Interrogatoire sanglant

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Toulouse, Quartier des Minimes

Lorsque la voiture s’arrêta, Youri se prépara mentalement. Un moment d’inattention de ses ravisseurs et il aurait peut-être une opportunité de s’enfuir. Lorsque le hayon du coffre s’ouvrit, les deux flingues braqués sur lui le dissuadèrent immédiatement. Deux hommes le poussèrent sans ménagement dans ce qui ressemblait à une boutique tandis qu’une femme faisait le guet sur le trottoir. Les vitres de la devanture étaient occultées par de nombreuses couches d’affiches superposées de façon anarchique. Quelques rayonnages portaient encore des marchandises poussiéreuses. La superette devait être fermée depuis longtemps. Le conducteur de la voiture verrouilla la porte derrière le groupe et Youri fut de nouveau poussé vers un local sur l’arrière, une sorte de réserve sans ouverture.

« Attache-le au radiateur ! commanda celui qui semblait être le chef de la bande, tendant une paire de menottes à la fille. »

Selima fixa l’une des boucles sur le poignet du Russe et assura l’autre autour du tuyau de chauffage.

« Alors comme ça tu pensais que Yassine allait gentiment s’effacer et te laisser la place ? demanda Kamel. »

Le Russe le regarda dans les yeux et cracha en sa direction. Youssef le frappa violement au visage avec le canon de son arme.

« Tu veux jouer les durs ? Tu sais qu’on n’est pas vraiment sentimentaux. Ta copine doit être en train de se vider de son sang à l’heure qu’il est. Chez nous aussi les filles peuvent être méchantes, n’est-ce pas Selima ? »

L’intéressée sortit son couteau et l’approcha du visage de l’homme entravé.

« Par quoi est-ce que je commence ? »

Sans attendre de réponse, elle porta un coup rapide au niveau du visage, de l’oreille à la pointe du menton. Le sang se mit à couler le long du cou.

« Tu vois qu’on ne plaisante pas, reprit Kamel. Alors je te suggère de répondre à mes questions sans trop trainer. On va commencer par des questions faciles. Comment t’appelles-tu ?

— Joseph Staline, répliqua le Russe.

— Tu te fous de ma gueule ?

— À ton avis ?

— Mauvaise réponse. Selima ! »

Une deuxième entaille, sur l’autre joue cette fois, très près de l’œil.

« Tu as compris le jeu ? La prochaine fois tu perds un œil. Youssef, regarde s’il a des papiers sur lui, mais fais gaffe, ce mec est peut être vicieux. »

Youssef palpa les poches de la veste et du pantalon sans rien trouver, à l’exception d’un téléphone qu’il tendit à son chef.

« Allume-le !

— Il faut son empreinte digitale.

— Tu tends la main ou je te coupe le pouce ? »

Youri déverrouilla le mobile.

« Voilà qui est le début de la sagesse. Qu’est-ce que nous avons là ? Un répertoire ! intéressant, on va garder ça pour plus tard. Pas de mail ni de SMS, pas d’historique d’appels, il efface tout au fur et à mesure, prudent. Si tu nous disais pour qui tu travailles, maintenant. Je suis à peu près sûr que je trouverai le numéro dans ton appareil, alors fais-nous gagner du temps !

« Vladimir Poutine !

— Il n’a pas compris ce con ! Selima, un œil. »

Le coup fut rapide, le Russe hurla, portant sa main libre à son visage.

« Vous êtes complètements tarés, vous les bougnoules !

— Comment il nous a appelés ? intervint Youssef.

— Tu as entendu comme moi. »

Youssef décocha un coup de pied directement à l’entrejambe. Le Russe se plia en deux et vomit sur le sol.

« En plus, il est dégueulasse, fit Selima. Tu veux que je lui coupe les couilles ?

— Il est coriace, en effet. Il a l’air d’en avoir. Retirez-lui son pantalon. »

Youssef appela son compagnon à la rescousse. Lorsque Selima s’approcha la lame en avant, le Russe cria.

« Non, non, pas la peine d’en arriver là. C’est Alexander, Alexander Leonorov, c’est lui le boss.

— Et bien voilà, tu vois que ce n’est pas difficile, tu aurais pu sauver ton œil en nous le disant plus tôt. Où il crèche ton boss ?

— À Vieille-Toulouse, sur la colline. Vous n’allez pas vous en tirer comme ça, hurla Youri. Ce n’est que le début. Vous croyez avoir gagné la guerre ? Ce n’était qu’une escarmouche.

— C’est bon on en sait assez. Youssef fais le taire. »

Le sicaire tira une seule balle qui fit exploser le crane du prisonnier.

« Cette nuit, vous irez le balancer devant l’église Russe.

— C’est où ? demanda Youssef.

— Près de la rocade au niveau de Purpan, l’ancien quartier de la Cartoucherie. Tu sais te servir de Google Maps, non ? Allez piquer une bagnole pour le transporter. Vous la brulerez après. Moi, je vais voir Abou. »

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