Premières ripostes

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Toulouse, Quartier des Izards

Kamel gara son Duster à proximité de l’entrepôt. Indifférent au manège des camions et aux cris des chauffeurs et des manutentionnaires, il gagna l’étage et le bureau d’Aboubaker Belkacem. Rachid était déjà arrivé, ainsi qu’une troisième personne, William Nwankwo, que Kamel reconnut comme l’un des principaux caïds de la mafia nigériane. Dès que Kamel fut entré, Meriem apporta une théière pleine et la posa sur la table basse. Les quatre hommes prirent place et Belkacem servit la boisson. Après quelques instants consacrés à apprécier le fumet du thé brulant, Abou prit la parole.

« J’ai demandé à Will de venir ce soir afin d’être bien certain qu’il n’avait rien à voir avec la mort de mon fils. Je crois que le simple fait qu’il soit venu, et seul, nous démontre sa bonne foi. Kamel, Rachid, qui veut commencer ?

— Je veux bien, dit Kamel. Je rentre de Rangueil, notre gars là-bas, Yassine, s’est fait agresser par un type, probablement de l’Est. Il lui a dit qu’il ne voulait plus voir nos produits sur le campus de Paul Sabatier. J’ai rassuré Yassine et je lui ai dit qu’on allait lui envoyer un peu d’aide pour sécuriser le business.

— Il a parlé d’un type de l’Est ? demanda Rachid.

— Oui, un grand blond, avec un accent, comme un Russe ou un Ukrainien.

— Du côté de Matabiau aussi, on a des types de l’Est. J’ai parlé avec une tapineuse de Medhi. Elle m’a dit qu’il y avait des nouvelles filles qui ne parlaient pas français. Je me suis baladé un peu le long du canal et j’en ai repéré une. Regardez ! »

Rachid fit circuler l’image sur son portable.

« La photo n’est pas terrible, j’étais un peu loin, mais ça pourrait bien être une Russe.

— Faut acheter le nouvel IPhone, frère, plaisanta Kemal.

— De notre côté aussi, on a de la concurrence, ajouta William. Pour l’instant, on n’a pas vraiment de problème, mais nos gars ont repéré de nouvelles têtes.

— C’est ce qu’on m’a dit en ville, ajouta Rachid. »

Belkacem prit quelques instants pour intégrer les éléments qu’il venait d’entendre puis il prit la parole à son tour.

« Donc, si je vous comprend bien, des Russes ou des Ukrainiens sont en train de s’installer tranquillement sur notre territoire et pour bien marquer leurs intentions, ils m’ont envoyé un signal en égorgeant Khaled. »

Abou regarda les trois hommes. Tous acquiescèrent.

« Et qu’est-ce que vous me suggérez ?

— Il faut répondre à la provocation, on ne peut pas se laisser intimider, suggéra Rachid.

— Et protéger notre marché et nos troupes, ajouta Kamel.

— Je n’avais pas besoin de vous pour arriver à cette conclusion, répondit Abou, agacé. Que fait-on concrètement ?

— On peut essayer de piéger ce type à Paul Sabatier. Il a dit à Yassine qu’il repasserait. On peut mettre la main dessus et le faire parler de ses patrons.

— On peut aussi chasser les filles du trottoir. D’après Amina, il n’y a qu’un type en voiture pour les surveiller.

— Si vous avez besoin de bras, je peux vous prêter un ou deux types, proposa Will. Il faut bien s’entraider face à un ennemi commun. Après vous, c’est sur nous qu’ils se retourneront.

— Merci Will, ça me fait plaisir de te savoir avec nous. Kamel, tu t’occupes d’épauler Yassine et tu me ramènes ce fumier de Russe. Tu le mettras un moment au frigo avant de le faire parler. Rachid, tu vois du côté de Matabiau ce que tu peux faire pour intimider les filles. »

Les trois hommes opinèrent en signe d’approbation.

« Les flics vont passer ici demain, pour parler de Khaled. Samira n’a pas précisé à quelle heure. Je ne veux voir que des employés qui déchargent des caisses dans les locaux. De toute façon, je crois que vous avez à faire. Je vous laisse gérer les détails. Si vous avez besoin de moi, je suis en bas, dans l’entrepôt. Je vais m’assurer que l’on n’a pas de livraison compromettante prévue. On n’est jamais trop prudent. »

Belkacem sorti, les trois hommes restèrent un moment à échanger sur les mesures à prendre et l’affectation des troupes. Kamel voulait trois gars aguerris pour veiller sur le campus. William lui en proposa un. Un autre Nigérian irait donner un coup de main à Rachid à Matabiau.

« Quand veux-tu le faire ? demanda Will à Rachid.

— Pourquoi attendre ? On peut faire ça cette nuit.

— Ça marche, je t’enverrai un soldat. Où veux-tu qu’il te retrouve ?

— Le bar de Medhi Salah, place Roquelaine, à minuit.

— Je connais, pas de problème.

— On va boire un verre ? proposa Kamel.

— Pourquoi pas, je ne suis pas musulman, moi. »

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