Parce que je-

2 minutes de lecture

   C’est vers là que nous partirons. Aussi loin que mon regard se porte. Plus large que l’endroit où l’horizon se dévoile. Et dans l’amas de douceur qui bercera nos âmes, nous nous regarderons, avec ce grand départ. Quittant toute civilisation et vie qu’elle engendre. Quittant à tout prix famille et tous vices qu’ils répandent. Parce que c’était nous ou eux. Parce qu’eux, ceux-là, ne nous comprenaient pas. Et nous ne devons de comptes à personne, même pas eux. Même pas à nous.
   C’est donc vers là que nous nous étirons. Aussi proche que nos regards le sont. Plus fin que la fin qui nous est destinée. Et dans cet amas de noirceur qui réveille nos corps, nous fermerons les yeux, à l’arrivée. Embrassant toute solitude et la mort qu’elle engendre. S’approchant enfin du calme et de la sagesse qu’elle retient. À cause d’eux, pas de nous. À cause de nous, qui les avons compris trop vite. Et nous irons rendre visite à nos êtres, pas à eux.

Et encore, dans le creux de nos mains, revoilà cette crevasse où nous chutons. J’aurais voulu le dire, mais il a fallu que je me taise mille fois. Que je parle plus fort, là où tu as tendu l’oreille mille fois. Il aurait fallu qu’on se tienne les mains un peu plus, un peu plus fort. Plus fort que les autres. Il aurait fallu que...

« — Chut... Regarde le vide du ciel, comme les nuages paraissent flous.
— Je n’ai rien dit.
— Si. »

Il est vrai que ces nuages paraissent flous, seulement je regarde tout sauf le vide du ciel et mes yeux ne cessent de se noyer dans ces eaux salées. La marée monte. Je vois de plus en plus trouble. Et elle, me parle d’un jeu d’enfant. C’est pas le moment, bordel. On est seuls. Sans rien. On a tout quitté. On ne sait même pas si l’on survivra demain. Et elle, elle me parle d’un putain de jeu d’enfant.

« — Regarde comme les nuages deviennent gris, alors qu’avant ils étaient si blancs. Si purs.
— Je te hais.
— Je sais. Mais tu sais, si on en est là, c’est à cause de toi.
— Je sais. C’est pour cela que je te hais.
— Je suis si mauvaise ?
— J’aurais dû écouter ma mère.
— Celle qui te battait ?
— Non. Celle qui existait vraiment. Pas comme toi, sans cesse passive. Montre un peu tes émotions ! Montre un peu quand tu as peur ! Quand tu es triste, heureuse, seule, montre tout ! Je t’en supplie, montre-moi tout !
— Pourquoi...
— Parce que je... »

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Reda R ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0