A little inner voice

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8 avril, Londres, Angleterre, Europe.

— À demain, Sherman, lança le jeune homme en sortant de l'immeuble.

— Rentre-bien, Terence, répondit une voix invisible.

Terence s'avança sur le trottoir, tendit une main pour appâter un taxi puis se ravisa : il avait besoin de marcher pour réfléchir. Évitant les passants qui se pressaient autour de lui, il se remémora sa journée. Somme toute, c'était un jour assez ordinaire. Il s'était levé lorsque son réveil avait sonné pour la seconde fois – il n'était pas un lève-tôt, mais, comme lui avait appris son père : « Le travail, c'est le travail !» –, avait nourri Trick, son chat, et n'avait pas oublier de saluer la gardienne de l'immeuble qui lui avait offert un café qu'il n'avait pas pu refuser. Puis, il avait attrapé un taxi et s'était rendu à l'appartement de Sherman Eastwood, qui tenait le rôle principal. Ils avaient révisé avec Manon,qui jouait sa mère, s'étaient éclipsés une heure pour avaler leur repas au restaurant du coin de la rue avant de poursuivre l'italienne toute l'après-midi. Tout avait été identique au reste de la semaine à l'exception d'un court moment : le texto de Blake.

« On sera à Londres, demain. Tu veux qu'on se voit ? »

Vraiment, il ne savait pas pourquoi il n'avait pas pu retenir un sourire. Après tout, Blake n'était qu'une amie qu'il avait rencontrée sur un tournage et avec qu'il gardait d'excellents contacts. Si elle était désormais célibataire et fière de l'être, lorsqu'ils s'étaient croisés la première fois, elle sortait avec Lem, leur partenaire à l'écran. Et lui aussi était pris. Mais cela ne les avait pas dérangé pour bâtir leur amitié. Après tout, entre eux, il n'y avait que ça, de l'amitié. Non ?

Terence passa une main dans ses boucles brunes. Une petite voix lui souffla à l'oreille :

— Tu es amoureux d'elle.

Il secoua la tête. C'était n'importe quoi. Blake n'était qu'une amie. Une de ses plus proches amies. Presque sa petite sœur.

Il avait ça, aussi, qui jouait : l'âge. Elle venait d'entrer dans la vingtaine alors qu'il venait récemment de dépasser la dizaine suivante. Cela leur faisait sept ans d'écart. Un gouffre. Mais pourquoi songeait-il à cela ? Il n'envisageait pas que...

— Tu es amoureux d'elle et tu le sais, persista sa voix intérieure avec un peu plus d'insistance.

Il la chassa d'un geste de la main. Vraiment, c'était n'importe quoi. Néanmoins, il ne pu s'empêcher de sortir son téléphone portable de sa poche et de commencer à rédiger une réponse. Son pouce resta suspendu au-dessus de l'écran. Maintenant que ces pensées avaient envahi son esprit, il était incapable de songer à autre chose. Il rangea son téléphone dans sa poche.

— Bon, pensa-t-il, admettons que je sois amoureux d'elle. Qu'est-ce que ça implique ? Elle est toujours mon amie, après tout. Est-ce que je serais incapable de me comporter de la même façon que d'habitude ? Pourquoi changerais-je, d'ailleurs ?

Il était arrivé devant son immeuble. Il gravit quatre à quatre les marches qui montaient à son appartement, vit que la gardienne n'était pas là, s'acharna sur la serrure, salua son chat et s'écroula sur son lit. Derechef, il envoya un message à son meilleur ami.

« Je suis amoureux. »

Oakley et Terence se connaissaient depuis très longtemps. Ils avaient le même âge, à deux semaines près, et c'était Oakley qui lui avait fait sa première interview lorsqu'il avait commencé sa carrière d'acteur au cinéma. Les deux jeunes hommes avaient toujours été très cash, l'un envers l'autre, ne se cachant presque rien. Aussi, ne prit-il pas la peine de mettre un peu de formule dans son texto.

Quelques secondes après, il reçut une réponse. Celle-ci lui valut un grand éclat de rire.

« Il était temps. »

Il l'appela dans la foulée et les deux anglais passèrent la soirée au téléphone à parler de Blake. Lorsque Terence raccrocha, il était plein d'espoir radieux. Cet état d'esprit se renforça lorsqu'il reçut la réponse de Blake :

« À demain, T. »

La légende raconte qu'il garda son sourire toute la nuit, et que le matin, sa joie de vivre aveugla tellement Sherman et Manon qu'ils durent fermer les yeux en le saluant.

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