Fiche de renseignements

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Toulouse, Hôtel de Police

Lorsque Juliette revint à son bureau, elle trouva un mail d’Interpol qui répondait à la demande d’informations sur Igor Polounin. La note retraçait le parcours de l’ancien militaire, depuis la Russie jusqu’à la France, précisant que l’homme avait été suspecté dans de nombreuses affaires impliquant des réseaux mafieux russes sans qu’aucune charge sérieuse n’ait jamais pu être retenue contre lui. Elle imprima la fiche et alla frapper à la porte de ses collègues du Renseignement Intérieur. Sans être chaleureuses, les relations entre les deux services n’en étaient pas moins cordiales et Juliette avait déjà eu l’occasion de travailler avec des anciens des RG. En entrant dans le local, elle reconnut le capitaine Simon Loubert.

« Salut Simon, tu aurais quelques minutes à me consacrer ? demanda la jeune femme avec son plus beau sourire.

— Quand c’est gentiment demandé, on ne peux rien te refuser ! C’est à quel propos ?

— Tu as entendu parler des trois meurtres de la semaine dernière ? un Algérien sur le marché Cristal, une prostituée et un mac russes.

— Oui, vaguement.

— On soupçonne un type, un ancien militaire, qui se fait appeler Igor Polounin, il est domicilié au Busca. Est-ce que vous auriez quelque chose sur lui ? Interpol m’a fait passer cette note. Officiellement, il travaille pour une société de sécurité privée, Homeland Sécurité.

— Je vois le profil, des gars comme ça on en a quelques uns sur le radar, ancien commando, passé chez Wagner, le CV idéal du porte-flingue de la mafia russe. Laisse-moi deux minutes. »

L’officier du Renseignement se mit au clavier et quelques instants plus tard, il tendait une page imprimée à sa collègue.

« Voilà ce que nous avons chez nous. Ton gars a fait l’objet d’une enquête à son arrivée en France, il y a trois ans. On a eu les mêmes infos que celles qui t’ont été refilées par Interpol et on l’a mis sous surveillance un moment. On n’a rien remarqué qui soit en mesure de mettre en danger la sûreté de l’État et donc on a supprimé sa fiche S. À notre connaissance, il est au service d’Alexander Leonorov, un entrepreneur russe. Il a racheté des entreprises en France, mais il n’est pas exclu qu’il fasse aussi un peu de commerce gris.

— Commerce gris ? demanda Juliette.

— Du négoce de produits sous embargo ou bien des substances chimiques interdites en Europe, mais que l’on peut se procurer dans le reste du monde. Leonorov a construit sa fortune en revendant les dépouilles de l’Union Soviétique à des clients peu recommandables. Sous sa couverture d’entrepreneur honorable, il n’a probablement pas totalement renoncé à ses anciens trafics.

— Et il vit où ce Leonorov ?

— À Vieille-Toulouse. Il s’est fait construire une villa d’exception sur le coteau, dans des conditions assez opaques par ailleurs.

— Je te remercie, tu me permets de remonter un niveau dans la hiérarchie. Est-ce que tu penses que ce Leonorov puisse vouloir s’implanter dans le milieu toulousain, au détriment des Algériens ?

— Ce n’est pas mon domaine de compétence, mais si j’étais à ta place, je considérerais ça comme une hypothèse plausible.

— Merci Simon. Je t’en dois une. »

Munie de ces nouvelles informations, la capitaine revint vers les bureaux de la PJ. Dans le secteur dédié au groupe 2, Clem était toujours derrière son écran.

« Tu as trouvé quelque chose ? demanda Juliette.

— Alexander Leonorov et la société Daurat. Actionnaires de Homeland Sécurité et donc indirectement employeur de Polounin.

— Je viens de passer aux RG, on m’a donné ce même nom, Leonorov. Polounin a été fiché S, mais ils ont levé la surveillance. Interpol mentionne qu’il a été suspecté dans plusieurs affaires, mais jamais poursuivi. Ce gars est assez malin pour ne pas laisser de traces exploitables.

— On a quand même les vidéos après le premier meurtre.

— On suit un type en tenue noire, avec une casquette et un masque, puis une voiture avec des fausses plaques. Rien d’assez solide pour un tribunal. Il nous faut aussi démontrer une connexion criminelle entre Polounin et Leonorov. Pour le moment, on n’a qu’un contrat de travail avec une société de vigiles. Rien d’illégal.

— Pourquoi est-ce qu’on ne le met pas sur écoute ?

— La fille que l’on a ramassée sur le parking de Rangueil utilisait un téléphone anonyme. Je doute que Polounin utilise un numéro traçable pour parler affaires, mais on peut faire suivre sa voiture. Je vais en parler avec Ange, il va nous falloir l’autorisation du juge d’instruction.

— Et pour Leonorov, on fait quoi ?

— Nous n’avons rien de tangible contre lui pour le moment. Il faut que nous restions focalisés sur les hommes qui travaillent pour lui, en espérant que l’un d’eux fera un faux pas que nous pourrons exploiter.

— OK. Je continue à explorer les associations russes ?

— Oui, même si ce n’est pas une priorité, mais on a besoin de comprendre l’importance de cette communauté dans la métropole.

— J’ai prévu d’aller rendre visite à l’une d’elle après le déjeuner, ils tiennent un café culturel. Tu veux venir avec moi ?

— C’est une bonne idée, mais je ne pourrai pas y passer trop de temps. Fais-moi signe en partant. Une dernière chose, essaie de voir du côté de Vieille-Toulouse comment Leonorov a pu acheter le terrain et obtenu le permis de construire de sa propriété. »

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