Dispositif

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Vieille-Toulouse, parking du golf

Selima avait préféré arriver tôt. L’employé lui avait dit que Leonorov jouait à neuf heures, mais elle ne connaissait pas ses habitudes, arrivait-il juste à temps ou prenait-il le temps de boire un café avec ses partenaires avant le départ ? Elle avait choisi pour ce repérage une tenue passe-partout et avait emprunté la voiture de Meriem. Quand elle avait garé le véhicule hors du champ des caméras, elle aurait pu passer pour une employée allant prendre son service. À cette période de l’année, le jour était déjà levé depuis quelques temps et elle vit arriver plusieurs joueurs, qui se garèrent tous au plus près de l’entrée. Elle ne voyait pas pourquoi le Russe agirait autrement. Elle resta au volant, le téléphone à la main, comme si elle achevait une conversation avant de descendre. Elle attendit plus d’une demi-heure, ce qui n’était pas un problème pour elle qui avait été exercée à rester de longues heures en faction, durant sa période de formation en Libye. C’est à huit heures trente qu’un SUV Audi Q8 s’arrêta au plus près du club-house. Le conducteur descendit du véhicule et inspecta les alentours avant d’aller ouvrir la portière arrière. L’amazone reconnut l’homme qui en sortait, Alexander Leonorov, sa cible. Un instant elle eut envie de prendre le Tokarev sous le siège et de courir vers l’Audi. Elle se dit qu’il serait ironique pour le Russe de mourir d’une balle tirée par une arme qu’il avait peut-être lui-même vendue aux Libyens. Ce moment ne dura pas, même si elle avait très envie de venger Khaled avec qui elle avait eu une brève et intense liaison quelques mois plus tôt, elle se rappela qu’elle n’était qu’en observation et que Belkacem n'avait pas encore formellement ordonné l’exécution de l’homme d’affaires. Elle se contenta de regarder Leonorov se diriger vers l’entrée du bâtiment tandis que le chauffeur sortait le sac de golf du coffre de la voiture. Selima se dit que ce serait le bon moment pour agir, avec ce lourd fardeau sur l’épaule, l’homme ne pourrait plus s’opposer en cas d’attaque. Elle aurait largement le temps d’abattre le Russe et de se retourner contre l’employé qui suivait à quelques pas en arrière.

Cinq minutes plus tard, le chauffeur ressortit seul. Selima laissa le SUV s’éloigner avant de quitter sa voiture à son tour. Elle ajusta un foulard sur ses cheveux et chaussa des lunettes de soleil à verres larges. S’efforçant de rester hors de portée des caméras de surveillance, elle se mit en quête d’un emplacement favorable pour mener à bien sa mission le moment venu. Il y avait une cinquantaine de mètres entre l’endroit où le chauffeur avait arrêté la voiture et l’entrée du club. Cela ne lui laissait que quelques secondes pour agir. La jeune femme avait été une excellente tireuse, mais depuis quelques temps, elle n’avait plus l’opportunité de s’entrainer. Il lui faudrait se poster assez près pour être certaine de toucher sa cible. Le choix était limité et les contraintes nombreuses. Elle aurait peut-être à rester longtemps dissimulée en attendant le Russe, elle ne devrait pas se faire remarquer par un autre joueur ou un des employés du golf. Il lui fallait malgré tout garder un œil sur le parking pour surveiller l’arrivée des véhicules, mais surtout, il lui faudrait pouvoir rapidement obtenir un axe de tir dégagé. Elle élimina la zone de stockage des conteneurs à déchets, trop éloignée. Elle ne retint pas non plus la haie basse bordant le chemin d’accès, qui n’offrait pas un couvert suffisant. Elle reporta son choix sur l’entrée d’une pièce en sous-sol, protégée par un petit muret, dont il serait assez facile de bondir le moment venu. Elle s’approcha et constata que le passage était peu fréquenté. L’accumulation de feuilles mortes et d’autres détritus végétaux prouvait que cette porte n’avait pas été utilisée depuis longtemps. Elle vérifia qu’il ne lui faudrait que trois secondes pour sortir de sa cachette et se trouver en position. Pas idéal bien sûr pour un tir de précision, mais à cette distance, elle ne pourrait pas le manquer. Il ne restait plus que le feu vert d’Aboubaker.

« Mercredi prochain, Inch’Allah, l’assassin de Khaled sera mort », se promit la jeune femme.

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