Crise existentielle
--- Pourquoi m’as tu créé, demanda l’Homme, le regard perdu dans l’immensité de la voûte céleste.
--- Par nécessité, répondit l’Univers via le souffle d’une étoile naissante.
--- Qu’entends-tu par là ? questionna l’Homme soudain perplexe. En quoi mon insignifiante existence serait-elle nécessaire ?
--- Je veux dire que tu n’es pas contingent. Ou si tu préfères, tu ne saurais pas ne pas être, murmura l’Univers du bout des lèvres d’un trou noir supermassif.
--- Je ne saisis toujours pas, dit l’Homme perdu.
--- Tu fais partie intégrante de mon Être. Nos existences sont intriquées, indissociables, comme les fils d’une même trame cosmique, expliqua l’Univers en synchronisant ses mots sur le rythme d’un quasar.
--- Il m’est difficile de Te croire. Si l’Humanité venait à s’éteindre — hypothèse qui n’est plus si farfelue aujourd’hui — tu me survivrais ! D’ailleurs, tu existais bien avant que je prenne forme, argumenta l’Homme, cherchant à reprendre pied.
--- C’est exact. Mais en mon sein, dans des alcôves singulières de l’espace‑temps, des consciences naissent et disparaissent nécessairement. Elles sont semblables à toi, en esprit et en quête. S’il en était autrement, qui aurait conscience que J’existe ?, tonna l’Univers dans le chant d’une supernova.
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