Perquisition

5 minutes de lecture

Balma, rue Abbé Pierre

Il était à peine cinq heures lorsque le commissaire Segafredi délivra le brief final avant l’intervention. En plus des groupes de Samira et Juliette, le commandant Le Gallec accompagné de cinq hommes de la BRI s’était joint à l'équipe de la PJ. Lacaze et Bertrane étaient déjà sur place, surveillant d’éventuels mouvements dans la maison. Tout semblait calme, aucune lumière aux fenêtres, pas de mouvement depuis la veille.

« Nous ne devrions pas avoir de mauvaises surprises, exposa le commissaire, l’équipe de surveillance ne rapporte aucun mouvement et selon eux, la maison est vide. Malgré tout, je ne veux prendre aucun risque. Armel, avec tes hommes tu ouvres le chemin et on suit dès que tu nous donnes le feu vert. C’est bon ? »

Le commandant de la BRI acquiesça. Les policiers finirent de s’équiper et se répartirent dans les véhicules en direction de Balma. La nuit était encore noire quand ils arrivèrent sur les hauteurs de la ville. Ange repéra la Clio de Lacaze et lui signifia qu’ils prenaient le relais. À six heures moins dix, les policiers quittèrent les véhicules pour effectuer la dernière approche à pied. Un des membres de la BRI portait un bélier, les autres le protégeaient à l’aide de leurs boucliers tactiques. À six heures précises, Ange donna le signal et la porte d’entrée de la villa vola en éclats. Les policiers casqués se dispersèrent dans le rez-de-chaussée l’arme au poing. Ne détectant aucune présence, deux d’entre eux montèrent à l’étage. Quelques secondes plus tard, Le Gallec annonça que la zone était sécurisée.

« Vous pouvez entrer, la maison est vide. Tout est propre à l’intérieur. Ça ne ressemble pas à une cache de terroristes. Juste une petite villa bourgeoise.

— Je te remercie, répondit Ange, je crois que je vous ai dérangés pour rien.

— C’est notre job, tu as bien fait de nous appeler.

— Passez ce soir dans notre secteur, on vous paiera un verre, offrit le commissaire.

— Avec plaisir ! »

Ange pénétra dans la pièce principale, un grand séjour, avec une cuisine américaine dans un angle. L’ameublement semblait récent, de style scandinave passe-partout, un téléviseur à grand écran, un grand canapé gris, une table basse, un meuble bibliothèque. Le commissaire regarda quelques titres. Il y avait de tout, des romans à l’eau de rose en français, d’autres en arabe, quelques ouvrages historiques, des livres illustrés de photos de voyage. Juliette l’interpella depuis la pièce voisine.

« Regarde, ça doit être le bureau, il y a une imprimante, un écran, mais pas de PC. Il y a une box internet Orange.

— On peut accéder à l’historique des connexions sans l’ordinateur ?

— L’opérateur doit avoir des enregistrements, sauf si elle utilisait un VPN et des dispositifs anti-suivi. C’est de plus en plus fréquent. De toute façon, il faut que le juge en fasse la demande.

— Trouve-moi les identifiants, il doit bien y avoir quelques documents ou factures qui trainent dans cette pièce. On verra ce qu’on peut en faire. Je vais voir ce que Sam a trouvé de son côté. »

La capitaine Saada avait entrepris de fouiller le coin cuisine et le petit cellier attenant.

« Rien de bien remarquable par ici. Si cette fille est musulmane, elle ne doit pas être trop pratiquante ! Il y a pas mal de bouteilles d’alcool et même du jambon dans le frigo. Tous les produits sont récents, elle ne doit pas être absente depuis très longtemps.

— Elle était sans doute encore là vendredi soir, elle ne pouvait pas savoir que nous avions pisté Belkacem jusqu’à Saissac.

— En effet, et comme elle n’a pas réussi à le joindre depuis, elle a dû se douter de quelque chose et aller se mettre au vert un moment.

— On attend l’heure du petit-déjeuner et tu envoies deux équipes faire du porte à porte. Les voisins ont probablement remarqué ses derniers mouvements. »

Juliette appela le commissaire.

« J’ai trouvé une photocopie de ses papiers d’identité ainsi que celle de sa carte grise. Une Mini Countryman.

— Tu lances immédiatement un avis de recherche pour cette voiture. Tu passes également son identité aux fichiers, STIC, TAJ… la totale. »

Ange monta à l’étage. Clémence finissait de fouiller les placards et la commode.

« Il y a de tout ici. Des vêtements paramilitaires comme de la lingerie de luxe, commenta la policière en montrant la penderie et les tiroirs ouverts. Cette femme devait avoir deux vies. En civil, elle doit pouvoir passer complètement inaperçue et elle est sûrement coquette, il y a pas mal de maquillage dans la salle de bain.

— Je vois, répondit le commissaire, laconique, on ne tombera pas dessus par hasard.

— Il y a mieux, regarde ! Clémence ouvrit un autre tiroir et écarta les vêtements. Un couteau de combat et un poing américain, pas mal comme sex-toy non ?

— Compare le couteau à la vidéo du parking, on ne sait jamais, c’est peut-être la même arme. »

Le commissaire redescendit. Juliette lui montra une liasse de feuilles froissées.

« J’ai trouvé ça dans la corbeille du bureau. Regarde !

— Des impressions de recherches sur internet, Alexander Leonorov et Olga Leonorova. Cette femme s’intéresse aux Russes, à la tête de l’organisation. De quand datent ces papiers à ton avis ?

— Lundi 21, il y a une semaine, précisa Juliette. Avant qu’elle n’aille en Espagne.

— Je pense que le clan Belkacem prévoyait de s’en prendre directement à Leonorov ou à sa femme avant qu’il ne se passe quelque chose à Alicante.

— Tu crois qu’elle pourrait encore vouloir agir contre eux ?

— Je n’en sais rien, mais il faut l’envisager, même si à titre personnel ça ne me dérangerait pas qu’elle finisse le boulot. Je te rappelle que pour le moment, on n’a rien pour inquiéter Leonorov lui-même.

— On ne peut pas laisser les truands s’entre-tuer dans la ville, protesta la capitaine.

— Je sais, c’était une mauvaise plaisanterie. En même temps, je ne me vois pas me pointer chez lui pour lui annoncer que sa tête est peut-être mise à prix par les Algériens ou les Nigérians. Je dois en parler avec Durieux. On verra ce qu’elle en pense. »

Le commissaire laissa ses troupes terminer la procédure et reprit sa voiture pour rejoindre l’Hôtel de Police. En chemin il appela la juge d’instruction.

« Bonjour Madame la Juge, j’espère que je ne vous appelle pas trop tôt. Nous avons terminé l’intervention à Balma. Comme prévu, la maison était vide. Nous avons trouvé quelques documents intéressants.

— J’aurais préféré entendre que vous aviez trouvé cette femme, mais je ne faisais pas trop d’illusions. Je termine mon petit-déjeuner, je serai à mon bureau dans une demi-heure. Vous voulez m’y rejoindre ? Nous pourrons parler de tout ça de vive voix.

— Avec plaisir, je vous retrouve au Palais. »

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 5 versions.

Vous aimez lire Eros Walker ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0