An American Week VI - The song

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13 juin, San Fransisco, Californie, USA, Amérique.

Lorsqu'elle revint dans sa chambre d’hôtel, Ekaterina avait les idées claires et un nouveau numéro dans son carnet d'adresses. Celui d'Antonio. Elle lui avait promis de l'appeler et elle savait qu'elle le ferait.

À ses yeux, la journée avait été splendide. Elle se souvenait surtout de la tête d'Antonio lorsque Cole l'avait appelé pour qu'ils reviennent prendre une photo pour son mur des célébrités.

—  J'y suis déjà, tu sais. Pas besoin de revenir, avait-il répondu en riant à demi.

Cole avait éclaté de rire ; Ekaterina avait pu l'entendre alors que l'appareil était collé à l'oreille d'Antonio.

— Mon pauvre Anton, la fille que tu t'es dégotée, ce n'est pas la dernière des clodos, sans vuloir vexé qui que ce soit. KOBSE, ça te dit quelque chose ? Peut-être que Melina t'en a touché deux mots...

— Oui, je vois vaguement. Et donc ?

— Ta Kattie, c'est Ekaterina Tkachenko.

Il en était resté sidéré et avait passé le reste de la soirée à s'excuser platement de ne pas l'avoir reconnue. Bien sûr, il savait qui elle était. Il avait admiré bon nombre de ses défilés, placé au troisième rang derrière l'assistant de quelque grand gourou de la mode. Il admirait aussi son travail de chanteuse bien qu'il trouve dommage qu'elle n'aie pas une plus grande place pour s'exprimer dans les chansons du groupe.

— Qui est Melina ? avait-elle finit par demander après avoir exaucé le vœux de Cole en posant pour lui.

Elle espérait sincèrement qu'il ne réponde pas « ma femme, ma copine » ou autre chose dans le même genre. Un cœur brisé dans le journée lui suffisait amplement.

— Oh, c'est ma nièce.

De retour dans le présent, Ekaterina retira ses baskets qu'elle glissa sous sa valise. Se saisissant d'une feuille sur le bloc-note de l'entrée et d'un stylo posé là, elle laissa couler l'encre sur la feuille sans se soucier de ce qui pouvait en ressortir.

Last night I met a boy

And I felt so prettty

Elle s'interrompit lorsque son téléphone vibra dans la poche de veste. Elle le sortit, enleva le blouson qui lui couvrait encore les épaules et regarda la notification à l'écran. Nik lui demandait des nouvelles de ce tatouage dont ils avaient parlé. « Il ne pense pas que je l'ai fait » songea-t-elle, avec un petit sourire.

Lui qui lui avait souvent reproché son manque de spontanéité, il allait être surpris !

« Il se porte à merveille ! » répondit-elle avec un émoji heureux. Et pour lui prouver qu'elle avait réellement franchit le pas, elle décida de le prendre en photo. Elle eut du mal à se contorsionner pour l'atteindre. Placé au dessus de sa hache droite, il n'était pas vraiment accessible. Elle réussit enfin grâce au miroir de la salle de bains luxueuse.

Elle l'envoya la photo à Nik puis se replongea dans son bloc-note.

Last night I met a boy

But there was another guy in my mind

Who said "I love you"

13 juin, Budapest, Hongrie, Europe.

Nik contemplait son écran sans comprendre aucun des deux mots qu'il y avait déchiffré.

« Sosem feljteni, qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire ? » se torturait-il. Il n'avait aucune envie de chercher sur Internet et risquer ainsi d'obtenir une traduction erronée. Il ne connaissait même pas la langue ! Du russe ? Non. Du français ? Nik n'avait pas de grandes bases dans cette langue mais, quand même, ça n'y ressemblait pas. Du chinois ? Absolument pas. En tout cas, c'était un vrai charabia pour lui. Soudain, il eut une idée.

Il se leva de son fauteuil et sortit de la pièce. Dans la salle à manger, Andris, entouré d'une tonne de papiers, de trois téléphones différents qui vibraient en canon, et d'une énorme tasse de café était visiblement débordé. Il se passa une main dans les cheveux.

Il ne pensait pas que Maya Andrea attendrait si peu de temps pour poster la photo. Il aurait voulu avoir le temps de l'annoncer à ses parents, à ses amis, avant que la terre entière ne soit au courant. Désormais, il devait gérer les appels des vieilles tantes qui se plaignaient de l'avoir appris par la télévision plutôt que de sa bouche, en plus de ceux de son agent affolé. Il était revenu en vitesse à Budapest, chez ses parents, après que des paparazzis affamés aient débarqués sur le palier de son appartement allemand. Ici, entouré par les grands arbres du domaine familial, il se sentait protégé. Sa fiancée, elle, avait pris l'avion pour rejoindre l'Argentine, son pays natal, où son frère ultra-possessif pouvait la garder bien au chaud.

Et puis, bien que ses parents soient en voyage d'affaires, il n'était pas seul. Il y avait Nik.

D'ailleurs, celui-ci arriva derrière lui.

— Je peux te poser une question ? lui demanda-t-il de but en blanc.

Andris s'appuya sur le dossier de sa gauche. Une petite distraction ne serait pas de refus.

— Vas-y.

— Ça veut dire quoi sosem felejteni ?

— Hein ?

Nik répéta mais il avait un accent si exécrable qu'Andris ne comprenait rien de ce qu'il disait. Il se saisit d'une feuille et d'un stylo et lui demanda de l'écrire.

— Sosem felejteni. C'est du hongrois. N'oublie jamais. Pourquoi ?

— Pour rien.

Il y avait un tel éclat effrayé dans ses yeux qu'Andris sut qu'il mentait. Mais il n'insista pas et préféra retourner à ses problèmes médiatiques.

Lorsque Nik reprit son téléphone, sa main tremblait. « Elle l'aime toujours. Mais lui ? » pensa-t-il, presque torturé par le rôle qu'il était sensé jouer malgré lui.

Il reçut un nouveau message d'Ekaterina qui lui fit mal au cœur.

« Mes félicitations au jeune couple. »

Nik se sentait coupable. Coupable de ne pas l'avoir prévenue lui-même. Coupable de ne pas pouvoir être là pour elle. Coupable de penser à quitter Andris alors qu'il avait besoin de sa présence. Coupable de ne pas pouvoir les réconforter tous les deux. Pour se donner bonne conscience, il appela Ekaterina et resta toute la nuit au téléphone avec elle. Elle lui parla de la chanson qu'elle écrivait. Il raconta ses mésaventures à Saint-Petersbourg, la dernière fois qu'il avait rendu visite à ses parents riches et influents.

Et lorsque le lendemain matin, au petit déjeuner, Andris lui dit qu'il l'avait entendu parler avec quelqu'un en passant devant sa chambre dans la soirée, Nik répondit que c'était sa sœur.

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