Epilogue

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Toulouse, Quartier Compans-Caffarelli

Ange et Julie étaient confortablement installés sur la petite terrasse de leur appartement. Le soleil de ce début d’avril réchauffait agréablement l’atmosphère. Le vin qui avait accompagné le déjeuner dominical n’était sans doute pas étranger à la douce torpeur qui prenait maintenant possession du commissaire.

« Tu ne vas pas t’endormir maintenant, protesta amoureusement Julie. Depuis trois jours, tu fais des nuits de dix heures. J’ai l’impression de ne plus exister.

— Tu as raison, ma chérie, c’est toujours ainsi à la fin d’une enquête compliquée.

— Je n’en ai suivie qu’une, répliqua la jeune femme, et ça s’est terminé dans mon lit ! *

— Dieu sait pourtant que j’étais réticent à ce moment, pouffa Ange.

— Tu crois que je pourrais écrire quelque chose sur celle-ci ? Ce n’est quand même pas un banal fait divers.

— C’est vrai, lorsqu’on a trouvé ce pauvre gosse dans le camion, nous n’avions pas imaginé de telles ramifications.

— Qu’est-ce que tu peux me dire sur cette femme, la Libyenne, demanda Julie.

— Elle a eu un parcours intéressant, je comprends que tu t’y intéresses. En croisant les documents que l’on a trouvés chez elles, les témoignages des nervis de Belkacem et ce qu’elle a elle-même accepté de nous dire, on a réussi à retracer son histoire. Tu as entendu parler des « Amazones de Kadhafi » ?

— Bien sûr, toute la presse a écrit sur ces femmes il y a un douzaine d’années. C’était au moment de la chute du Colonel. Il avait créé une Académie Militaire pour femmes, dès les années 80.

— Oui, c’est ça, un féministe avant l’heure…

— C’était très ambivalent. Ces femmes étaient des militaires hyper-entrainées, mais qui pouvaient aussi bien apparaitre hyper-sexy dans une réception officielle ou se faire tuer pour le protéger.

— Et bien Selima Hammadi a sans doute été l’une des dernières. Elle terminait sa formation lorsque la révolution de 2011 a débuté. Elle a fui son pays dès la mort de son chef. Elle était encore très jeune, à peine dix huit ans, ce qui lui a permis de se fondre parmi la jeunesse qui passait la frontière tunisienne. Après quelques temps de galère, elle est arrivée en Espagne, par l’Algérie et elle a trouvé du travail dans l’entité ibérique de la nébuleuse Belkacem. Elle savait conduire les poids lourds, elle n’avait peur de rien. On lui confia un camion pour faire la route vers la France. Après quelques temps, l’un des lieutenants de Belkacem l’a remarquée et prise dans son équipe pour faire des sales boulots.

— Ce n’est pas ordinaire, j’en conviens. Tu crois que je pourrai lui parler ?

— Sans aucun doute, mais seulement après son procès. Pour l’instant, elle est encore à l’hôpital pour quelques temps, mais ensuite elle ira à Seysses pour un bon moment.

— Et ce Russe, Leonorov, c’est ça ? relança Julie, c’est quel genre.

— Le prototype du fils d’apparatchik de l’époque soviétique, qui a commencé à gagner de l’argent en pillant son pays, puis a progressivement glissé vers les activités mafieuses. Il a essayé de s’acheter un statut de notable à Toulouse, en investissant sa fortune salement acquise dans une entreprise aéronautique, mais l’argent ne suffit pas toujours, alors il a décidé de s’implanter dans le milieu local. Son rêve, c’était Moscou-sur-Garonne, mais les caïds installés ne se sont pas laissés intimider. C’est pour ça qu’il a fait exécuter le fils de Belkacem. Il voulait régner par la terreur. C’est aussi ce qui a motivé l’expédition en Espagne. On a retrouvé quelques échanges dans l’ordinateur de Polounin. La police espagnole nous a aidés à comprendre comment les choses se sont déroulées. Ils ont identifié un membre de la famille de Leonorov, résident madrilène et connu des services de police, comme on dit dans les médias. La femme blessée dans l’accrochage a également donné beaucoup d’éléments. Polounin et le cousin de Leonorov avaient projeté de frapper un camion transportant de la drogue pour le clan Belkacem, malheureusement pour eux, les Algériens les ont piégés. L’homme qui accompagnait Hammadi à Alicante a été reconnu. C’est un des dirigeants de l’entreprise en Espagne.

— Ce Russe, il a lui aussi été blessé lors de l’accrochage du golf, c’est ça ?

— Oui, et pour lui c’est sérieux. Les médecins ne veulent pas encore se prononcer. S’il s’en tire, il aura droit à un procès et j’espère qu’il sera lourdement condamné, mais nous n’avons pas de preuves irréfutables de son implication personnelle. Il faut espérer que les jurés ne se laisseront pas influencer. Il a les moyens de se payer les meilleurs avocats.

— Quand vous aurez épluché toutes ses comptabilités, il vous restera la fraude fiscale, comme pour Alfonso Capone.

— Si on n’a pas mieux, soupira Ange, sceptique.

— Et qu’est-ce que tu comptes faire maintenant ?

— Je dois aller rencontrer un collègue à Alicante. Quelques jours en Espagne, ça te tente ?

— Alicante, moyen, mais si on peut poursuivre jusqu’en Andalousie, je suis partante. »

*** Fin ***

* Lire « Affaire sous surveillance » du même auteur

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