Allégorie d'Éros

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Un ange né au crépuscule observait admiratif la nuit. De grands stratus masquaient la présence des planètes du système solaire, ces princes galactiques. Soudain, le nuage s'écarta et l'ange put contempler Jupiter et son éclat majestueux. Il éprouva immédiatement une attirance mystique. Il commença à battre des ailes pour rejoindre cet envoutant compagnon, fasciné par sa chaleur apparente et réconfortante. Traversant les strates atmosphériques, il réalisa que ses ailes craquelaient sous les cristaux de glace qui se formaient autour de ses plumes juvéniles. Après des heures d'effort, la fatigue croissante et les multiples gelures l'obligèrent à abandonner son ascension et à dégringoler dans l'abîme terrestre, s'approcher du sol sec. Sur la terre ferme, les membres encore douloureux, l'ange tentait de reprendre ses esprits, d'analyser sa défaite. De petits mouvements réguliers ramenèrent du sang dans ses muscles. Les blessures dues au froid avaient entamé sa peau.

Avant même que ses plaies ne se referment et sous la lumière martienne qui maintenant l'appelait, l'ange sentit son courage refluer dans son squelette chimérique et débuta une nouvelle aventure. Il se donna comme objectif de dépasser à nouveau les multiples couches d'atmosphère. Avec l'altitude qui augmentait, le manque d'oxygène l'épuisa, son souffle se raccourcit. Mars semblait lui aussi s'éloigner sous son regard mièvre. Ce rouge intense et passionné pénétrait pourtant à l'intérieur de son corps. L'ange sentait la main de mars l'atteindre sous son épiderme et caresser son âme. Mais encore une fois, sa montée devait s'arrêter. Il crachait du sang et ne parvenait que péniblement à respirer.

L'ange continua toute la nuit à s'accrocher aux illusions qui apparaissaient devant lui à tour de rôle, comme un insecte hypnotisé par la lumière. Chaque cercle de couleur embellissait l'ange d'un contraste unique. Les dieux célestes inaccessibles complétaient à merveille son aspect obscur et terne. C'était un diamant d'ébène qui cherchait à rejoindre un écrin majestueux. "L'un de ces astres est fait pour moi", se disait-il. De ces va-et-vient désespérés, il ne restait que des ecchymoses de la frustration et de la douleur. Rongé par le manque de chaleur, au matin, ses yeux étaient fermés, l'ange avait fini par s'éteindre durant la nuit. Le soleil s'approcha pour réchauffer son cadavre. L'étoile utilisait ses rayons comme de longs doigts, pleins de compassion et d'amour. Elle pleurait l'âme soeur avec laquelle il aurait pu s'unir à la première lueur, mais qu'elle ne rencontrerait jamais.

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