Journal de Raphaëlle Roland : 1er Août

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C'est quand même drôle. Depuis toute petite, j'ai toujours rêvé de fuguer. Je m'imaginais partir un beau matin, avec juste un sac sur l'épaule. Ma maison aurait été une caravane et je me serais réveillée chaque matin dans un nouveau lieu. Chaque matin un nouveau paysage aurait accueilli mon réveil. Je m'imaginais plus libre que quiconque sur cette terre. Sans attaches et résolument libre.

            Plus de parents sur le dos, plus l'éternelle répétition de ces jours sans le moindre but. Plus de lycée, plus de copines superficielles. Juste moi et le monde à parcourir. Ce que je peux être conne quand même...

            Et me voilà, dans ce pays inconnu, sans ma famille, sans le moindre de mes proches. Totalement livrée à moi-même, et pourtant je ne suis pas plus libre puisque je me retrouve à suivre cette Larani dont je connais rien. Mais qu'est ce je pourrais faire d'autre? J'aurais pu rester dans cette cage avec Alik. Mais ce n'est pas en restant dans cette cage que j'aurais eu la moindre chance de pouvoir rentrer chez moi... Mais est-ce que c'est vraiment chez moi ou plutôt chez ma mère?

            Je n’en sais rien, mais je ne peux pas rester ici. Il faut que j'en apprenne plus sur ce monde pour découvrir un moyen de rentrer. Je suis sure que mon père s'inquiète pour moi. En tout cas j'espère que quelqu'un s'inquiète de ma disparition. Et si personne ne s'en inquiétait?

            Non, il ne faut pas commencer à me laisser envahir par ce genre d'idées. Elles ne m'apportent rien. Je dois rester forte. Je ne sais pas où Larani m'emmène mais le trajet a l'air long. En comptant Alik avec, c'est bien une des seules créatures à la peau bleue à ne pas vouloir me tirer dessus. Elle prend même soin de moi, elle m'a offert d'autres vêtements plus chauds pour la route. Quand j'ai quitté mon monde, c'était l'été. Ici on dirait que l'automne commence.

            Parfois en m'éveillant j'aimerais être dans le train, en route pour chez mon père. Mais ce n'est qu'un rêve. La réalité c'est qu'en me réveillant dans le train je n'étais plus dans mon monde. Ma tête a cogné contre le dossier devant. En me touchant le front j’ai pu sentir quelque chose de chaud et poisseux, c'était mon sang. Quelques personnes étaient debout en essayant de comprendre ce qu'il se passait. Certains parlaient d'une étrange lumière et de la nuit qui était tombée brusquement. Par réflexe, j’ai pris mon sac qui était à mes pieds. Je voulais appeler mon père pour lui dire que le train était bloqué sur les rails et que je risquais d'être en retard. Mais il n'y avait pas de réseau.

            C'est à ce moment qu'ils surgirent. Des êtres à la peau bleue, les premiers que je vis. Ils rentrèrent dans le wagon. Légèrement plus grands que des humains, ils étaient vêtus d'une armure ou une combinaison noire.  Dans leurs bras, ils portaient des canons. Ils menaçaient tous ceux qui étaient dans le train, en beuglant des ordres dans une langue que je ne connaissais pas. C'étaient la panique. Les gens se mirent à fuir par la porte arrière. Des coups partirent. Mon cœur battait dans ma poitrine si fort que je crus qu'il allait rompre mes côtes.

            En y réfléchissant j'ai pris la fuite comme une bête apeurée. C'était lâche, mais parfois la fuite est la seule défense possible. Au moins, quand la biche fuit devant les loups, c'est par instinct de survie. Certains dans ce train en étaient apparemment dépourvus et restèrent complètement immobiles comme totalement pétrifiées. D'autres fuirent, tout comme moi. Mais ils se firent capturer.

            Moi, j'ai réussi à ma sauver. Sûrement à cause de ma petite taille. J'ai détalé dans la nuit. Sans savoir où j'allais, mais je devais mettre le plus de distance entre eux et moi. Je courrais comme jamais. J'ai tout laissé derrière moi, sauf mon sac à dos, c'est tout ce qui me reste de mon monde maintenant.  

            Le train s'était retrouvé dans une clairière, en plein milieu des bois. Une chance, l'épaisseur de la forêt me permit de rester cachée. Jusqu'à ce que le jour se lève.

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