Inquiétude

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Toulouse, Quartier des Izards et Saissac, Ferme de Belkacem

Meriem avait récupéré son fils un peu tard chez une voisine, la veille. Elle était déterminée à se rattraper en lui consacrant sa journée de samedi. Le petit garçon s’était réveillé assez tôt et avait terminé la nuit à ses côtés. Le père du gamin travaillait aussi pour l’entreprise Belkacem, mais il passait l’essentiel de son temps en Afrique du Nord et en Espagne, négociant les approvisionnements pour le compte de son patron. La jeune femme prit le temps de préparer un petit-déjeuner copieux tandis que le bambin regardait des dessins animés. Elle était sur le point d’appeler l’enfant quand son portable sonna. Elle reconnut le numéro de Selima.

« Tu as des nouvelles d’Aboubaker ? demanda la Libyenne.

— Non, pourquoi ?

— J’ai essayé de le joindre plusieurs fois ce matin, mais je tombe directement sur sa messagerie.

— Tu as appelé la ferme ?

— Non, je n’ai pas le numéro.

— Je vais le chercher, il y a encore une ligne fixe, mais je dois aller au bureau.

— Je suis désolée de gâcher ta journée, mais ce n’est pas le genre d’Abou de couper son téléphone.

— C’est pas grave, je vais emmener Karim avec moi, puis on ira faire des courses en ville. Je te rappelle dans un moment. »

Meriem appela son fils pour manger puis l’habilla rapidement.

« Où on va, maman ? demanda le garçon.

— Il faut que je passe à mon travail et puis on ira en ville.

— On va voir tonton Abou ?

— Non, je ne crois pas, il n’est pas là en ce moment.

— Alors pourquoi tu y vas ?

— J’ai besoin d’un papier, je n’en aurai pas pour longtemps, je te promets. Après, si tu veux, on ira faire un tour de manège.

— Super ! lança l’enfant. Je monterai dans un avion. »

Vingt minutes plus tard, Meriem rappelait Selima.

« J’ai trouvé, on ne l’utilise presque jamais. Je te l’envoie par texto. »

Elle était encore en voiture quand son portable sonna à nouveau.

« Je suis inquiète, ça ne répond pas non plus. Il devrait y avoir au moins Fatima.

— Peut-être qu’Aboubaker est parti avec Mounir pour se débarrasser du Russe et il aura oublié son portable, suggéra Meriem.

— Tu crois que Fatima les aurait accompagnés ?

— Non, je ne pense pas.

— Alors pourquoi ça ne répond pas ? demanda l’amazone.

— Je ne sais pas quoi te dire.

— Je vais attendre jusqu’à midi et si on n’a pas de nouvelles, je retournerai voir là-bas.

— Tu veux que je t’accompagne ?

— Non, ce n’est pas la peine, reste avec ton gosse.

— Merci, tiens-moi au courant. Je vais prévenir le contremaître de l’entrepôt, il doit aussi se demander où est le patron. »

Deux heures plus tard, la Mini de Selima s’engageait sur l’autoroute en direction de la Méditerranée. En sortant de Saissac, elle croisa une voiture de gendarmerie qui descendait de la montagne. Comme elle arrivait à proximité du chemin menant à la ferme, elle aperçut une autre fourgonnette bleue garée à proximité. Elle passa devant sans ralentir et continua en direction de Lacombe où elle s’arrêta pour téléphoner à Meriem.

« Il y a un problème. Les gendarmes sont à la ferme.

— Qu’est-ce qui s’est passé ?

— Tu penses bien que je me suis pas arrêtée pour demander ! répondit Selima d’un ton sec.

— Excuse-moi, c’est la surprise. Comment ont-ils pu arriver si vite ? Et pourquoi ? Il y a très peu de gens qui connaissent cette endroit.

— Ils ont arrêté Kemal, c’est peut-être lui qui a balancé l’adresse.

— Non, même Kemal et Rachid ne sont pas au courant. Moi, je la connaissais parce que je fais tous les courriers et que je paie les factures.

— Tu crois que les flics ont suivi Abou hier soir ?

— Je ne sais pas, ils nous surveillent sans doute depuis ces derniers jours. Ils sont venus plusieurs fois au bureau. Fais attention à toi.

— Ils ne me connaissent pas, je n’ai jamais été inquiétée ici et je ne suis pas dans ton livre de paye !

— On ne sait jamais.

— Tu as raison, je ne vais pas rentrer à la maison ce soir.

— Tu veux venir chez moi ? Mon mari est absent.

— Je te remercie, mais en ce moment, il vaudrait mieux pour toi qu’on ne nous voie pas trop ensemble. Ne t’inquiète pas pour moi. Je vais changer de téléphone, je te communiquerai le numéro. »

Avant de se débarrasser de son mobile, Selima prit le temps de consulter la carte de la région, puis elle prit la route de Carcassonne.

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