudain, une voix derrière moi brisa le silence.

— « Eh bien, avec toutes ces questions, comment arrives-tu à dormir ? »

Je me retournai d'un bond. Il était là, debout à quelques mètres, ses ailes déployées, inondées de lumière.

— « Tu as encore lu dans mes pensées ? »

— « Oui. Elles débordent de ta tête, difficile de les ignorer. »

Il s'avança légèrement.

— « Et non, je ne suis pas un sociopathe, ni un métamorphe, ni un psychopathe... ni même un kidnappeur, rassure-toi. »

Il s'arrêta à distance raisonnable, les bras chargés de bois fraîchement coupé.

— « Je comprends à quel point tout cela peut te sembler étrange. Être sauvée par un inconnu au milieu de nulle part, qui te dit connaître ta mère... Ce n'est pas anodin. »

Il referma ses ailes avec une grâce silencieuse, presque mélancolique.

— « Effectivement, c'est dur à croire. Et... hier soir, j'étais probablement encore sous le choc. »

Il hocha la tête avec bienveillance.

— « Tu as tout de même passé une bonne nuit ? Le vacarme de ce matin ne t'a pas trop réveillée ? »

— « C'était toi ? Ça m'a aidée à émerger. »

Un léger sourire éclaira son visage. Ce sourire, je le sentis sincère.

— « Et tu fais quoi avec le bois ? »

— « Ce serait difficile à expliquer avec des mots. Tu veux que je t'y emmène ? »

— « C'est une cachette secrète ? »

Il sourit un peu plus.

— « On peut dire ça. Un endroit reculé, paisible... loin du tumulte. »

Je plissai les yeux.

— « Un endroit éloigné de tout, hein ? Tu comptes... me faire disparaître sans témoins ? »

Son expression changea aussitôt. Il redevint sérieux, presque blessé.

— « Kara... Je ne te veux aucun mal. Ce que je souhaite, c'est te faire découvrir ton monde. Le tien. »

Il marqua une pause.

— « Et te montrer ce que ta mère a laissé pour toi. Ce n'est pas quelque chose que je peux t'expliquer ici. Pas sans que tu le voies par toi-même. »

Je le regardai dans les yeux. Il semblait sincère. Trop sincère. C'était presque déstabilisant.

— « Très bien. Je veux bien te suivre. Et puis... ce sera ma faute si je disparais, pas vrai ? Après tout, c'est moi qui ai fui mon père. »

Il sembla soulagé.

— « Je suppose que tu n'as pas envie de marcher pendant des heures ? »

— « Oula. Et... tu n'as pas une option plus rapide ? Une monture magique ? Un téléporteur ? »

Il leva les yeux vers le ciel.

— « Attends... Tu veux dire... par les airs ? »

Il acquiesça simplement.

— « Ok... J'ai pas trop le vertige. Mais euh... je monte comment ? Je grimpe sur ton dos comme un sac à patates ou... y a une méthode plus élégante ? »

Il rit doucement.

— « Promis, je ferai en sorte que tu gardes ta dignité. »

Il tendit les bras, m'invitant à m'approcher.

— « Ça te va, si on fait comme ça ? »

— « Oui, je suppose qu'il n'y a pas d'autre moyen. »

J'avançai, un peu hésitante, et l'enlaçai. Il referma ses bras autour de moi, doucement, presque comme une promesse silencieuse.

— « Tu es prête ? »

— « Oui, je pense. »

D'un battement d'ailes puissant, nous quittâmes le sol. L'air frais me coupa le souffle. Je m'accrochai à lui de toutes mes forces. En dessous, les arbres rapetissaient. Tout devenait minuscule. Vertigineux.

Mais je n'avais pas peur.

J'avais fermé les yeux. Je sentais son cœur battre sous ma joue. C'était étrange, cette sensation de sécurité. Apaisante. Réconfortante.

— « Tu es prête ? »

— « Prête pour quo— ? »

Un frisson me parcourut. Le ciel s'était effacé, remplacé par une brume épaisse.

— « On vient de passer à travers un nuage. Tout va bien ? »

— « Oh... Woaw ! On peut le refaire ? »

Il replongea aussitôt dans la brume, sans un mot. Je ris, plus fort cette fois. Le vent fouettait mes cheveux, mais je me sentais... libre.

J'avais oublié la peur. J'avais oublié mon père.

J'étais ailleurs. Loin. Heureuse.

— « Il est temps de descendre. Accroche-toi bien. »

Il replia ses ailes, nous enveloppant dans une bulle silencieuse. Une sensation étrange, comme plonger dans un lac invisible, m'envahit.

Puis il redéploya ses ailes, ralentissant notre chute.

Le sol approchait. Je sentis l'herbe sous mes pieds.

— « On a atterri... sans aucune secousse ! »

Je réalisai que je m'étais collée à lui.

— « Oh, pardon. »

Je reculai brusquement. Une plante m'avait effleuré le pied. Je sursautai.

— « Tu n'as pas à t'en faire. Elles sont inoffensives. »

— « C'est des plantes... vivantes ? »

— « Toutes les plantes sont vivantes. Mais celle-ci n'en est pas une. C'est ce que tu appelles une fée. »

Je la regardai, stupéfaite. Ce n'était pas une fée comme dans les contes. Elle avait une fleur en guise de chapeau, des feuilles sur le corps.

— « Calywen... c'est vraiment fantastique. »

Je m'accroupis pour mieux voir. Elle papillonna doucement autour de moi. Puis d'autres vinrent.

— « Regarde, il y en a d'autres qui arrivent. »

Des dizaines de fées volaient autour de nous, comme des lucioles en plein jour.

— « C'est magnifique. On dirait des petites paillettes partout. »

Il sourit, puis se détourna. Je le suivis, fascinée.

Nous arrivâmes dans un village miniature. Des maisons minuscules, intégrées aux arbres, au sol, au creux des racines. Chaque bâtisse avait son style. Certaines semblaient tissées de mousse. D'autres sculptées dans des champignons géants.

— « C'est toi qui les as toutes construites ? »

— « Oui. Et certaines l'ont été avec ta mère. C'est elle qui m'a tout appris. »

Je levai les yeux vers lui. Pour la première fois, je vis une ombre passer dans son regard.

— « Tu pourrais faire de même pour moi ? »

— « Bien sûr, ce serait un plaisir. »

Il me tendit la main.

— « Tu viens ? »

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