Point d'étape

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Toulouse, Hôtel de Police

Le commissaire Ségafredi avait réuni les deux capitaines pour faire le point sur l’affrontement russo-algérien.

« La pression ne faiblit pas du côté du Parquet. Le procureur s’étonne que nous n’ayons procédé à aucune garde à vue, déclara Ange en guise d’introduction.

— Nous avons des présomptions, répondit Juliette Delhuine, mais nous n’avons pas d’éléments suffisamment probants. Du côté des Russes, nous n’avons que les vidéos de surveillance, mais aucune ne permet d’identifier Polounin formellement et de plus, il est maintenant en Espagne.

— Chez les Algériens, compléta Samira, ce n’est pas plus solide. À part le sang dans l’épicerie et le fait que quatre hommes se sont retrouvés dans un bar, pas de preuves ni d’aveux. Belkacem sait maintenant qu’on est sur son dos, mais ses gars sont coriaces, ils ne vont pas parler.

— On a des nouvelles de la fille de Rangueil ? demanda le commissaire.

— Elle est sortie du coma hier soir, répondit Sam, j’ai envoyé Diallo ce matin. Il n’en a pas tiré grand-chose. On sait que c’est une marginale qui zone sur le campus, une ancienne étudiante qui a viré junkie. Elle dort dans un squat sur l’ile du Ramier. Elle nous a donné le prénom du gars qui était avec elle, Youri, et celui d’Igor, sans doute l’homme qui est en Espagne. Elle n’a pas pu en dire plus. Elle servait de supplétif pour Youri, en échange de quelques doses. Ibrahim lui a demandé ce qu’ils faisaient cet après-midi là sur le campus. Elle a répondu qu’ils voulaient faire peur aux arabes.

— On a identifié le gars qui était visé sur le parking ?

— Oui, un certain Yassine Kateb, un petit dealer qui travaille sur le campus. Officiellement inscrit en fac de sciences, il ne fréquente pas trop les cours, du menu fretin.

— Vous allez l’amener ici et le cuisiner un peu. C’est au minimum un témoin de l’enlèvement et de l’agression de la femme, lança Ange. On peut l’envoyer à Muret quelques temps pour trafic de stupéfiants ou lui proposer de nous donner quelques noms. Je sais que c’est Belkacem qui a été agressé, mais ça ne l’exonère pas pour autant. On a deux morts et une blessée côté russe. Vous allez aussi secouer le cocotier du côté de Matabiau. À part le local, on n’a pas beaucoup progressé du côté de la prostituée du canal. Il faut pousser de ce côté. Vous avez exploité les noms donnés par ce patron de bar ?

— Rachid Zekkal est identifié comme l’un des lieutenants de Belkacem, répondit Samira. Il est très prudent, on n’a même pas une contravention pour stationnement interdit.

— Je m’en fout, il a été cité par Salah. Lui aussi vous allez l’interroger sur son emploi du temps pour la nuit où la fille a été enlevée et vous le pistez avec son téléphone et les vidéo-surveillances du quartier des Chalets. Vous allez aussi me retrouver les deux autres et le Nigérian. Demandez de l’aide à Kevin pour le dernier. Vous ne vous dispersez pas. Juliette tu restes sur les Russes, Sam les Algériens.

— Oui, chef.

— Juliette, qu’est-ce que tu as sur Leonorov ?

— Un profil classique, fils d’un apparatchik qui a commencé à faire du business à la fin de l’Union Soviétique, à l’époque Eltsine. Import de produits occidentaux en Russie, puis revente d’armes de l’armée soviétique à tous ceux qui avaient les moyens de les payer. Il a continué avec les productions des laboratoires pseudo-pharmaceutiques pour gentiment basculer dans le trafic de stupéfiants. Depuis quelques années, il essaie de se créer une image d’honorabilité. Il a investi dans l’industrie aéronautique, mais il continue à avoir une image sulfureuse dans la communauté russe de la ville. Il contrôle une société de sécurité, qui est propriétaire de la voiture conduite par Polounin.

— Vous allez faire une descente dans cette boîte. Je veux la liste des employés et des clients. Préviens Madur. On n’attend plus que les méchants fassent des erreurs. C’est à nous de reprendre l’initiative.

— Pas de problème, je m’en occupe, répondit Juliette.

— Bien, on refait un point ce soir.

— Tu as des nouvelles de Julie ? demanda Sam.

— Elle rentre de Bucarest ce soir, mais elle a des rendez-vous à Paris. Elle sera à Toulouse demain dans la soirée.

— Tu vas avoir le temps de faire le ménage ? plaisanta Sam.

— Heureusement que j’ai quelqu’un qui s’en occupe à ma place, mais il va me falloir remplir le frigo. »

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