Punition

4 minutes de lecture

Toulouse, Quartier des Minimes

Mouloud emprunta l’avenue des Minimes jusqu’au métro Claude Nougaro, puis il quitta la voie principale pour rejoindre l’avenue du Général Bourbaki. Il s’arrêta devant un local commercial inoccupé. Rachid descendit ouvrir la porte et après s’être assuré que la rue était déserte, fit descendre ses deux complices ainsi qu'Irina. Mouloud redémarra pour garer le véhicule un peu plus loin dans un endroit discret.

S’aidant de la lumière procurée par son téléphone, Rachid traversa le magasin, qui avait été une épicerie avant de fermer définitivement, jusqu’à la réserve sur l’arrière. Seulement à ce moment, il alluma la lumière, la pièce étant sans fenêtre. Slimane poussa la fille devant lui et la fit asseoir sur une chaise branlante, au milieu de la pièce. La gosse était totalement affolée.

« Alors Irina, tu as l’air d’une gentille fille, si tu ne veux pas que mon ami se fâche, menaça Rachid en désignant le colosse noir, tu vas bavarder un peu avec nous, d’accord ?

— Je sais rien, protesta la jeune femme !

— Oh, mais si tu sais des choses. Dis-nous d’où tu viens d’abord.

— De Russie, Kazan. Arrivée il y a trois mois.

— Une Russe, commenta Rachid, on a vu juste. Où est-ce que tu vis, quand tu n’es pas au travail ?

— Je ne sais pas l’adresse, c’est une maison près de l’église Russe. »

Slimane jeta un coup d’œil sur son portable.

« Avenue de Grande-Bretagne, la Cartoucherie commenta l’homme. C’est là, demanda-t-il en montrant son téléphone à Irina.

— Oui, répondit-elle après avoir regardé l’image représentant le petit bâtiment surmonté de la croix orthodoxe.

— Tu vois ! Ce n’est pas difficile. Et tu travailles pour qui ?

— Je ne sais pas les noms, je vois des hommes, tous des Russes. Ils nous surveillent et ils nous conduisent. Anton, Bogdan… je n’entends que des prénoms.

— Et il y a combien de filles ?

— Trois ! Tatiana, Natalia et moi. Ils ont dit d’autres vont arriver bientôt.

— Et Igor, c’est qui ?

— Igor c’est la sécurité. Ils disent, si tu as des problèmes, Igor viendra t’aider.

— Tu l’as déjà vu ?

— Une fois, il est venu dans la maison. Il est grand et fort. Je crois ancien militaire. Je ne sais pas plus, vous allez me laisser aller ?

— Peut-être, ça dépend de toi. Je crois que mes hommes ont envie d’une petite récompense. Tu vas leur donner.

— J’arrive juste à temps, s’exclama Mouloud qui venait de rentrer. Vous n’alliez pas commencer sans moi !

— Ne t’inquiète pas, on va faire un petit film pour son patron. Déshabillez-la ! »

Il ne fallut pas longtemps pour qu’Irina se retrouve totalement nue.

« J’ai froid ! se plaignit-elle.

— C'est pas pire que sur le trottoir, ricana Mouloud. Il n’y en a pas pour longtemps, ajouta-t-il en baissant son pantalon, si tu te laisses faire sans histoires. »

Rachid avait sorti son mobile et entrepris de filmer la scène. Slimane prit la place de Mouloud puis ce fut le tour de Charles. Quand la jeune femme vit la taille de l’engin, elle prit peur.

« Non, pas ça, je ne pourrai pas ! C’est trop gros.

— T’es une professionnelle, non. Tu as dû en voir d’autres, répondit l’intéressé, à moins que tu préfères ça, ajouta-t-il en sortant son flingue.

— Doucement alors… »

Le géant noir s’approcha d’elle et la pénétra d’un coup, arrachant un hurlement à la fille. Comme les trois autres commentaient les performances de leur camarade, Irina réussit à s’emparer d’un stylet caché dans son sac qu’elle avait gardé à portée de main. Elle le planta profondément dans la cuisse de son bourreau. Profitant du trouble, elle se dirigea vers la porte en courant. Charles attrapa le Beretta et tira trois coups. Irina s’écroula, foudroyée pas les trois balles reçues dans le dos.

« Cette salope l’a mérité, non ? demanda-t-il en regardant les trois autres.

— Ce n’était pas vraiment le plan, répondit Rachid.

— Pas de problème, man, je m’en occupe, reprit Charles. Vous auriez quelque chose pour arrêter le sang ?

— Va regarder dans la boutique, demanda Rachid à Slimane. »

Il revint rapidement avec un rouleau de papier absorbant, des mouchoirs en papier et une bouteille de gin.

« J’ai aussi une boîte de pansements adhésifs.

— Elle n’a pas touché l’artère, commenta Rachid. On va nettoyer ça. »

Quelques minutes plus tard, Charles pouvait se tenir debout et marcher en grimaçant un peu.

« C’est bon, dit-il. Mouloud, va chercher le camion. »

Quand le corps d’Irina eut été balancé à l’arrière, Charles se mit au volant.

« Je me débarrasse du cadavre et je fous le feu au fourgon.

— Ça roule, prends bien soin de toi ! »

Quand les feux du véhicule eurent disparu, Rachid commanda à ses hommes de mettre de l’ordre dans le magasin et de nettoyer le sang.

« Il ne s’est rien passé ici ce soir. La mort de cette fille, c’est l’affaire des Nigérians. Vous rentrez chez vous et demain, vous vous occupez de vos affaires normalement. »

Charles reprit l’avenue des Minimes jusqu’au canal du Midi. Il prit à gauche vers la gare qu’il dépassa pour continuer en direction du port Saint Sauveur. Il continua encore un peu jusqu’au pont de chemin de fer. Le boulevard Griffoul Dorval était désert à cette heure avancée de la nuit. Il s’arrêta sur le bord de la chaussée et hissa sans difficulté le corps d’Irina sur son épaule avant de la balancer dans l’eau sombre. Il repartit aussitôt, vers le pont des Demoiselles et la rocade. Tout en conduisant, il passa un coup de fil et fixa un rendez-vous dans une zone industrielle à proximité de la Reynerie. Quinze minutes plus tard, il s’éloignait dans la nuit avec son comparse, laissant le fourgon incendié derrière eux.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 5 versions.

Vous aimez lire Eros Walker ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0