Talking on the beach

5 minutes de lecture

25 mars, Cape Jervis, Australie, Océanie.

Lunettes sur le nez et pieds en éventail, ce moment ressemblait à de vraies vacances pour Blake. Le sable chaud sous sa peau lui procurait un effet de douceur délicieux. Comme ce soleil resplendissant lui avait manqué lorsqu'elle vagabondait aux alentours du studio en Belgique !

Autre petite victoire, elle avait enfin réussi à convaincre Felicia de s'installer sur une serviette à côté d'elle. Malgré ce réel effort, la jeune fille restait enfermée dans son bouquin.

— Tu as fini de passer tes examens. Pourquoi es-tu encore plongée dans un livre ? Arrête de réviser et profite du soleil ! Tu es toute pâle.

Felicia soupira.

— Je ne révise pas, je lis. Et je ne suis pas comme toi, Blake. Je ne bronze pas, je brûle au soleil.

Ses tâches de rousseur n'avaient jamais vraiment apprécié l'été. Elle se souvenait encore d'un horrible coup de soleil sur les épaules qui lui avait valu un passage à l'infirmerie de la colonie de vacances, matin et soir. Aucune envie de renouveler l'expérience.

— Allez, ne raconte pas n'importe quoi ! À chaque mois d'août, quand tu reviens de chez ta grand-mère, tu es toute bronzée. Allonge-toi et profite ! Il ne nous reste même pas une semaine avant de devoir dire adieu au beau temps.

— Si ça te fait plaisir...

Elle lâcha son livre de poche en glissant un marque-page à l'intérieur et s'allongea à côté de Blake. Elles n'avaient, pour se protéger des attaques du soleil, ni parasol, ni couvre-chef. L'une plaça sa main sur son front, le temps que ses yeux s'accoutument. La seconde enfila ses lunettes teintées.

Après un moment de silence où seuls les remous de l'océan leur parvenaient, l'une des deux prit la parole.

— Comment ça s'est passé chez ta mère ?

La veille, Blake avait fait le voyage jusqu'à Adélaïde pour voir sa mère, son beau-père et son petit frère. Elle était revenue à Cape Jervis la mine défaite et Felicia avait compris que tout ne s'était déroulé comme prévu. La jeune australienne avait beaucoup d'attentes et sa mère n'en était jamais à la hauteur. Elle n'avait pas osé l'interroger sur le moment mais, maintenant que la nuit était passée, elle sentait qu'elle avait digéré.

— Pfff... souffla-t-elle avant de préciser sa pensée. Maman n'était pas là. Il y avait seulement Connor et Ethan. Connor était assez gêné. Je ne vois pas pourquoi, après tout. Je suis sa belle-fille, pas la copine de son fils. J'ai emmené Ethan mangé une glace. Tu l'aurais vu, il est tout maigre ! À croire qu'il ne mange rien. Je l'ai invité à passer à la maison quelques jours mais il a refusé. Je crois qu'on lui fait peur.

Elle eut un rire amer.

— On est sa famille, pourtant...

Elle s'interrompit pour regarder passer au loin une femme avec une poussette. Felicia la reconnut instantanément pour l'avoir vue se promener sur la plage tandis qu'elle révisait en regardant la fenêtre. Tina Charles, l'aînée de la fratrie de Renee, avec ses deux filles, Maekayla et Kaylihn. Elle passa, Maekayla en équilibre sur la hanche et la benjamine gargouillant dans sa poussette, sans leur adresser la parole. Felicia retint le Bonjour de politesse qui voulait franchir ses lèvres. Au vu de la tête qu'affichait la jeune mère, elle aurait sûrement pris sa salutation pour une attaque personnelle.

Lorsqu’elle fut à une distance raisonnable pour qu'elle ne puisse pas les entendre, Blake embraya sur un autre sujet :

— Qu'est-ce que tu penses de Renee ? Outre le fait que son nom fasse penser au voisin de ta grand-mère, bien sûr.

— Je trouve qu'elle est... passionnée. Dans tout ce qu'elle raconte, on sent qu'elle veut y aller à fond. Elle m'a même parlé du deuxième prénom qu'elle donnera à leurs futurs enfants et de la couleur du rideau de douche de la salle de bains de leur maison de vacances.

En voyant la mine déconfite de Blake, Felicia s'interrompit.

— Tu ne l'aimes pas, c'est ça ?

— J'ai l'impression que Caleb vaut beaucoup plus que ça. Il est drôle, intelligent, joli garçon – et je ne dis pas ça uniquement parce que c'est mon frangin – et il se retrouve avec une...

Elle balança ses mains dans les airs comme si ça allait l'aider à trouver le mot juste pour qualifier Renee.

— Le truc, c'est que j'ai l'impression qu'il ne se rend pas compte qu'elle est capable de la manipuler. Il lui obéit sans réfléchir. Elle est en train de lui pomper sa personnalité et ses envies comme un zombie lui boirait la cervelle de sa victime. Bientôt, il se mettra à déambuler les deux bras tendus devant lui avec quelques borborygmes en jappant après elle en toutou obéissant... Non. Plus sérieusement, je pense qu'ils ne vont pas ensemble.

En tournant la tête, elle les aperçut justement qui entraient dans la cuisine.

— Mais, regarde-les ! De quoi peuvent-ils bien parler ? Ils n'ont absolument rien en commun.

Comme si elle avait pu l'entendre à cette distance, Renee se tourna vers les deux jeunes filles allongées tout près de l'estran. Sous ses onéreuses lunettes de soleil qui lui mangeaient la moitié du visage, elle leur lança un horrible regard noir qui fit frissonner Blake malgré les rayons du soleil ardent sur sa peau. Son frère et sa copine disparurent rapidement à l'intérieur de la maison et elle garda ses yeux braqués sur la porte de la cuisine.

Celui de Felicia avait dérivé vers l'océan et les reflets de l'astre sur celui-ci. Elle était tentée de reprendre son livre mais elle savait que Blake lui taperait immédiatement sur les doigts. Lorsque son regard revint sur son amie après s'être abîmé sur l'horizon, celle-ci était en train de se relever et d'essuyer le sable qui couvrait les parties de son corps non protégées par son deux-pièces.

— La dernière à l'océan chante comme une casserole ! cria-t-elle en entamant déjà la course.

Blake avait une vision bien à elle de la compétition. Avec un soupir, elle se mit debout elle aussi et entreprit de la rattraper. Elle avait beau être plus petite, Felicia était douée pour la course. Mais, Blake avait déjà un pied dans l'eau lorsqu'elle la rejoint enfin.

— Perdu ! lui cria-elle avec un grand sourire.

— Oh, tu vas voir si j'ai perdu !

Et Felicia lui lança une giclée d'eau salée à la figure. Feignant d'être vexée, Blake répliqua immédiatement. Elles jouèrent dans l'océan jusqu'à ce que le jour décline et que, frigorifiées, elles décident de rentrer. Lorsqu'enfin elles pénétrèrent dans la maison au son de leurs rires, Renee était déjà rentrée chez elle et Hayden préparait le dîner dans la cuisine.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Angelinnog ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0